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Instrumentum doloris – Réflexions sur le document de travail du synode sur la synodalité

Publié par le Blog Benoit et moi, le 27 juin 2023 – Source originale en espagnol : The Wanderer caminante-wanderer.blogspot.com

Note du Blog Benoit et moi : (The Wanderer). Sous un titre-jeu de mots transparent, l’impitoyable et parfois très drôle commentaire de notre blogueur argentin confirme ce que nous avons vu à travers d’autres analyses, la confusion, la vacuité du document, qu’aucun catholique sensé ne perdra son temps à lire, les « limites » (pour rester poli) de François, et surtout, son pari (négatif) sur l’avenir:


La semaine dernière a été publié l’Instrumentum laboris du synode biennal sur la synodalité, qui débutera le 4 octobre [2023]. Les médias catholiques ont déjà publié plusieurs analyses de ce très long document. Il ne s’agit donc pas de répéter ce qui a déjà été dit, et bien dit, mais nous pouvons proposer quelques réflexions marginales.

La première est la plus évidente : tout ceci est un dèjá vu, une version remixée de toutes les initiatives du pontificat franciscain, proposées dans un ordre légèrement différent et, à cette occasion, avec un nouvel additif qui apparaît à chaque tournant du document et qui a été perçu en permanence dans les réponses des cardinaux Hollerich et Grech lors de la conférence de presse de présentation de la lettre. Je veux parler du caractère onaniste de toute cette pantomime, car il ne s’agit plus seulement de la prédication habituelle sur les homosexuels qui veulent aimer, les mariés qui veulent divorcer et les prêtres qui veulent se marier – en d’autres termes, une tentative d’abroger le sixième commandement -, sur les femmes qui veulent être ordonnées prêtres et sur la Terre Mère qui ne veut pas être violée, mais, nous dit-on, la chose la plus importante dans le synode est la synodalité elle-même. C’est marcher pour marcher, sans se demander où le chemin nous mène ; c’est le « fait de marcher ensemble et de s’interroger sur le sens de cette expérience », a déclaré le cardinal Grech. Un exercice onaniste, conçu par un politicien sans scrupules comme le pape François, qui tire continuellement des lapins du chapeau pour préserver une certaine initiative dans une Église en phase de dissolution ; une sorte de massage cardiaque sur un pontificat moribond qui lui permet, ne serait-ce que sur la base de râles, de maintenir l’apparence de la vitalité, sans la moindre préoccupation pour les conséquences que les moyens utilisés à cette fin provoqueront.

Car un autre fait bien évident pour tout observateur est que ce synode est un autre des « petits cadeaux » que François laissera à son successeur (une pratique fréquente ces dernières semaines : Mgr García Cuerva, « petit cadeau » pour les fidèles de Buenos Aires ; Mgr Cobo Cano, « petit cadeau » pour les fidèles de Madrid et le Père Terlinden, « petit cadeau » pour les fidèles de Bruxelles). La partie vraiment importante et définitive des synodes est l’exhortation apostolique post-synodale, promulguée par le Souverain Pontife avec l’enseignement magistériel actuel laissé par l’assemblée, généralement un an après sa conclusion. En d’autres termes, un tel document devrait voir le jour d’ici la fin de l’année 2025. L’âge et les infirmités du pape François laissent penser qu’il aura quitté ce monde d’ici là, ou qu’il en sera aux derniers préparatifs. « Que celui qui vient après gère », dit-il, suivant la tactique permanente des gouvernements péronistes, que nous connaissons bien en Argentine : pendant leurs périodes de gouvernement, ils dépensent, dépensent et s’endettent afin de plaire aux masses et à leurs propres poches, puis laissent aux gouvernements qui leur succèdent le « petit cadeau » de nettoyer le gâchis qu’ils ont causé.

Le 8 juillet 2013, un peu plus de cent jours après l’élection de Bergoglio, nous disions dans ce blog que le pontificat naissant se caractérisait par « l’absence d’actes et de discours théologiquement cohérents et, surtout, connotés, qui sont compensés par les bergoglemas [ndt: expressions, parfois même injures, typiquement bergogliennes, familières à la limite de la vulgarité, et qui font florès dans les médias, par ex. « l’odeur du mouton » ou « faces de cornichons au vinaigre », explications ICI] quotidiennes qui finissent par ne rien dire ». Après presque quatre mille jours, nous devons dire la même chose, et l’Instrumentum laboris le corrobore.

Le pape François a commencé sa carrière romaine avec trois ou quatre pauvres idées disruptives, afin de se présenter comme le pape venu renouveler l’Église et incarner le leadership du progressisme dans le monde et, arrivé au terme de sa carrière, nous constatons qu’il continue à insister sur ces mêmes trois ou quatre idées usées (des idées et non des actes, car la synodalité n’est que dans les mots ; en actes, c’est un pontificat dictatorial), il accélère le rythme de l’Église vers sa dissolution finale et de son prétendu leadership planétaire il ne reste qu’une pitoyable singerie (il suffit de voir le rôle inefficace et inexistant qu’il a joué dans la guerre en Russie et en Ukraine, au-delà de ses caquètements, d’où le cardinal Zuppi a dû venir à sa rescousse).

Comme nous l’avons dit au début, un déjà vu ; les thèmes et même les mots qui apparaissent dans l’Instrumentum laboris auraient pu être énoncés il y a dix ans sans qu’il soit nécessaire d’être prophète.

Enfin, et comme l’ont souligné plusieurs commentateurs, l‘Instrumentum labori (oui, avec cette grossière faute d’orthographe latine qui figurait dans sa première version) est un document destiné à n’être lu que par quelques spécialistes de l’ascèse. Aucun catholique fidèle, de piété et de santé mentale moyennes, ne s’assiéra chez lui pour lire avec onction un tel mastodonte, à la mesure de la production de tonnes inouïes de mots qui ne disent rien à laquelle nous avons assisté ces dernières années.

Et le spectacle des prélats, des prêtres, des religieuses, des laïcs « travaillant » avec ces feuilles de papier fera plaisir à voir. Il a été annoncé que les réunions ne se tiendront plus dans la salle du Synode mais dans la salle Paul VI, afin de pouvoir installer de nombreuses tables autour desquelles se réuniront les équipes de travail de douze personnes chacune. Cette disposition topographique, explique le père Giacomo Costa, « facilite la dynamique de la conversation dans l’Esprit ». Il ne serait pas étrange qu’un groupe d’experts en sciences de l’éducation demande aux pères et aux « mères » synodaux d’exprimer leurs idées et leurs sentiments à travers de petits animaux pétris dans la pâte à modeler, en élaborant ensemble une affiche et en terminant par une mise en scène.

Tout cela dans l’esprit de l’Esprit.

Comme pour le Synode des Amazones, qui a plongé l’Église dans un grand stress pour n’aboutir qu’au spectacle grotesque de la Pachamama déambulant dans la basilique Saint-Pierre (et le Tibre), nous aurons cette année un autre pathétique vaudeville pontifical destiné, comme l’ensemble de ce pontificat, à scandaliser les fidèles et à nuire à l’Épouse du Christ.

Source en français : https://www.benoit-et-moi.fr/2020/2023/06/27/instrumentum-doloris/

Source en espagnol : https://caminante-wanderer.blogspot.com/2023/06/instrumentum-doloris.html