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« Rien que la vérité – Ma vie aux côtés de Benoît XVI » : Mgr Gänswein, le bras droit de Benoît XVI publie ses mémoires – Guide lecture

Publié par France Info, le 12 janvier 2023

Le bras droit de Benoît XVI évoque dans ses mémoires les tensions entre le pape François et son prédécesseur

Monseigneur Georg Gänswein, le plus proche collaborateur de Benoît XVI, raconte les désaccords du pape émérite avec son successeur François, dans un livre publié jeudi [12 janvier 2023, en italien].

Une semaine à peine après les funérailles de Benoît XVI, son plus proche collaborateur, Monseigneur Georg Gänswein, publie jeudi 12 janvier des mémoires très attendus où il égratigne le pape François en racontant les tensions ayant émaillé la cohabitation inédite entre son mentor et son successeur.

Le livre, intitulé Rien que la vérité – Ma vie aux côtés de Benoît XVI, retrace l’ascension au trône de Saint-Pierre de Joseph Ratzinger, son pontificat (2005-2013) marqué par les scandales, et enfin sa retraite dans un monastère du Vatican après sa démission ayant surpris le monde entier.

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Source : https://www.francetvinfo.fr/monde/vatican/mort-de-benoit-xvi/le-bras-droit-de-benoit-xvi-evoque-dans-ses-memoires-les-tensions-entre-le-pape-francois-et-son-predecesseur_5598488.html

Autre source : https://www.rtbf.be/article/eglise-mgr-ganswein-le-bras-droit-de-benoit-xvi-setale-sur-les-tensions-avec-francois-11135266


Publié le 12 janvier 2023 par The Pillar

« Rien que la vérité » : Guide de lecture des mémoires de l’archevêque Gänswein

Les mémoires de l’archevêque Georg Gänswein, intitulées « Rien que la vérité », sont le livre catholique le plus discuté depuis des années.

Sorti le 12 janvier [2023], il raconte les expériences de l’archevêque en tant que secrétaire personnel de Benoît XVI et se termine par la mort et les funérailles du pape émérite.

Le livre, publié en italien par Edizioni Piemme, compte plus de 300 pages et a été coécrit avec le journaliste Saverio Gaeta.

Il a suscité la controverse en raison de sa description franche de la relation entre Benoît XVI et le pape François, et de la citation de documents auparavant confidentiels.

Personnages

L’archevêque Georg Gänswein : Le narrateur du livre est l’archevêque Gänswein, un Allemand de 66 ans vivant dans la Cité du Vatican. Surnommé « Gorgeous George » par les médias en raison de ses traits ciselés, il joue deux rôles exigeants pendant une grande partie du livre : il est le secrétaire personnel de Benoît XVI et le préfet de la Préfecture de la Maison pontificale, le département du Vatican responsable des audiences et des cérémonies papales.

Benoît XVI : Le pape allemand, connu sous le nom de Joseph Ratzinger jusqu’à son élection en 2005, est non seulement le supérieur de Mgr Gänswein mais aussi son mentor. En 2013, il est devenu le premier pape à démissionner en près de 600 ans, après quoi il a adopté le titre de « pape émérite » et s’est retiré dans un monastère de la Cité du Vatican.

Jean Paul II : Le propre supérieur de Ratzinger pendant de nombreuses années a été le charismatique pape polonais Jean-Paul II, qui l’a convoqué à Rome en 1981 pour travailler comme préfet de la Congrégation du Vatican pour la doctrine de la foi. Il a offert au cardinal allemand son soutien indéfectible dans son rôle impopulaire de gardien des frontières doctrinales de l’Église.

Le pape François : Le pape qui a succédé à Benoît XVI en 2013, devenant ainsi le premier pontife issu d’Amérique latine et appartenant à l’ordre des jésuites. Il est présenté comme une figure attentive et bienveillante envers Benoît, mais distante envers Gänswein.

