Conscription,  Guerre

Ukraine : que change la nouvelle loi de mobilisation ?

Publié par Le Point et partagé par Yahoo Actualité le 13 avril 2024

Le Parlement ukrainien a adopté une nouvelle loi de mobilisation. Elle permet de mobiliser certains prisonniers en échange d’une libération conditionnelle.

Kiev ne pouvait plus reculer. Après plusieurs mois d’hésitation, la Rada, le Parlement ukrainien, a officiellement adopté une nouvelle loi de mobilisation, jeudi 11 avril [2024]. Deux ans de guerre de haute intensité et une contre-offensive échouée plus tard, les forces ukrainiennes sont exsangues. La plupart des unités qui se battent sur le front le sont depuis le début, sans qu’aucune rotation soit possible, faute de réserves.

Moscou s’est lancé dans une longue bataille d’attrition en hommes et en munitions. Fin mars [2024], Vladimir Poutine a signé un décret concernant 150 000 jeunes Russes qui devront faire leur service militaire. S’ils ne doivent pas, officiellement, aller au front, cette masse de conscrits devrait permettre de détacher des troupes professionnelles pour l’Ukraine.

Prisonniers et exemption médicale

Le président Volodymyr Zelensky a longtemps tergiversé pour mobiliser un peu plus la société ukrainienne. L’ancien chef d’état-major, Valeri Zaloujny, demandait notamment la mobilisation de 500 000 soldats. Un « chiffre très important », avait taclé Zelensky, qui attendait alors « davantage d’arguments soutenant cette idée ». Une première étape a été franchie début avril avec l’abaissement de 27 à 25 ans de l’âge de la mobilisation.

La nouvelle loi de mobilisation, qui doit être désormais promulguée par le président ukrainien pour être appliquée, a été adoptée par 283 députés sur 450. 

 Elle prévoit notamment que les personnes condamnées avec sursis pourront combattre. Les prisonniers également, en échange d’une liberté conditionnelle, à l’exception de ceux condamnés pour des meurtres, crimes sexuels ou atteintes à la sécurité de l’État. Le groupe paramilitaire russe Wagner, qui a recruté dans les prisons et les goulags pour former des bataillons d’assauts suicides, ne s’encombrait pas de sélection.

De nouveaux examens médicaux seront nécessaires pour ceux ayant obtenu une exemption, tandis que plusieurs catégories de fonctionnaires peuvent être mobilisées. Des sanctions contre les réfractaires sont prévues, comme la suspension du permis de conduire.

Des mesures s’appliquent aussi pour ceux qui combattent déjà. Un paiement supplémentaire équivalent à 1 800 dollars va s’ajouter à la solde des soldats au front. Quant aux familles des tués, elles recevront environ 380 000 dollars. Mais la principale mesure, le plafonnement du service obligatoire à 36 mois, a été supprimée à la demande de l’armée ukrainienne.

Problème démographique

L’Ukraine fait face à un problème mathématique pour l’instant insoluble. Là où dans la plupart des armées l’âge de recrutement est fixé à 18 ans, il est seulement de 25 ans. À la chute de l’URSS en 1992, le pays comptait 52 millions d’habitants. La situation économique entraîne une chute de la natalité. À la veille de l’invasion à grande échelle en février 2022, ils ne sont plus que 40 millions, avec deux fois plus d’hommes dans la quarantaine que la vingtaine.

Cette crise démographique est accélérée par la guerre, avec 8 millions de réfugiés, dont la moitié est accueillie dans des pays européens. La Russie a fait face au même problème, mais bénéficie d’un réservoir d’hommes plus important, avec une population de plus de 140 millions d’habitants.

Le bon nombre

En abaissant l’âge de mobilisation à 25 ans, Kiev pourrait compter sur potentiellement 445 000 jeunes hommes. Un chiffre difficile à atteindre et à minorer, entre les réfugiés qui ne sont plus en Ukraine, ceux en territoires occupés ou encore les réfractaires.

Cette nouvelle loi de mobilisation arrive alors que la Russie continue les attaques de drones et de missiles balistiques contre les installations énergétiques ukrainiennes. Sur le front, elle grignote doucement des territoires, face à des lignes ukrainiennes qui manquent de munitions… et d’hommes.

Source : https://fr.news.yahoo.com/sport/ukraine-change-nouvelle-loi-mobilisation-080000594.html et https://www.lepoint.fr/monde/prisonnier-exemption-que-change-la-nouvelle-loi-de-mobilisation-en-ukraine-13-04-2024-2557544_24.php