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La surmortalité en France a été plus élevée en 2022 que pendant le Covid : la faute à « la canicule et la grippe », vraiment ??

Publié par Les Echos, le 6 juin 2023

Le nombre de personnes décédées en France en 2022, toutes causes confondues, a été plus élevé qu’en 2021. Une surmortalité due aux épisodes de grippe et de canicule, mais pas seulement.

Après deux années de pandémie de Covid, les experts de l’Insee s’attendaient à voir le nombre de décès retrouver son niveau habituel en 2022. Pourtant, l’année dernière, l’institut de statistique a comptabilisé 675.000 décès, soit 53.800 de plus que prévu. C’est davantage qu’en 2020 (668.900 décès) et qu’en 2021 (661.600 morts).

Ce pic de décès a surtout concerné les personnes âgées – la surmortalité des 75-84 ans a été 11 % plus forte que prévu – mais aussi, et cela est plus surprenant, les moins de 34 ans. Même si ce phénomène reste faible – les décès excédentaires ont concerné 875 personnes âgées de moins de 34 ans en 2022, sur un total de 53.000. « C’est surprenant puisque ce sont des classes d’âge où les risques de mortalité sont faibles », admet Sylvie le Minez, cheffe de l’unité des études démographiques et sociales à l’Insee.

Des épisodes de grippe très intenses

L’ensemble de ces décès ne peut pas être imputé au Covid puisque le nombre de décès liés à la maladie a largement diminué en 2022 : 38.300 personnes sont décédées du coronavirus en 2022, contre 59.100 en 2021, selon les chiffres provisoires de Santé publique France. Comment expliquer alors cette surmortalité ?

« En 2022, il y a eu deux épisodes de grippe très intenses et trois canicules. Le nombre de décès prévus est calculé en fonction de la mortalité moyenne des épisodes de grippe et de canicule vécus entre 2010 et 2019. L’année dernière, l’intensité de ces phénomènes a été plus forte », explique l’experte de l’Insee, qui a supervisé l’étude.

L’année 2022 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée en France depuis le début du XXe siècle, selon Météo France. « Les reports d’opération et les dépistages qui n’ont pas été réalisés pendant la pandémie ont également pu entraîner davantage de décès que ce à quoi on aurait pu s’attendre », avance Sylvie Le Minez. Mais la comparaison avec les années précédentes souffre aussi du fait que, pendant le premier confinement, de nombreux décès avaient pu être évités en raison de la baisse des accidents de la route et de certaines maladies contagieuses.

L’inconnue reste l’augmentation des décès chez les moins de 34 ans, a priori moins inquiétés par les épidémies de grippe et les canicules. La hausse des accidents de la route en 2022 dans cette tranche d’âge (+12 %, soit 109 personnes) peut être une explication. Mais « c’est de l’ordre d’une centaine sur 600 décès excédentaires, donc cela ne peut expliquer qu’en partie », juge Sylvie Le Minez. Une étude plus poussée, menée par le Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc), devra identifier les raisons de cette surmortalité.

Source : https://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/en-2022-la-surmortalite-en-france-a-ete-plus-elevee-que-pendant-la-pandemie-1949597