Mgr Gänswein et Benoît XVI

Chapitres

Prologue

Nous sommes en 2003 : Le chef doctrinal du Vatican, le cardinal Joseph Ratzinger, demande au jeune prêtre Georg Gänswein d’être son secrétaire personnel, pensant que cette nomination sera de courte durée car il espère prendre sa retraite prochainement. À la surprise de Gänswein, il reste aux côtés du cardinal lorsque celui-ci est élu pape, démissionne de façon spectaculaire et vit le reste de sa vie en tant que « pape émérite ».

Tout au long de l’ouvrage, Gänswein voit « le vrai visage de l’un des plus grands protagonistes de l’histoire du siècle dernier », un personnage caricaturé comme le « Panzerkardinal » et le « Rottweiler de Dieu ». Il affirme que les souvenirs qui suivent offriront un « témoignage personnel » de la grandeur de Benoît XVI, « éclaireront des aspects incompris de son pontificat » et « décriront de l’intérieur le véritable « monde du Vatican ». »

Chapitre 1

Intitulé « Le ‘prédestiné’ en dehors de la boîte », le chapitre raconte les premières impressions de Gänswein sur Ratzinger après sa nomination comme secrétaire personnel. Il le présente comme indifférent aux potins du Vatican, « évoluant à un niveau décidément plus éthéré » que ses collègues cardinaux, et aspirant à une retraite tranquille parmi les livres de la bibliothèque du Vatican.

Le chapitre présente l’ascension de Ratzinger dans la hiérarchie de l’Église comme l’œuvre de la Providence plutôt que de l’ambition. Contrairement à certains prêtres qui convoitent les postes romains, Ratzinger ne s’est pas concentré sur la maîtrise de l’italien. Il l’a appris pendant le concile Vatican II, « bien que de façon assez médiocre, en utilisant la méthode didactique des disques 33 tours ». Il ne s’est familiarisé avec la langue qu’après son arrivée à Rome en 1981.

Gänswein explique que Ratzinger a accepté de servir en tant que préfet de la congrégation doctrinale du Vatican à condition qu’il puisse continuer à publier ses propres réflexions théologiques. Gänswein commente que « sans l’exutoire de la production théologique, la ‘cocotte-minute’ de son intellect n’aurait pas eu de soupape de sécurité et aurait explosé. »

Chapitre 2

Intitulé « Le philosophe et le théologien », ce chapitre décrit l’étroite relation de travail entre Ratzinger et le pape Jean-Paul II, malgré une « nette différence de caractère et de style. » Gänswein présente les deux hommes comme des personnalités complémentaires, la « clarté théologique et la rigueur interprétative » de l’Allemand contrebalançant « le questionnement philosophique et la recherche intellectuelle » du Polonais.

Une « ouverture confiante » a permis aux deux hommes de coopérer même lorsqu’ils étaient en désaccord. L’un de ces « moments de dissonance » a été la rencontre interreligieuse pour la paix qui s’est tenue à Assise en 1986, que Jean-Paul II avait convoquée mais que Ratzinger n’a pas suivie. Gänswein suggère que le pape a fini par tenir compte des préoccupations de Ratzinger concernant les dangers du syncrétisme.

Chapitre 3

Intitulé « La chute de la hache », ce chapitre décrit la fin du pontificat de Jean-Paul II et l’élection de Ratzinger comme son successeur. Gänswein affirme qu’avec le conclave qui se profilait à l’horizon, le cardinal allemand a mené une campagne électorale « à l’envers, pour convaincre ses éventuels partisans de le mettre de côté ». Il illustre son propos en décrivant le comportement de Ratzinger lors des funérailles du fondateur de Communion et Libération, le père Luigi Giussani. Jean-Paul avait demandé à Ratzinger de présider, mais le cardinal de Milan Dionigi Tettamanzi voulait « à tout prix » faire de même, tandis que le cardinal du Vatican Stanisław Ryłko voulait lire la lettre de condoléances papale. Gänswein écrit que Ratzinger s’est modestement limité à prononcer l’homélie.

