Foi,  Papes

Qu’en sera-t-il de l’Église après la mort de Benoît XVI ? Questions et réponses

Publié par Homelie.biz, le 15 janvier 2023

Des questions intelligentes ont été posées sur la prétendue renonciation du pape Benoît XVI. Andrea Cionci répond point par point

Écrit par Andrea Cionci (15/01/2023) – Traduction française autorisée : père Walter Covens

Mon collègue Americo Mascarucci, sur le blog du doyen des vaticanistes Marco Tosatti, a posé quelques questions intelligentes sur la Magna Quaestio concernant la prétendue démission du pape Benoît XVI. Nous aimerions lui répondre ici sur le bien-fondé de ses doutes.

Benoît XVI : face à face Mascarucci – Cionci


Mascarucci. Je suis avec intérêt le débat sur Stilum Curiae, concernant la question de la renonciation de Benoît XVI. Je ne suis pas canoniste, je l’ai toujours écrit et répété, donc je n’entre pas dans le fond des diatribes concernant le munus et le ministerium ; je laisse cette tâche aux experts. Mes considérations sont, disons, beaucoup plus « terre à terre » et liées à des raisons moins canoniques et plus pratiques. Et donc, bien que je n’aie jamais dénigré le travail de mon collègue Andrea Cionci, que je respecte réellement et que je considère comme un journaliste d’investigation talentueux, je me suis souvent posé des questions.

Cionci. Mais si le nœud du problème est canonique, si tout tourne autour d’une Declaratio qui a été mal comprise, il ne peut y avoir d’autres questions plus pratiques qui peuvent prendre le dessus. Ce serait comme traiter l’affaire de l’attentat de JFK sans tenir compte de l’enquête sur le tireur. Par conséquent, les journalistes n’étant pas des canonistes, ils doivent se tourner vers les spécialistes et en tirer les conclusions. En outre, l’aspect linguistique du Ratzinger Code est à la portée des praticiens des médias.

S’il existe réellement une possibilité que la démission de Benoît XVI soit invalide et l’élection de Bergoglio nulle et non avenue, comment se fait-il que personne au sein de l’Église n’ait jamais ressenti le besoin d’enquêter sérieusement ? Je pense en particulier aux nombreux cardinaux qui, ces dernières années, ont adopté des positions très critiques à l’égard du pontificat bergoglien et qui, dans certains cas, sont allés jusqu’à dénoncer le risque d’hérésie qui se cache derrière certaines déclarations du pontife régnant. […] N’est-il pas plutôt légitime de penser que ces cardinaux ne se sont jamais penchés sur la question, tout simplement parce qu’ils savent mieux que quiconque ?

La démission de Benoît XVI est-elle valide ?

Cionci. Ce n’est pas le cas car 1) de nombreux cardinaux n’ont pas compris. Ils entrent en crise dès qu’ils lisent que Benoît XVI écrit « J’ai validement renoncé à mon ministère », comme le font de nombreux journalistes. 2) Ils ont peur, même pour leur propre vie, et ils ont raison. 3) Ils sont terrifiés (surtout les Allemands) par le schisme, alors que c’est exactement ce dont l’Église a besoin : expulser le mal et la franc-maçonnerie. 4) Ils ne veulent pas risquer leur fauteuil. 5) Ils sont victimes de ce vieux mode de pensée ecclésiastique manzonien qui consiste à « ne pas faire de scandale, arrondir les angles, trancher, arrondir les angles« . Une stratégie ratée car l’Eglise a vraiment besoin d’un méga-scandale pour purifier le monde. Le « deep state » mondialiste est lié à Bergoglio : anéantissez-le, et toutes les impostures s’effondrent.

Mascarucci. On dit que Benoît XVI a fait ce geste pour sauver l’Église et le schisme du courant moderniste, en lui donnant l’illusion d’avoir conquis le gouvernement de l’Église. Très bien, mais peut-on vraiment croire que Ratzinger n’a pas pensé aux fidèles ? A-t-il permis à des millions de catholiques dans le monde d’être trompés par un faux pape, recevant des sacrements invalides ? La réponse est que le pape Benoît a parlé en code, avertissant les fidèles. Cela aussi est très bien, mais se pourrait-il que Ratzinger ait soudainement pensé que tous les catholiques du monde étaient devenus des experts en théologie et donc capables de comprendre ses messages codés ? Et ceux qui ne les ont pas compris, non pas par mauvaise foi mais parce qu’ils n’avaient pas l’expertise ou la préparation historique, théologique et doctrinale adéquate, ont-ils tous été condamnés à l’enfer ?

