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Tucho-Bergoglio: une relation « symbiotique »

Publié par le blog Benoit et moi, le 3 juillet 2023 – Source originale en italien : lanuovabq.it – Auteur : Luisella Scrosatti

Note du blog Benoit et moi : Commentaire de Luisella Scrosatti, entre annonce dramatique et sarcasme. la personne de Fernández et la mission spécifique qui lui est confiée par la lettre de nomination sont taillées sur mesure pour l’assemblée plénière du Synode qui débutera à l’automne… Fernández est la bonne personne pour dédouaner enfin, en douceur, la ligne que Mgr Paglia a adoptée pour l’Académie pontificale pour la vie et l’Institut Jean-Paul II. C’est un fanatique du discernement supra todos, du cas par cas, de la non-existence d’actes intrinsèquement désordonnés. Bref, il est le clone non seulement de François, mais aussi de Paglia ».


« Tucho » à l’ancien Saint-Office pour dédouaner la « ligne Paglia »

Auteur : Luisella Scrosatti – Source : lanuovabq.it – Publié le : 3 juillet 2023

C’est une relation symbiotique qui lie le Pape au nouveau Préfet du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, l’homme qu’il faut à la place qu’il faut pour faire voler en éclats toutes les certitudes avec discernement.

La nomination de l’archevêque de La Plata, Mgr Víctor Manuel Fernández, comme préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi laisse inconsolable, mais ne surprend pas.

La relation très privilégiée entre « Tucho » et Bergoglio est connue depuis longtemps : sa nomination comme recteur de l’Université pontificale catholique d’Argentine, en 2009, est l’œuvre du cardinal archevêque de Buenos Aires de l’époque qui, semble-t-il, a dû se rendre à Rome pour débloquer sa nomination, la Congrégation pour l’éducation catholique s’y étant opposée en raison de l’orthodoxie douteuse du candidat. Puis, à peine monté sur le trône de Pierre, le pape François a voulu le nommer archevêque et, en 2018, le placer à la tête du diocèse de La Plata.

Curieux que dans le communiqué de nomination, il n’y ait pas de date précise de début de nomination, mais la simple affirmation qu’ « il prendra ses fonctions à la mi-septembre 2023 ». Un jour de plus, un jour de moins, comme si la décision avait été prise à la hâte.

Un « comme si » qui devient un « très probablement » si l’on lit certains passages de la lettre elle-même de Fernández, publiée sur sa page facebook en réponse à la nomination, dans laquelle il révèle que le pape François lui avait déjà demandé une première fois d’accepter la nomination ; « cependant, lorsqu’il était à l’hôpital, il m’a redemandé la même chose. Vous pouvez imaginer qu’il était impossible de dire non » [ndt: Tucho Fernandez écrit à ses paroissiens….].

En pratique, il y a moins d’un mois, le pape aurait décidé de l’une des nominations les plus importantes depuis l’hôpital, pendant sa convalescence, par un coup de téléphone. Bien dans la manière de Bergoglio : il a sorti un numéro de son agenda, n’a informé (peut-être) que ses amis les plus proches et a ensuite donné l’ordre de libérer le bureau du cardinal Ladaria, puisque le « Tucho » était sur le point d’arriver. Un timing parfait pour éviter de se retrouver face à des cardinaux furieux, comme lorsque la rumeur s’est répandue sur la possible nomination de Mgr Heiner Wilmer, évêque de Hildesheim, comme successeur de Ladaria [cf. Nomination à la Doctrine de la foi: la rébellion de cardinaux].

La revanche de Bergoglio est donc venue de l’hôpital, lieu idéal pour ceux qui veulent que l’Église soit un hôpital de campagne, projet qui se réalisera pleinement avec cette nomination, avec des morts et des blessés de tous côtés. Car Fernández, au fond, nous le connaissons déjà : ce n’est autre que François. Et François est Fernández, jusqu’à ce que la mort les sépare ; ou avant que ne les sépare un de ces rayons de lune avec lesquels le pontife a déjà plusieurs fois jeté par la fenêtre les « amis » qu’il avait fait entrer par la porte.

Mais aujourd’hui, il s’agit presque d’une symbiose, et pas seulement parce qu’ils sont tous deux argentins. En effet, il est de notoriété publique que Fernández a participé à la rédaction de l’exhortation apostolique Evangelii gaudium et qu’il a même signé la citation du § 263 (note 207), comme s’il était un Père de l’Église. Et qu’y a-t-il de si ingénieux dans le discours d’ouverture du Ier Congreso Nacional de Doctrina Social de la Iglesia, en 2011, pour le citer dans un document pontifical ? Rien. Une simple exhortation à ne pas considérer notre époque comme plus difficile que d’autres. Mais c’était la citation « Tucho ».