L’auteur ne croyait pas que son patron sortirait du conclave de 2005 en tant que pape, ni même qu’il jouerait le rôle de « papemaker ». Selon lui, l’homélie prononcée par Ratzinger avant que les cardinaux n’entrent dans la chapelle Sixtine était une tentative de s’exclure de la course, avec sa « forte réitération de ses propres « chevaux de bataille » ».

Gänswein, qui a séjourné à la résidence des cardinaux au Vatican pendant le conclave, décrit comment il a accompagné Ratzinger à la chapelle Sixtine dans l’après-midi du 19 avril 2005. Ratzinger, qui portait un pull noir pour s’isoler des courants d’air de la chapelle, était « très pensif » et ne parlait pas. « Sur le plan psychologique, c’était la promenade la plus fatigante de ma vie », écrit Gänswein. « Je sentais que je vivais un moment historique et presque dramatique, Ratzinger me donnant l’impression de marcher vers une falaise. »

Lorsque l’auteur s’est rendu compte que son mentor avait été élu, il a envoyé un message urgent demandant aux manipulateurs du nouveau pape de veiller à ce qu’il enlève son pull noir lors de sa première apparition sur le balcon surplombant la place Saint-Pierre. Mais sa demande a été oubliée dans l’excitation et les images des manches noires dépassant des vêtements papaux ont été diffusées dans le monde entier.

Gänswein suggère que Ratzinger lui-même a voté pour le cardinal italien Giacomo Biffi.

Chapitre 4

Intitulé « La famille (pontificale et autre) », ce chapitre comprend un portrait de Gänswein dans sa jeunesse : « un peu transgressif, avec de longs cheveux bouclés et un air anticonformiste ». Ce passionné de sport, fan de Pink Floyd et de Cat Stevens, rêve de devenir agent de change, mais opte pour la prêtrise. Son pasteur lui recommande la lecture du livre « Introduction au christianisme » de Ratzinger, paru en 1968, qui le convainc que l’auteur est une « personne d’esprit. » Après son ordination en Allemagne, il est envoyé au Vatican, où il travaille d’abord au département de la liturgie, puis, à la demande de Ratzinger, à la congrégation doctrinale.

Il décrit des journées typiques en tant que secrétaire de Benoît XVI et les rouages de la maison papale.

Chapitre 5

Intitulé « Les pierres d’achoppement du complexe gouvernemental », ce chapitre traite de l’approche adoptée par Benoît XVI pour gouverner l’Église catholique, vaste et peu maniable. Gänswein réfute les affirmations selon lesquelles le pape allemand était naïf et inexpérimenté en matière de gouvernance. Il souligne que Benoît XVI ne s’est pas contenté de promouvoir les personnes qui partageaient sa vision théologique.

Il défend longuement la « nomination la plus discutée et la plus problématique » du pape : celle du cardinal Tarcisio Bertone à la tête de la puissante Secrétairerie d’État du Vatican, à laquelle s’était opposé son prédécesseur, le cardinal Angelo Sodano, car Bertone n’était pas un diplomate. Mais le récit de Gänswein met néanmoins en lumière de nombreux défauts perçus de Bertone.

L’auteur décrit l’effet déstabilisant d’une fuite de documents papaux confidentiels, surnommée le scandale « Vatileaks ». Il écrit qu’il a offert sa démission à Benoît XVI après avoir réalisé que les fuites provenaient du majordome papal Paolo Gabriele, dont il supervisait le travail, mais qu’elle a été refusée. Il s’est réconcilié avec Gabriele peu avant la mort de ce dernier en 2020.

