DéGAFAMisation,  Numérique

« Je n’ai rien à cacher ! » – Pourquoi vouloir se DéGAFAMiser ?

Publié par le blog Libère ton ordi, le 30 janvier 2023

Vous avez peut-être bien conscience que sur Internet, vos faits et gestes sont scrutés et peut-être aussi tout ce que vous faites avec votre ordinateur, votre ordiphone (« smartphone »), votre tablette, votre téléviseur et tout autre objet connecté.

Mais pourquoi s’en inquiéter, puisque vous vous dites « je n’ai rien à cacher » ou « personne ne s’intéresse à moi ».

Après tout, les services des GAFAM* sont pratiques, il vous rendent service. S’ils recueillent des données sur vos comportements c’est pour améliorer leurs services (c’est ce qu’ils disent). Et ces services sont même le plus souvent gratuit.

D’ailleurs si tant de gens les utilisent, c’est bien la preuve qu’il n’y rien à craindre, non ?

Certes, vous n’avez peut-être pas tout à fait confiance dans ces multinationales – d’ailleurs ne pratiquent-elles pas l’évasion l’optimisation fiscale ? -, mais vous ne voyez vraiment pas en quoi leur activité pourrait avoir des conséquences néfastes pour vous.

* Acronyme de Google-Amazon-Facebook-Apple-Microsoft : les 5 plus riches sociétés du monde (on peut y ajouter le groupe d’Elon Musk (Tesla, SpaceX, Neuralink, Twitter…) qui se trouvent être les acteurs ultra-dominants du numérique dans le monde occidental.

La connaissance c’est le pouvoir

Leur modèle économique, c’est d’en savoir le plus possible sur vous…

Ce que les GAFAM et autres sociétés spécialisées dans l’aspiration de données personnelles recueillent comme informations sur vous, à travers toutes vos interactions en ligne et avec des objets connectés, c’est tout qui peut permettre de vous définir et de cerner vos comportements sociaux. Cette masse d’information (Big Data) est recoupée et traitée par des algorithmes pour en déduire des suppositions sur votre personnalité, vos goûts, vos addictions, vos peurs, votre état de santé, vos opinions, vos relations, etc. et dessiner le graphe social, c’est à dire qui est en relation avec qui, quand, comment, où, pourquoi, etc.

Ces informations valent de l’or. Les coursiers en données (Data Brockers) les négocient en masse sur les marchés.

C’est cette richesse qui fait des GAFAM les sociétés les plus riches du monde.

Comment vos comportements sociaux sont-ils transformés en « cash » ?

… pour cibler la publicité qu’il vous montrent…

L’essentiel des revenus de Google et Facebook sont des recettes publicitaires : c’est leur métier de base !

Comme la majorité des gens vous pensez peut-être : « la publicité n’a pas d’influence sur moi« . Il est étonnant qu’avec autant de gens sur qui la publicité ne marcherait pas, celle-ci soit encore utilisée massivement.

En réalité la publicité est efficace et rentable. Et sur qui la publicité est-elle la plus efficace ? Précisément sur ceux qui pensent qu’elle n’a pas d’influence sur eux ! Car ces personnes ne se méfient pas de la publicité, elles ne prennent pas distance, ne la regardent pas comme un outil de manipulation susceptible de les influencer, elles ne s’en défendent pas activement.

La publicité est d’autant plus efficace si elle est ciblée, c’est à dire précisément adaptée à la personne qui la voit. Ce ciblage est permis par les outils numériques : chaque personne, seule derrière son écran, voit une publicité qui lui est spécialement destinée, grâce aux informations qui ont été déduites de ses comportements passés.

… afin de vous manipuler…

Si les annonceurs et groupes d’influence achètent ces publicités aux GAFAM c’est pour en tirer un profit pécuniaire ou politique.

Le but de la publicité c’est de faire changer les comportements des gens.

Et ce, non d’une manière rationnelle – en argumentant pour convaincre, mais au contraire d’une manière détournée, insidieuse, en jouant sur les émotions, les peurs, les pulsions... Il s’agit donc d’une manipulation.

… ou pour prendre des décisions vous concernant…

Il ne s’agit pas seulement de vous faire acheter plus, ou plus cher.

Votre profil, vendu au plus offrant va permettre à des employeurs d’écarter votre candidature ou de vous licencier, à des assureurs de refuser de vous assurer ou d’augmenter vos primes, à des banquiers de vous refuser un crédit ou d’en augmenter le taux d’intérêt, à des établissements de santé de décider si votre prise en charge sera rentable ou s’il vous laisserons mourir sur le trottoir…

… ou pour sélectionner les informations auxquelles vous aurez accès…

D’un coté les GAFAM et consorts vous espionnent, mais d’un autre coté ils décident de ce que vous allez voir en ligne. Leurs algorithmes sélectionnent les résultats de recherche (Google), les vidéos recommandées (Youtube® de Google), le contenu des fils d’actualité (Facebook®, Twitter® de Elon Musk)…

Dès lors que vous passez par un « service » des GAFAM, ce qui va être affiché sur votre écran est sélectionné par eux, non pas pour vous aider, mais pour maximiser leurs profits, en particulier en vous faisant passer le plus de temps possible sur leurs plateformes.

