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« RKI files » en Allemagne : l’ensemble des documents divulgué par un(e) lanceur(-se) d’alerte

Publié par Nexus le 2 août 2024

Au printemps, le média allemand Multipolar avait publié une partie des procès-verbaux de la cellule Covid de l’Institut Robert-Koch (RKI) obtenus par la justice, mais dont plusieurs passages avaient été noircis. Aujourd’hui, l’intégralité des documents non biffés ainsi que d’autres fichiers viennent d’être divulgués par un(e) ex-collaborateur(-trice) de l’institut, resté(e) anonyme. Les contenus sont explosifs.

Un millier de pages caviardées

Passé sous silence en France, le scandale des « RKI files » avait fait grand bruit en Allemagne au mois de mars dernier. L’affaire était sortie grâce au média indépendant allemand Multipolar qui, après une longue bataille judiciaire, avait réussi à obtenir une partie des procès-verbaux retraçant les échanges entre la cellule de crise Covid de l’Institut Robert-Koch (RKI) – établissement de référence en Allemagne en matière de santé publique – et le gouvernement fédéral allemand.

Une partie seulement. En effet, le millier de pages fournies ne couvrait que la période allant de janvier 2020 à avril 2021. Par ailleurs, de nombreux passages en étaient caviardés.

 Lire notre article du 22/04/2024 :

Covid-19 : des documents déclassifiés de l’Institut Robert-Koch font scandale en Allemagne

Des décisions plus politiques que scientifiques

Malgré cela, de premières conclusions pouvaient en être tirées, notamment la pression d’un acteur extérieur (a priori, un militaire) pour faire évoluer dès le 17 mars 2020 la classification du risque épidémique en Allemagne de « modéré » à « élevé », sans justification scientifique.

D’autres éléments incohérents sont apparus au fil des pages. Ainsi, les mesures sociales mises en œuvre (confinement, fermeture des écoles, port du masque FFP2 en population générale) ont toutes d’abord été jugées inutiles, inefficaces, voire nocives par le RKI, avant d’être finalement adoptées. De même, les experts de l’institut étaient loin d’être convaincus par l’efficacité et la sécurité des vaccins.

À l’évidence, les décisions sanitaires qui ont été prises durant la crise étaient plus politiques que scientifiques.

10 Go de fichiers divulgués

Depuis le 23 juillet, l’affaire a franchi une nouvelle étape, puisqu’une mystérieuse source a fait fuiter, par l’intermédiaire de la journaliste indépendante Aya Velázquez, l’intégralité des procès-verbaux de 2020 à 2023, non biffés, ainsi qu’une masse de documents supplémentaires. L’ensemble, qui représente plus de 10 Go de fichiers, est téléchargeable sur le site rki-transparenzbericht.de, déjà victime de plusieurs attaques informatiques depuis sa mise en ligne.

Dans un long tweet annonçant ces divulgations, Aya Velázquez précise que le ou la lanceur(-se) d’alerte anonyme est un(e) ancien(ne) collaborateur(-trice) du RKI, en désaccord avec la politique sanitaire qui a été menée.

Page d’accueil du site rki-transparenzbericht.de, où télécharger les fichiers.

À quoi a servi le RKI ?

Il faudra évidemment du temps pour éplucher dans le détail l’énorme volume que représentent ces documents. Mais lors d’une conférence de presse organisée le jour même (et dont une transcription en français a été réalisée par le média suisse indépendant Essentiel News), les trois personnes qui ont eu accès aux fichiers en amont (à savoir la journaliste Aya Velázquez, son confrère Bastian Barucker et un spécialiste des finances, le Pr Stefan Homburg) ont déjà pu faire quelques révélations.

« Le public pense que les plus de 1 000 employés du RKI ont fait de la science, ont conseillé les politiciens, et que les politiciens ont ensuite agi en fonction de cette science. En réalité, c’est l’inverse qui s’est produit », a commenté Stefan Homburg, avant de citer plusieurs exemples.

Le ministre ment, le RKI se tait

Ainsi, en octobre 2021, il est indiqué dans les protocoles : « Le ministre a conseillé à tout le monde de se faire vacciner (mais pas encore recommandé par la STIKO) » (la STIKO est la commission allemande des vaccinations). Puis plus loin : « Le ministre a recommandé la double vaccination pour les personnes guéries (nous ne disposons pas encore de données à ce sujet, ni pour notre spécialité, ni pour l’OMS). »

Manifestement, le ministre de la Santé de l’époque, Jens Spahn, ne s’embarrassait guère des avis scientifiques du RKI pour émettre ses recommandations vaccinales.

Un autre exemple frappant est à la date du 5 novembre 2021, où les experts du RKI s’interrogent : « Les médias parlent d’une pandémie de personnes non vaccinées. D’un point de vue technique, ce n’est pas correct. L’ensemble de la population contribue. Faut-il en tenir compte dans la communication ? » Réponse qui leur est faite : « Non, le ministre le dit à chaque conférence de presse, probablement en connaissance de cause, il est plutôt impossible de le corriger. »

Donc, pour résumer, le ministre dit n’importe quoi et stigmatise abusivement les non-vaccinés, le RKI le sait, mais se tait… Édifiant.