Chapitre 6

Intitulé « Un magistère dans la ronde », ce chapitre présente les points forts de l’enseignement de Benoît XVI, que Gänswein décrit comme son « héritage le plus significatif. » Selon lui, le « cœur décisif » de cet enseignement est le « témoignage christocentrique » de Benoît XVI, comme en témoigne l’achèvement de son ouvrage en trois volumes « Jésus de Nazareth » alors qu’il était encore pape. Il affirme que c’est à travers cette optique christocentrique que Benoît XVI a vu la fonction papale. « Dans le témoignage du pape à Jésus-Christ, la signification et la nécessité du service pétrinien dans l’Église sont à nouveau visibles », écrit-il.

Le chapitre présente au lecteur les trois encycliques de Benoît XVI, d’autres documents importants et des discours clés. M. Gänswein déplore les interprétations erronées des propos du pape, notamment sa conférence de Ratisbonne de 2006, qui a provoqué une réaction brutale dans le monde musulman. Il défend la décision controversée du pape, en 2009, de lever les excommunications de quatre évêques consacrés par l’archevêque Marcel Lefebvre. Il affirme que Benoît XVI a été informé par erreur que le plus controversé des quatre, l’évêque anglais Richard Williamson, était en train de mourir d’un cancer et avait besoin d’une rémission urgente.

Chapitre 7

Intitulé « Le renoncement historique qui a marqué une époque », ce chapitre décrit la décision de Benoît XVI de démissionner. Selon Gänswein, l’engagement du pape à célébrer les Journées mondiales de la jeunesse au Brésil en 2013 a pesé lourd dans son esprit. Alors que Benoît XVI sentait ses forces diminuer, il a eu un comportement atypique lors de la prière : « En s’agenouillant, il prenait sa tête dans ses mains et s’effondrait presque sur lui-même, une attitude étrangère à son style. » Il se souvient que Benoît XVI l’a informé, le 25 septembre 2012, de son intention de laisser la place à un pape « nouveau, plus jeune et plus énergique ». Il a brièvement essayé de le persuader de rester, mais a réalisé que c’était « tout à fait futile. »

M. Gänswein note avec un peu d’appréhension que l’annonce de la démission en latin du pape, rédigée dans le plus grand secret, contenait quelques erreurs. Il affirme que la sérénité de Benoît XVI le jour de son abdication l’a convaincu que son mentor avait des « traits mystiques-ascétiques » et un « rapport direct avec Dieu, par lequel il se sentait vraiment inspiré et constamment guidé ».

L’auteur note que quelques mois avant la démission, Benoît XVI l’avait nommé préfet de la préfecture de la maison pontificale et l’avait nommé archevêque. Il décrit son ordination épiscopale comme « la cérémonie liturgique la plus solennelle à laquelle j’ai jamais participé. »

Chapitre 8

Intitulé « La relation entre les deux papes », ce chapitre se concentre sur l’évolution du lien entre Benoît XVI et son successeur inattendu, le pape argentin François.

Gänswein, qui a observé de près les premiers jours de François en tant que pape en tant que chef de la préfecture de la maison pontificale, affirme que Benoît et lui ont été surpris que le nouveau pontife ait choisi de vivre dans la résidence Santa Marta du Vatican plutôt que dans les appartements pontificaux du palais apostolique. M. Gänswein conteste l’idée selon laquelle il s’agirait d’un signe d’austérité de la part du nouveau pape, soulignant que les logements sont à peu près de la même taille et que, de toute façon, le Vatican doit payer pour l’entretien continu des appartements pontificaux.

Gänswein rappelle que Benoît XVI était attristé par les tentatives – tant des partisans que des détracteurs – d’exagérer les différences entre le pape argentin et son prédécesseur. Il décrit François comme un visiteur assidu de la nouvelle résidence du pape émérite, le monastère Mater Ecclesiae dans les jardins du Vatican, apportant des cadeaux de vin et de dulce de leche.

L’auteur se souvient que le pape François avait invité Benoît XVI à commenter son interview à succès de 2013 « Un grand cœur ouvert à Dieu ». Le pape émérite a écrit qu’il avait lu le texte « avec joie et un vrai gain spirituel et un accord complet », mais a offert quelques observations « complémentaires » sur les remarques du pape sur l’avortement et la contraception, et l’homosexualité.

