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Grippe aviaire : « Un vaccin pour la prochaine pandémie »

Publié en espagnol par El Pais le 11 mars 2024

Le vaccin prépandémique contre la grippe aviaire approuvé par l’Agence européenne des médicaments (EMA) est un succès pour deux raisons. Tout d’abord, il constitue un parfait exemple de préparation à la lutte contre la pandémie, une question considérée comme essentielle par la communauté scientifique malgré la difficulté évidente de se préparer à un agent infectieux de nature inconnue. Deuxièmement, il ne s’agit pas d’un vaccin fini, mais d’un travail en cours, qui pourra donc s’adapter rapidement aux détails imprévisibles du virus aviaire à venir. Rien ne garantit que la prochaine pandémie sera une pandémie de grippe aviaire, mais le choix de cet agent potentiel est loin d’être arbitraire. Les virologues s’en préoccupent depuis des décennies.


Le virus H5N1 de la grippe aviaire est hautement mortel chez les oiseaux, et également dans les rares occasions où il passe à l’homme. Heureusement, la transmission interhumaine est extrêmement inefficace, mais les virologues savent que quelques mutations suffisent pour franchir cet obstacle. Ils savent même quelles mutations peuvent le faire. La probabilité de telles mutations est d’autant plus grande que le virus circule dans les élevages de volailles du monde entier, et le H5N1 a provoqué le pire épisode de grippe aviaire jamais connu, avec des centaines de millions d’oiseaux tués au cours des trois dernières années et quelques cas, bien que notables, de transmission à d’autres espèces de mammifères comme les renards, les chats, les visons et les phoques. Les oiseaux migrateurs transportent les nouvelles variantes du virus sur de longues distances et les élevages sont des cibles faciles pour eux. Le virus H5N1 ne manque pas d’occasions de muter.

Les vaccins H5N1 approuvés par l’EMA permettront de réagir à n’importe quelle variante du virus dès qu’elle sera identifiée dans un foyer pandémique. Ils peuvent également être produits immédiatement à grande échelle, car ils ne sont pas cultivés dans des œufs de poule, comme les vaccins antigrippaux actuels, mais dans de grands réservoirs de cellules cultivées. Les vaccins contre la grippe aviaire utilisés jusqu’à présent sont destinés à un usage vétérinaire. Les nouveaux vaccins sont les premiers à être approuvés pour l’homme, ce qui facilitera également les formalités administratives. L’EPA a approuvé un autre vaccin contre une souche de 2005 du virus aviaire qui est encore très active. Ce vaccin est destiné à protéger les travailleurs agricoles, leurs familles et leurs contacts. Si un passage des oiseaux à l’homme se produit, il est probable que le vaccin sera présent.

Cette semaine marque le quatrième anniversaire de la déclaration de l’état d’alerte qui a permis de maîtriser le covid-19. Aucun virologue ne doute qu’une autre pandémie surviendra à l’avenir. La question est de savoir quand et quel sera le virus. Se préparer à un événement imprévisible semble contre-intuitif, mais ce cas montre que ce n’est pas le cas. Certains agents pandémiques sont beaucoup plus probables que d’autres, et le H5N1 est l’une des possibilités les plus évidentes. Des protocoles peuvent être mis en place, mais avec la marge de flexibilité nécessaire. C’est ainsi que l’on procède.

Source en espagnol : https://elpais.com/opinion/2024-03-11/una-vacuna-para-la-proxima-pandemia.html