La figure du Faux Prophète


Cionci. Pour les ignorants, il y a le Supplet Ecclesia, une doctrine qui rend les sacrements valides et licites. Ceux qui ne connaissent rien aux papes ne sont pas non plus trop déroutés par les déformations et les inversions de Bergoglio. Pour le reste, il fallait séparer le blé de l’ivraie et s’assurer que, dans la connaissance, ils seraient écrémés pour former une nouvelle élite de vrais croyants. Après tout, la Bible envisage la figure du Faux Prophète, que beaucoup écouteraient. C’est un discours sur le libre arbitre, la révolution intérieure, le libre choix, la sélection et la renaissance. Le Christ n’a parlé qu’à ceux qui avaient des oreilles pour entendre : dirons-nous qu’il a lui-même condamné tous ceux qui ne l’ont pas compris ? De plus, aujourd’hui, le sujet a été expliqué « avec des marionnettes », dans 400 articles, dans un livre traduit en quatre langues, et même dans une fable. Il n’y a donc plus d’excuses.


Mascarucci. On dit que Benoît aurait ainsi sauvé la vraie Église de la fausse Église. Maintenant, avec tout le respect que je vous dois et sans vouloir offenser qui que ce soit, pouvons-nous vraiment croire que le pape Benoît aurait pu identifier la véritable Église dans des prêtres comme don Minutella, le père Roncaglia, les mystiques des chapelles célestes ? Qui se font également la guerre entre eux au rythme d’excommunications mutuelles ? Pouvons-nous vraiment penser que le salut de l’Église peut habiter ceux qui se suivent les uns les autres ? Ou peut-être le moment est-il venu de cesser de mettre Benoît XVI dans le même sac que des personnes que, sans vouloir offenser qui que ce soit, le pape émérite n’a même jamais envisagées ?

Codice Ratzinger : les messages cryptés de Benoît XVI


Cionci. « Le Seigneur », a dit Benoît lors de son élection, « se sert aussi d’instruments pauvres » ; cependant, don Minutella est une figure héroïque et préparée, injustement dénigrée pour ses emportements, devant lesquels l’histoire devra s’incliner. Comme ce fut le cas pour un frère humble mais très cultivé comme Frère Bugnolo. Il suffit de dire que le décryptage des messages du pape a été confié à un journaliste ordinaire sensé et non à un cardinal ou un vaticaniste averti.

Si nous pensons qu’un cardinal important s’est étonné que Benoît salue encore avec sa bénédiction apostolique, sans même se poser une question… Si nous pensons que Valli et Tornielli ont acheté l’histoire de la robe blanche conservée en l’absence de soutanes noires… Peut-être que le Pape nous a tous surestimés. Mais à la fin, c’est fait. Maintenant, vous êtes également appelé à faire votre part. Si tous les intellectuels criaient la vérité à l’unisson, l’antipapauté de Bergoglio verrait ses jours comptés.


Mascarucci : Les révélations du Père Georg dans votre livre parlent clairement et montrent que Ratzinger a toujours considéré Bergoglio comme son successeur légitime. Il est vrai, comme Tosatti lui-même l’a confirmé dans l’interview que j’ai eu le plaisir de faire avec lui, que le secrétaire privé de Ratzinger s’est contredit par rapport à des déclarations antérieures, mais s’il est crédible lorsqu’il parle en Ratzinger code, pourquoi ne le serait-il pas lorsqu’il rapporte qu’il n’y a toujours eu qu’un seul pape et qu’il s’appelle François ? Comment se fait-il qu’en l’espace de quelques jours, le père Georg soit passé du statut de serviteur le plus fidèle du pape Benoît en diffusant des messages en Ratzinger code, à celui de personne indigne de confiance ou uniquement intéressée par son gain personnel ?

Le rôle du Père Georg


Cionci. Le pape Luciani a été tué. Jean Paul II a été abattu. Benoît XVI a été mis à l’écart. Le secrétaire d’un pape en captivité, qui, dès qu’il le peut, lance des appels au secours, je dirais qu’il ne doit être pris au sérieux que dans ces moments-là, et non dans ceux où il adopte un profil politiquement correct. Mgr Gänswein, maintenant, en outre, privé de la protection, bien que faible, de Benoît, pour ce que nous en savons, peut avoir été menacé, acheté, séduit par des perspectives de carrière, ou peut poursuivre une autre stratégie que celle que Benoît lui a indiquée, ou une stratégie que nous ne pouvons pas comprendre. Voici mes arguments pour expliquer pourquoi ce livre contradictoire ne doit pas être pris au sérieux.