M. Gänswein rapporte que Benoît XVI a trouvé « étrangers » quelques passages de l’exhortation apostolique Evangelii gaudium de 2013 de François, mais qu’il a toujours cherché à interpréter les paroles et les actes de ses successeurs de la manière la plus généreuse possible.

L’archevêque allemand consacre plusieurs pages au conflit de 2020 concernant la publication d’un livre sur le célibat des prêtres contenant un essai de Benoît XVI. Ce livre a été publié alors que l’on pensait (à tort, selon M. Gänswein) que le pape François était encore en train d’examiner une demande visant à autoriser l’ordination d’hommes mariés dans la région amazonienne. M. Gänswein affirme que Benoît XVI et lui-même ont été « stupéfaits » que le pape émérite soit présenté comme co-auteur avec le cardinal Robert Sarah, alors chef de la liturgie au Vatican, qui est présenté sous un jour peu flatteur et accusé d’avoir « grandement nui à Benoît XVI et à moi-même ».

L’archevêque décrit l’effilochage de sa relation avec le pape François, se souvenant d’une occasion où le pape lui a demandé de ne pas se joindre à lui lors d’une visite à la communauté Sant’Egidio de Rome, lui laissant un sentiment d’humiliation. Il exprime également sa frustration face à la décision du pape de ne pas l’installer dans un appartement du Palais apostolique traditionnellement attribué au chef de la Préfecture de la Maison pontificale (occupé ensuite par le « ministre des affaires étrangères » du Vatican, l’archevêque Paul Gallagher).

Mgr Gänswein exprime également son angoisse face à la demande du pape, à la suite de la controverse sur le livre sur le célibat, de le voir se consacrer entièrement à aider Benoît XVI, citant des lettres dans lesquelles le pape émérite encourageait François à permettre à Mgr Gänswein de continuer à exercer les fonctions de préfet, en vain. L’archevêque allemand raconte un appel téléphonique ultérieur avec François au cours duquel il a demandé sans succès s’il pouvait reprendre ce rôle.

Il conclut le chapitre en disant qu’en tant que secrétaire de Benoît XVI, il porte la « marque de Caïn » et ne peut rien faire pour dissiper les perceptions selon lesquelles il est « très à droite » et « faucon ».

Chapitre 9

Intitulé « Au monastère, le silence laborieux », ce chapitre décrit les presque dix années de retraite de Benoît XVI. Gänswein dit qu’il ne s’attendait pas à ce que le pape émérite vive aussi longtemps lorsqu’il est arrivé au monastère Mater Ecclesiae « totalement épuisé ». Mais l’atmosphère paisible a ranimé Benoît XVI, dont la principale affection était une fatigue pulmonaire, qui lui rendait la parole difficile.

M. Gänswein explique que, grâce aux encouragements du pape François, Benoît XVI n’a pas vécu dans une « réclusion totale ». Il rappelle également que le pape émérite a commenté « avec sympathie » la remarque de François selon laquelle il était comme un « grand-père sage » en soulignant qu’ils n’avaient « que neuf ans d’écart » et « qu’il était peut-être plus correct de m’appeler « grand frère ». »

Gänswein défend l’utilisation par Benoît XVI du terme « pape émérite » et sa décision de continuer à s’habiller en blanc contre les affirmations selon lesquelles ils ont semé la confusion. Il affirme que le pape allemand a été obligé, au moment de sa retraite, « de prendre certaines décisions en sachant pertinemment qu’elles n’étaient pas parfaites. »

L’archevêque affirme que Benoît XVI était préoccupé par les marques de sympathie de François, au début de son pontificat, envers son ancien sparring-partner théologique, le cardinal Walter Kasper. Il souligne les différences entre le pape retraité et les positions du cardinal sur la question « sérieuse et délicate » de la communion pour les catholiques divorcés et remariés, qui a occupé le devant de la scène lors des synodes sur la famille de 2014-15.

