Monnaies numériques et contrôle centralisé
Publié par CovidHub, le 12 août 2023
La BRI conforte les craintes de scénarios cauchemars
Accepteriez-vous de vous laisser implanter une puce dans la main pour 2000 euros par mois? Vous recevrez enfin un revenu de base universel ! Et bien, ce serait la carotte pour vous faire basculer dans le système de la monnaie numérique des banques centrales et dans un futur (ou présent) de mauvaise science-fiction.
C’est l’accroche qu’ont trouvée les journalistes américains de Redacted pour sensibiliser leurs auditeurs à la publication récente du projet de mise en place des Monnaies Numériques de Banques Centrales (CBDC en anglais) par la banque des banques à Bâle.
Fadaises ? Il s’agit certainement d’un raccourci, mais c’est tout de même ce que suggère l’économiste Richard Werner, un ancien Young leader qui s’oppose aux politiques monétaires actuelles, dans les extraits discutés lors de cette émission.
Il est vrai que Klaus Schwab en personne avait dépeint, dans un entretien donné à RTS en 2016, un futur où l’on insère les puces dans les cerveaux ou la peau, pour évoluer vers une communication directe entre notre cerveau et ‘le monde digital’. En rappelant donc que ‘ce que nous voulons, c’est une fusion entre le monde physique, digital (numérique) et biologique’.
Avec ou sans puce, il semble bien que les politiques monétaires soient de nature à évoquer un futur effrayant.
Monnaies numériques de banques centrales
Dans son rapport annuel, intitulé Blueprint for the Future Monetary System : improving the old, enabling the new, la Banque des règlements internationaux a renforcé les craintes liées à la mise en place du ‘grand reset’ (réinitialisation), avec le chapitre consacré à la modélisation du nouveau système monétaire autour du concept de token, ou marquage numérique des objets.
Comme l’annonce l’expert de la BRI dans cette vidéo , les tokens sont des actifs qui utilisent les blockchains (inaltérables) et peuvent être transférés d’une adresse à une autre de manière à authentifier les objets, par exemple des actifs financiers, des biens physiques ou numériques ou par exemple des droits de vote. Ils sécurisent et accélèrent divers types de transactions, comme les payements, et sont à la base de toutes les cryptomonnaies.
Jusque-là c’est plutôt rassurant, mais le problème se pose lorsqu’il nous dit que ces tokens ne serviront pas qu’à représenter des objets : ils permettront qu’on leur attache des règles d’utilisation. Car si, comme le souhaite la BRI, ces règles sont imposées et gérées de manière centrale, cette transformation de la monnaie en un moyen de contrôle devient la clé de voûte d’un système de gouvernance orwellien.
En effet, les monnaies numériques de banques centrales ou ‘MNBC’ ou ‘CBDC’ (central Bank digital currency) se déploient à grande vitesse. Après les Etats-Unis, l’Europe, la Russie et la Chine, la Suisse a aussi lancé un projet pilote il y a quelques semaines, tout en affichant une certaine ‘prudence’.
Revenu de base et identité ‘humaine’
Les visions cauchemardesques liées au ‘grand reset’ ou à ‘la 4ème révolution industrielle’ du Forum économique mondial pourraient se concrétiser avec la convergence de diverses initiatives numériques : la monnaie numérique des banques centrales, l’identification numérique des personnes sur la carte d’identité, les systèmes biométriques et l’enregistrement numérique des objets. Couplé au déploiement de la 5G et de la 6G, ce système d’identification combinée ‘de tout’ permettrait aussi de tout observer et contrôler en temps réel. Et, si la notion de crédit social s’y ajoute, c’est effectivement un futur dystopique qui se dessine.
Par ailleurs, sans attendre la mise en place de tous ces systèmes par la voie de décisions gouvernementales, ce scénario numérique se profile déjà dans diverses initiatives privées. Par exemple, le Worldcoin est lié à une identité mondiale, une World ID que l’on obtient en se faisant scanner ses yeux par un logiciel de reconnaissance de l’iris nommé « The ORB » !
Selon ses créateurs :
Worldcoin vise à établir un accès universel à l’économie mondiale, quel que soit le pays ou l’origine. Il est conçu pour devenir le plus grand réseau financier et d’identité humaine au monde, donnant à chacun le droit de propriété. Tout cela dans l’intention d’accueillir chaque personne sur la planète et d’établir une place pour que nous puissions tous bénéficier de l’ère de l’intelligence artificielle.