Mascarucci. Une dernière considération : lorsque Benoît XVI a décidé de renoncer au pontificat de manière invalide, l’a-t-il fait en ayant la boule de verre et en sachant déjà ce qui se passerait au conclave ? Un ange du ciel lui est-il apparu pour lui annoncer que le pape serait Bergoglio ? Si, comme tout le monde le supposait, Angelo Scola avait été élu ? Qu’aurait fait Benoît à ce moment-là ? Puisqu’il était un cardinal à son goût, aurait-il corrigé la Declaratio en la rendant valide ?

Cionci. Mis à part le fait que Scola est passé avec Bergoglio, mais Benoît, avant tout, pressé de cette manière pour se dégager, avait une certitude de 99% que Bergoglio, ou un autre de la clique de Saint-Gall, serait élu. Mais si un cardinal honnête s’était manifesté, dès les premiers doutes sur la Declaratio, il serait immédiatement allé voir Benoît pour lui demander des éclaircissements et lui, en l’occurrence, rassuré pour son honnêteté, aurait abdiqué de fait, sûr de laisser l’Eglise, avec un nouveau conclave, à un saint homme qui aurait été réélu en grande pompe. Au contraire, pour Bergoglio, qu’il ait ou non le munus, et avec lui l’assistance de Dieu, cela n’a aucun intérêt.

Le rôle de Bergoglio


Mascarucci. Il est peut-être temps de reconnaître avec une grande honnêteté intellectuelle que, qu’on le veuille ou non, le pape est François et que son élection n’était en aucun cas une erreur du Saint-Esprit. Ou était-ce l’élection de Jean XXIII et Paul VI, les papes du Concile d’où sont partis tous les problèmes de l’Église ? Mais ensuite sont venus Jean-Paul II et Benoît XVI, et cela ne signifie pas qu’après ce pontificat résolument controversé, un grand pontife comme les précédents ne puisse pas arriver. Il suffit de faire confiance au Seigneur et de prier. Peut-être qu’un jour nous comprendrons aussi pourquoi nous avons été bénis avec un pape comme Bergoglio.

Cionci. Peut-être serait-il bon de lire d’abord « Codice Ratzinger » (NDLR : devrait bientôt être disponible en français), « Benoît XVI : pape émérite ? » d’Estefania Acosta et d’entendre des canonistes indépendants. Comment Mascarucci peut-il dire d’une part qu’il ne veut pas se préoccuper de la question canonique et d’autre part, passer la main en acceptant la légitimité de Bergoglio sur la base de considérations annexes ? Les journalistes ne sont pas des spécialistes du droit canonique, mais pour cette raison ils se documentent auprès d’experts, aussi indépendants que possible.

Il est clair que si vous demandez à Monseigneur Sciacca, ou au cardinal Ghirlanda, des canonistes du Vatican défenseurs de Bergoglio, ils vous diront que munus est synonyme de ministerium et que, par conséquent, Benoît XVI en renonçant au ministerium a également renoncé au munus. C’est un peu comme dire que si leur grand-père leur a laissé le vélo, « vélo » est synonyme de « appartement au centre-ville » et qu’ils doivent donc hériter de la maison. De plus, selon Mascarucci, on peut se marier mais laisser le mariage prendre effet après 17 jours ? L’élection et l’abdication font partie des actes dits purs et ne peuvent être reportées de droit divin.

De plus, du point de vue de la foi, un pape peut être mauvais en tant que personne, immoral, corrompu, mais ne jamais aller à l’encontre de la doctrine. Et là, cela n’a rien à voir avec les bavures monothélites à peine hérétiques et involontaires du pape Honorius, nous sommes en train d’assister à une démolition organisée du christianisme dans son ensemble.

Vous devez comprendre que ce sujet est tabou : il est effrayant de ne pas en parler. Il est censuré partout, même par les moteurs de recherche. Tout le monde a peur, une terreur qui vit une vie propre, comme un égrégore, même au-delà de ce qui est nécessaire. Mais n’ayez crainte : Bergoglio est un géant aux pieds d’argile. Il suffit d’un souffle.

Enfin, le fait qu’une déclaration posthume et décisive de Benoît XVI puisse ou non sortir maintenant n’est pas décisif, même si ce serait une bénédiction. Il y a eu plusieurs antipapes qui ont été déclarés tels après des siècles, sur la base d’études réalisées par des canonistes. Tout a déjà été résolu le 11 février 2013 avec une Declaratio que nous avons vraiment comprise après 8 ans d’étude et qui n’était pas une abdication. Aujourd’hui, tout dépend uniquement de notre volonté ou non de traiter la question.

Source : https://www.homelie.biz/2023/01/qu-en-sera-t-il-de-l-eglise-apres-la-mort-de-benoit-xvi-questions-et-reponses.html