Selon Gänswein, Benoît XVI a exprimé « une certaine perplexité » à propos de l’exhortation apostolique sur la famille qui en a résulté, Amoris laetitia, s’interrogeant sur « la signification de certaines notes de bas de page, qui signalent habituellement la citation d’une source, alors que dans ce cas elles expriment un contenu significatif », et se demandant pourquoi « une certaine ambiguïté avait pu planer dans ce document » après sa publication. Lorsque quatre cardinaux ont émis des « dubia » pour demander des éclaircissements, Benoît XVI aurait été surpris qu’ils restent sans réponse, mais il a par ailleurs gardé un silence « rigoureux ».

En ce qui concerne l’incident surnommé « lettergate », Gänswein nie avoir divulgué le texte intégral d’une lettre de Benoît XVI qui a conduit à la chute d’un fonctionnaire du Vatican et qui, selon lui, a contrarié le pape François.

Il affirme que Benoît XVI a considéré la répression de la messe traditionnelle en latin par François en 2021 comme « une erreur », car elle a « compromis la tentative de pacification » des guerres liturgiques dans sa lettre apostolique Summorum Pontificum de 2007 qui a fait date. « Benoît XVI a notamment estimé qu’il était erroné d’interdire la célébration de la messe selon l’ancien rite dans les églises paroissiales », écrit-il. Il ajoute que Benoît XVI a refusé de faire référence à ses « véritables intentions » concernant l’ancienne messe lors d’une conversation entre le pape François et les jésuites slovaques.

Gänswein défend la réponse de Benoît XVI à la pédophilie cléricale et ses convictions sur les causes de la crise des abus. Il décrit la réaction du pape émérite à un rapport sur les abus qui critiquait sa gestion de quatre cas lorsqu’il était archevêque de Munich et cite son « appel sincère au pardon » lancé par les survivants des abus.

L’archevêque consacre plusieurs pages aux homélies « privées » que Benoît XVI a prêchées lors des messes célébrées dans sa résidence, citant, pour la première fois, des extraits de plusieurs d’entre elles. Il note que la dernière homélie, en 2017, alors que Benoît XVI avait du mal à parler, portait sur la vie éternelle.

Il décrit l’emploi du temps quotidien ordonné du pape émérite, notant qu’il aimait qu’on lui lise des livres (notamment les mémoires de prison du cardinal George Pell, qu’il « appréciait tant ») et qu’il continuait à boire de la limonade « avec une éclaboussure de bière. »

Selon lui, Benoît XVI n’était pas angoissé par l’approche de sa mort et était bien préparé lorsque sa santé a décliné fin décembre 2022. Ses « derniers mots compréhensibles » étaient « Seigneur, je t’aime ».

Il note l’instruction ferme de Benoît XVI de détruire ses papiers privés et dit qu’il appartient à l’Église de décider, après une période d’attente appropriée, si son mentor était un saint. Mais il affirme qu’il est « incontestable » que Benoît XVI a fait preuve de « vertus héroïques », l’une des qualités requises pour la canonisation. Le chapitre se termine par le testament spirituel du pape allemand.

Postface

Le journaliste italien Saverio Gaeta, qui a aidé Gänswein à rédiger son livre, explique pourquoi celui-ci est écrit à la première personne plutôt que sous forme d’interview. Il suggère qu’un journaliste s’immisce moins dans un récit à la première personne, ce qui permet au sujet d’aller « plus loin dans ce qu’il souhaite communiquer ». Il décrit l’archevêque allemand comme « le témoin et l’exégète le plus autorisé d’un homme de foi, d’un prêtre selon le cœur de Dieu, d’un protagoniste de l’histoire de notre époque difficile et passionnante. »

Source en anglais : https://www.pillarcatholic.com/nothing-but-the-truth-a-readers-guide-to-archbishop-gansweins-memoir/