[…]

… sans compter quelques effets secondaires délétères pour vous…

Le modèle économique des GAFAM et consorts c’est « l’économie de l’attention« . Afin de maximiser leur profits ils cherchent à capter votre attention le plus longtemps possible. En effet plus vous passez de temps sur leurs plateformes, plus ils peuvent glaner d’informations sur vos comportements et plus ils peuvent vous exposer à de la publicité ou d’autres contenus destinés à vous influencer.

Pour atteindre ce but ils utilisent des techniques addictives issues des recherches de la psychologie cognitive. (Nous vous conseillons à ce sujet la mini-série « Dopamine » disponible sur le site Arte.tv). Par conséquent vous allez passer de plus en plus de temps sur ces réseaux, jusqu’à, pour certains, développer de véritable addictions. Ou voir votre estime de vous-même s’effondrer.

Ces conséquences sont bien connues des GAFAM – comme l’a rélévé Frances Haugen dernièrement – et ils continuent cyniquement à prétendre n’en être pas responsables.

L’une des façons de capter l’attention est de mettre en avant des contenus choquants, clivants ou mensongers (fake news). Ceci favorise encore la radicalisation et un climat propice au harcèlement en ligne.

… qui dureront dans le temps…

Et par ailleurs, les traces que vous laissez, vos « erreurs de jeunesse » seront très difficilement effacées. Elles vous poursuivront toute votre vie, déterminant le jugement que les autres porteront sur vous.

Pensez aussi que les normes, les lois et les régimes politiques changent. Ce que vous faites aujourd’hui est peut-être légal et normal, mais sera potentiellement vu sous un autre jour dans quelques décennies…

… et même pour la société toute entière.

L’intimité est le lieu de l’expérimentation. Seul vous pouvez faire des grimaces, dire toutes les bêtises qui vous passent par la tête, chanter faux sous la douche, jongler avec des idées incongrues.

Sous le regard constant de la surveillance généralisée, les comportements changent. Les personnes prennent moins le risque d’une voie différente, d’une expérimentation innovante mais risquée. Se sachant constamment jugées et évaluées, les personnes se conformisent. La société toute entière se fige. C’est le « refroidissement social », bien illustré sur ce site : socialcooling.com/fr

De Big Brother à Big Mother

Plutôt que d’essayer d’exercer son libre arbitre, il peut être tentant pour nombre de personnes de se laisser guider aveuglement en faisant confiance à un guide supposé bienveillant. Le « petit père du peuple », remplacé aujourd’hui par les GAFAM et leurs algorithmes et bientôt leurs « intelligences » artificielles (IA).

Les GAFAM ne sont plus simplement les « Big Brother » qui nous espionnent, ce sont les « Big Mother » qui forment nos opinions,  décident à notre place de ce qui est adapté et bon pour nous, nous conduisent insensiblement à nous comporter de la façon qui maximise leurs profits. En un mot, ils nous infantilisent.

C’est une position que certains peuvent trouver confortable…

Il y a aussi d’autres risques

D’autres acteurs sont aussi friands d’informations sur vous et vos proches

Les cambrioleurs sont très intéressés par vos photos de vacances postées en direct sur les réseaux sociaux.
Les arnaqueurs auront d’autant plus de chance d’usurper votre identité pour commettre leurs forfaits, tromper vos proches ou vous faire chanter, qu’ils auront recueilli des informations précises sur vous, vos relations et vos activités.

Avec des informations précises et nombreuses, les services de renseignements des régimes peu démocratiques peuvent plus facilement neutraliser les militants et opposants politiques. Les groupes xénophobes et homophobes peuvent s’en prendre aux membres des minorités. Les entreprises ou institutions racistes peuvent pratiquer la discrimination sans que cela se voit, etc.

Vous n’êtes pas seul concerné

Il ne s’agit pas simplement de votre intimité et de votre libre arbitre. Lorsque vous exposez vos conversations vous exposez aussi vos correspondants. Lorsque vous laissez les GAFAM ou d’autres vous cerner, ils en déduisent des informations sur vos proches, vos relations.

Si vous ne vous en souciez pas, peut-être n’en va-t-il pas de même pour ces personnes. Peut-être préféreraient-elles préserver leur intimité et ne pas être rendues vulnérables à la manipulation.

Pensez aussi aux autres !

Alors, on se protège, collectivement ?

Les outils numériques pour se protéger et reprendre le contrôle existent. Ils ont étés développés au service des utilisateurs. Ce sont des logiciels libres. Des services Internet éthiques.

Ils vous permettrons de bloquer les publicités, de bloquer les traqueurs, d’accéder à des informations non sélectionnées et non filtrées, de communiquer en privé, de vous déplacer sans être suivi à la trace.

Nous les présentons dans la seconde partie de cette autre page consacrée à la protection de la vie privée.


Liens complémentaires

mise à jour : 22 juillet 2023

Source : https://blog.liberetonordi.com/index.php?pages/rien-a-cacher