Il s’agit donc de distribuer un ‘token’ à chaque habitant de la planète et, pour inciter les internautes à s’enregistrer, Worldcoin garnit le portefeuille de chaque inscrit. Depuis son lancement en 2021, plus de 2,2 millions de personnes ont déjà fait scanner leurs yeux pour obtenir cette nouvelle ‘carte d’identité numérique mondiale’ et dépenser leurs ‘pièces’ numériques de bienvenue.
Pour Sam Altman, co-fondateur de Worldcoin, mais aussi de OpenAI/ ChatGPT avec Elon Musk, l’idée est d’offrir un revenu de base universel à chaque être humain. Et, comme l’essor de l’IA rendra difficile la distinction entre les êtres humains et les imposteurs numériques : Worldcoin doit d’abord créer un système qui permette aux gens – à tous les gens, dans le monde entier – de prouver qu’ils sont bel et bien des êtres humains.
La monnaie des applis qui font tout
En Chine, le géant Tencent regroupe avec WeChat tous les services imaginables en une plateforme mobile universelle qui permet de payer avec sa propre monnaie. L’appli sert à la fois à communiquer (chat, texte, audio et vidéo), payer (en ligne et en magasin), envoyer et recevoir de l’argent, faire du shopping, contacter un service client, organiser ses loisirs, faire toutes ses démarches administratives, partager des photos et des vidéos, traduire, jouer, s’informer, draguer… Bref, à faire – dans une seule et unique appli – ce que nous, européens et autres occidentaux, ne pouvons faire qu’avec un nombre toujours croissant d’applications qui n’en finissent pas d’encombrer nos smartphones… La plupart des payements se font aujourd’hui via cette monnaie numérique.
C’est aussi ce que voudrait faire Elon Musk avec X (anciennement Twitter), en réunissant divers services sur une seule plateforme et en y ajoutant un système de paiement. A priori, celui qui se présente comme le défenseur des libertés pourrait bien faire des adeptes, mais l’on peut difficilement imaginer qu’un opérateur privé échappe aux diktats de la gouvernance centralisée. Pourquoi toutes les règles que l’on imagine d’associer aux monnaies des banques centrales ne s’appliqueraient-elles pas aux monnaies des opérateurs privés ? En Chine, durant la période du Covid, WeChat a bloqué les passes sanitaires des ‘dissidents’ au rouge. Et lors de sa visite récente à Paris, Elon Musk a déclaré qu’il se conformerait à la réglementation européenne.
Propriété numérique et confiscation des biens
Le scénario de contrôle centralisé doit aussi être vu à la loupe de ‘l’internet des objets’. Un certain degré d’interaction entre nos différents objets existe déjà – on peut par exemple programmer les systèmes de sécurité et le chauffage de sa maison à distance – mais il s’agit d’opérations volontaires, qui passent par des réseaux privés.
L’internet des objets va bien au-delà. Il suppose que chaque objet ait son identité numérique. L’on peut alors imaginer que chacun soit obligé d’enregistrer les objets qu’il possède dans une banque de données, afin d’en revendiquer la propriété. D’une part, tous les avoirs ‘identifiés’ seraient détectables et ‘contrôlables’ à chaque instant et d’autre part, les objets non enregistrés deviendraient en quelque sorte illicites, susceptibles d’être intransportables, invendables, inutilisables, voire même confisqués.
Un scénario de transition…
En utilisant tous ces systèmes dans des villes et des vies dites ‘intelligentes’ ou ‘smart’, selon les caprices de la gouvernance mondiale, il se pourrait que l’on ait, ou pas, l’autorisation… de sortir de sa ville, de manger de la viande, de promener le chien dans les bois, de faire le plein de la voiture, d’acheter un nouveau frigo ou même de téléphoner à un ami complotiste pour tenter de savoir comment on a bien pu en arriver là!
Il n’est pas dit que ce cauchemar se réalisera, mais peu à peu, les nouvelles réglementations ouvrent la voie à ce type de dérive. Une fois les principes et la technologie en place, il n’y aurait plus qu’à dérouler une succession d’étapes sur le modèle de la stratégie du choc de Naomi Klein pour précipiter le monde dans une prison digitale, comme le montre le récit imaginé dans la vidéo présentée dans un article précédent sur les monnaies des banques centrales.
S’il est difficile de s’opposer à la volonté des gouvernements et des banques, l’on peut par contre résister aux tentations des facilités et des largesses offertes sur les plateformes privées. Mais il faut redoubler de vigilance et de discipline…
Source : https://www.covidhub.ch/monnaies-numeriques-et-controle-centralise/