On sait que même Amoris Laetita (AL) a été largement le fruit du travail de l’ancien recteur, avec des centaines de ses écrits rapportés dans le texte de l’Exhortation post-synodale, comme le soulignait Sandro Magister en 2016. L’archevêque argentin a également été l’un des principaux auteurs de la lettre confidentielle que les évêques de la région pastorale de Buenos Aires ont envoyée au pape François le 5 septembre 2016, avec des directives pour l’interprétation et l’application d’AL ; cette lettre soutenait que, dans certains cas concrets, AL ouvre la porte à la possibilité de recevoir validement l’absolution et la communion aux fidèles qui continuent à vivre more uxorio. Le pape a répondu à cette lettre le même jour, confirmant cette interprétation. Quatre cardinaux ont posé des questions sur l’exhortation controversée, mais aucune d’entre elles n’a été digne d’une réponse. Pour « Tucho », en revanche, la réponse est arrivée en un temps record.

L’une de nos sources, qui connaît bien le catholicisme argentin et les écrits de Fernández, soupçonne même la lettre de nomination du pape d’être l’œuvre de ce dernier :

« c’est son style d’écriture : court, précis, avec des ordres pratiques, cherchant à faire bonne impression sur tout le monde, des notes inutiles et répétitives. Dans cette lettre, on trouve ses objectifs…. ‘Au nom d’un Dieu sans limites – expression qu’il aime répéter – il porte atteinte à la foi catholique révélée’ « .

Même la référence polémique, dont la raison d’être est simplement l’ignorance de l’histoire et de la foi, aux « méthodes immorales » que le Saint-Office et la Congrégation pour la Doctrine de la Foi auraient eu « en d’autres temps (…) des temps où, au lieu de promouvoir la connaissance théologique, on persécutait toute erreur doctrinale », est un thème qui n’est pas étranger aux déclarations de Fernández.

Il suffit de penser à l’homélie du 5 mars dernier [cf. Le théologien du Pape est ouvertement hérétique], dans laquelle l’archevêque de La Plata pointait du doigt l’Église, qui :

« pendant de nombreux siècles (…) sans s’en rendre compte, a tissé toute une philosophie et une morale pleine de classifications, pour classer les personnes, les étiqueter : celui-ci est comme ci et celui-là comme ça, celui-ci peut communier et celui-là ne le peut pas, celui-ci peut être pardonné et celui-là ne le peut pas ».

C’est une coïncidence singulière que la lettre de nomination fasse explicitement référence au fait de ne pas être « des ennemis qui montrent du doigt et condamnent ».

Cette homélie révèle un autre recoupement important entre les deux Argentins : la condamnation de ceux qui osent, conformément au droit canonique, refuser la communion à certaines catégories de fidèles et la fixation sur l’idée hétérodoxe selon laquelle le prêtre doit toujours absoudre, sans exiger les trois conditions essentielles à la validité du sacrement – la contrition, la confession et la satisfaction.

Et tout aussi hérétique était la thèse délirante du « Tucho » selon laquelle le Pape peut résider aux Maldives et placer les Dicastères dans le monde entier (avec la condamnation sévère du cardinal Müller).

Il est clair que la personne de Fernández et la mission spécifique qui lui est confiée par la lettre de nomination sont taillées sur mesure pour l’assemblée plénière du Synode qui débutera à l’automne : quiconque osera s’opposer aux « ouvertures » ventilées sera immédiatement accusé de faire partie de ceux qui ont utilisé des  « méthodes immorales  » et pourra goûter aux méthodes dialoguantes et douces du duo argentin. Une nomination stratégique, mais aussi un signal que le pape sent manifestement que le sable du sablier de sa propre force est en train de quitter le cône supérieur.

Mais Fernández est aussi la bonne personne pour dédouaner, enfin en douceur, la ligne que Mgr Paglia a adoptée pour l’Académie pontificale pour la vie et l’Institut Jean-Paul II. C’est un fanatique du discernement supra todos, du cas par cas, de la non-existence d’actes intrinsèquement désordonnés. Bref, il est le clone non seulement de François, mais aussi de Paglia.

Pourtant, le « Tucho » pourrait aussi apporter quelque chose de particulièrement original : un cours obligatoire à l’Institut JPII sur l’arte de besar, ou même une proposition de changement au cardinal Roche sur le signe liturgique de la paix, qui pourrait être remplacé par un joli baiser à la russe. Cela amplifierait le livre le plus connu de « Tucho », que le Bureau de presse du Vatican a malheureusement oublié de mentionner dans les nombreuses publications de ce nouveau génie de la théologie.

Source en français : https://www.benoit-et-moi.fr/2020/2023/07/03/tucho-bergoglio-une-relation-symbiotique/

Source originale en italien : https://lanuovabq.it/it/tucho-allex-santuffizio-per-sdoganare-la-linea-paglia