10 milliards d’euros gaspillés en tests inutiles

Fin juillet 2020, les procès-verbaux indiquent également que le virologue allemand Christian Drosten, concepteur du test RT-PCR utilisé pour le Covid-19, avait rédigé un texte contenant ses recommandations en matière de stratégie de tests. Mais il a renoncé à le publier car, selon lui, les tests non ciblés étaient inutiles. Or, cet avis allait à l’encontre de l’action gouvernementale qui a, au contraire, encouragé toute la population (y compris les non-malades) à se faire tester.

Outre la fraude scientifique constituée par cette rétention d’information, Aya Velázquez souligne l’existence d’un conflit d’intérêts pouvant également être à son origine : « L’ami de Drosten, Olafland, a gagné de l’argent avec la stratégie de test indifférenciée du gouvernement fédéral. » Autre scandale : « Un gaspillage d’argent du contribuable d’au moins 10 milliards d’euros, car s’il y avait eu une stratégie de test ciblée et différenciée, c’est-à-dire si on n’avait pas testé des personnes en bonne santé à tour de bras, cet argent du contribuable n’aurait pas été jeté par les fenêtres », commente la journaliste.

Aya Velázquez lors de la conférence de presse du 23 juillet 2024 à Berlin (image extraite de la vidéo diffusée sur YouTube).

Le risque de maladies graves dues aux vaccins connu dès le départ

À propos des vaccins, les protocoles montrent que le RKI ne s’est pas opposé au fait que l’Agence européenne du médicament (EMA) et Pfizer avaient prévu d’omettre les études de phase 3, afin d’obtenir plus rapidement une autorisation de mise sur le marché.

Aya Velázquez note toutefois que l’institut était « conscient du risque d’une telle démarche », puisqu’il est indiqué à la date du 15 avril 2020 : « Une telle décision signifie pour nous : une bonne communication des risques et une surveillance post-marketing appropriée, afin que les principales complications de la vaccination soient rapidement identifiées. Actuellement, le renforcement de l’immunité est controversé (maladie grave due à la vaccination). »

Des rappels vaccinaux à la demande de Pfizer et des politiques

De même, la recommandation de rappels vaccinaux (à partir de la 3e dose) laissera perplexes les experts du RKI. À la date du 30 juillet 2021, les procès-verbaux indiquent d’ailleurs que les « boosters » sont surtout réclamés par les dirigeants politiques et par Pfizer. Et au 3 septembre 2021, il est noté que « de nombreuses discussions au niveau national et international sur la vaccination avec booster suscitent des opinions divergentes. C’est très influencé par la politique. Le rapport de l’ECDC [le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, NDLR] ne voit pas l’urgence de la vaccination de rappel. »

Les enfants victimes de mesures injustifiées

Le journaliste Bastian Barucker s’est, pour sa part, penché sur les mesures concernant les enfants et adolescents (fermeture des écoles, port du masque, distanciation sociale, règles d’hygiène, culpabilisation…) et a relevé un nombre important d’incohérences, soit entre les données du RKI et les décisions politiques, soit dans les positions du RKI lui-même au fil des semaines, alors qu’il était clair dès le début de la crise, et les procès-verbaux le mentionnent, que les enfants étaient peu touchés par le Covid et jamais avec des formes graves.

Bastian Barucker a rappelé les lourds dégâts causés par ces mesures injustifiées : « Le ministre de la Santé actuel, M. Lauterbach, a déjà admis que les enfants et les adolescents ont été les principales victimes de la politique de pandémie. Le ministre fédéral de la Famille parle de 73 % d’enfants et d’adolescents qui ont souffert psychologiquement à cause des mesures prises et non à cause d’un virus. Les dommages causés sont étendus, parfois irréversibles et énormes, et nous occuperont pendant des décennies. »

Le RKI coupable d’omission ?

Lors de la conférence de presse, la question de savoir ce qui pourrait juridiquement être reproché au RKI a été soulevée. Pour Stefan Homburg, « en tant que fonctionnaire, M. Wieler [président de l’institut jusqu’en avril 2023, NDLR] était bien sûr tenu de faire opposition, comme on dit, c’est-à-dire que si vous recevez une instruction illégale en tant que fonctionnaire, vous devez dire à votre supérieur que vous pensez que c’est illégal. Et si l’on vous demande de commettre un délit, vous devez le refuser complètement. Au lieu de cela, M. Wieler et M. Schaade [actuel président du RKI depuis octobre 2023, NDLR] ont été très dociles. »

Malheureusement, ces messieurs ont dû avoir des clones aussi dociles qu’eux dans d’autres pays, dont la France.

Article par Alexandra Joutel

Source : https://www.nexus.fr/actualite/news/rki-files-documents-divulgues/