Conscription,  Guerre

La conscription en Israël : tous les citoyens qui ont fait leur service militaire qui dure 24 mois pour les femmes et 32 pour les hommes, deviennent réservistes

Publié par les Echos le 10 octobre 2023

En Israël, une mobilisation de l’armée sans précédent

Dès samedi, les premiers appels étaient lancés et les familles se réorganisaient dans l’urgence. En moins de 48 heures, 200.000 réservistes ont rejoint l’armée de l’Etat hébreu.

La vie quotidienne qui bascule. Les citoyens israéliens ont beau être entraînés, leur désarroi est aujourd’hui complet. « Nous avions une telle confiance dans notre armée et là, on ne sait même pas combien de citoyens sont morts ou pris en otage », s’exclame une habitante de Tel-Aviv qui, entre deux alertes, vient d’emmener sa fille chez une amie dotée d’un logement moderne et donc d’un abri intégré à son appartement, plus sécurisant pour les enfants.

Il y a les alertes, l’inquiétude, l’oeil rivé au téléphone et à la télévision, mais il y a surtout la mobilisation. Toute la nation prend les armes. L’armée israélienne, qui compte 170.000 hommes et femmes, peut faire appel à quelque 465.000 réservistes, ce qui représente donc en théorie un Israélien sur vingt.

Dès samedi, les premiers appels aux réservistes étaient lancés et les familles se réorganisaient dans l’urgence, les grands-parents ou les amis devant prendre le relais pour garder les enfants des appelés.

200.000 réservistes mobilisés

Lundi, un officier de Tsahal évoquait la mobilisation la plus rapide et la plus efficace jamais menée dans le pays. En 48 heures, quelque 200.000 hommes et femmes avaient rejoint leurs unités. Un nombre qui devrait encore augmenter dans les jours qui viennent, le Premier ministre, Benyamin Netanyahou, ayant évoqué l’appel d’au moins 300.000 réservistes.

Qui sont-ils ? Tous les citoyens qui ont fait leur service militaire, lequel dure vingt-quatre mois pour les femmes, trente-deux pour les hommes, et jusqu’à quarante-huit pour ceux qui obtiennent le grade d’officier. Les Israéliens deviennent réservistes jusqu’à 40 ans et même jusqu’à 54 ans pour certaines spécialités.

Chacun d’entre eux appartient donc toujours à une unité de commandement, par exemple la brigade d’infanterie du Golan, ou au contraire à des unités du sud du pays. Ce sont eux qui ont été appelés en urgence pour aller se battre à la frontière avec Gaza, afin d’éliminer les terroristes qui ont pénétré dans le territoire.

« Le gouvernement a décrété l’état d’urgence et donc chacun est prévenu sur son téléphone avec la tâche de rejoindre au plus vite son commandement et son unité. Des checkpoints sont indiqués. Légalement, les employeurs en Israël sont obligés de laisser leurs salariés participer aux exercices d’entraînement annuels ou évidemment rejoindre leur armée en temps de guerre », explique une porte-parole des forces israéliennes.

Les ultraorthodoxes dispensés

Hommes et femmes sont entraînés chaque année, pendant une ou deux sessions d’une dizaine de jours, afin d’être prêts au combat immédiatement. Ils gardent chez eux leurs uniformes et certains équipements mais pas d’armes. Au moment donc où le téléphone sonne, chacun sait où aller.

Une mobilisation évidente pour la population face aux drames. « Au-delà des réservistes, il y a aussi un grand nombre de volontaires parmi les personnes les plus âgées », souligne la porte-parole. A l’inverse, les juifs ultraorthodoxes sont dispensés de service militaire et ne participent donc pas à la défense d’Israël. Un sujet délicat qui divise le pays.

Insuffisances dans le Sud

Dans l’immédiat, l’armée, insuffisamment déployée dans le sud du pays, a eu besoin immédiatement des réservistes pour contrôler l’ensemble des frontières à Gaza et éliminer les terroristes du Hamas encore potentiellement présents sur le territoire israélien. Lundi, troisième jour de combat, des dizaines de milliers de soldats de Tsahal, réservistes ou conscrits, continuaient à « nettoyer la zone », faisant du porte-à-porte, fouillant les jardins et les abris en tout genre.

Quelques couacs ont toutefois eu lieu, obligeant l’armée à déclarer dans un communiqué : « Contrairement aux rumeurs, le matériel ne manque pas dans l’armée. L’armée israélienne fournit aux soldats tout l’équipement nécessaire pour accomplir les différentes tâches au front et à l’arrière. Compte tenu du grand nombre de recrues, la distribution de tout le matériel prend parfois un certain temps. »

Combien de temps durera la mobilisation ? Nul ne le sait. « En 1973, lors de la guerre du Kippour, mon père, réserviste, est parti un soir sans préavis. Il est revenu six mois plus tard », se souvient Tamar qui, aujourd’hui dans sa soixantaine, veille sur ses petits-enfants, sa fille et son beau-fils ayant rejoint dès samedi leurs régiments respectifs.

Source : https://www.lesechos.fr/monde/afrique-moyen-orient/israel-une-nation-en-armes-1986070


Publié par TF1 Info le 9 octobre 2023

Guerre Israël-Hamas : ces centaines de milliers de réservistes rappelés en renfort par l’État hébreu

Israël a rappelé 300.000 réservistes pour répondre à l’offensive lancée samedi contre l’État hébreu par le Hamas, aussi appelée « guerre de Souccot ». Il s’agit de la plus grande mobilisation jamais réalisée par le pays.

C’est du jamais vu pour l’État hébreu. Depuis samedi 7 octobre [2023] et le début de l’attaque menée par le Hamas contre Israël, Tsahal – le nom de l’armée israélienne – a rappelé 300.000 réservistes dans ses rangs pour riposter à la guerre menée sur son territoire. Un chiffre confirmé, lundi 9 octobre, par le porte-parole de l’armée israélienne, le contre-amiral Daniel Hagari, qui a précisé que l’État hébreu n’avait « jamais rappelé autant de réservistes à une aussi grande échelle ».

Un statut « actif »

En Israël, le service militaire est obligatoire pour toute personne qui atteint la majorité. Selon l’Ambassade d’Israël en France, il doit être effectué entre 18 et 29 ans et dure deux ans et demi pour les hommes et deux ans pour les femmes. À la fin de ce service obligatoire, chaque soldat est affecté à une unité de réserve et peut être rappelé en cas de conflit important. Ces citoyens sont régulièrement convoqués pour des périodes d’entraînement et peuvent être mobilisés à la demande des autorités. 

Toutefois, tous ces « miluims », comme ils sont surnommés, ne sont pas mobilisables. Pour être appelés en cas de combat, il faut avoir un statut « actif », avoir réalisé son service de réserve de 20 jours dans les trois années précédentes, précise l’armée israélienne. D’autres peuvent également bénéficier de dérogations. Par ailleurs, les Israéliens réservistes ne sont pas mobilisables après l’âge de 40 ans pour les hommes et 38 ans pour les femmes dans les unités combattantes.

Les binationaux, comme les Français, doivent également effectuer leur service s’ils vivent en Israël quand ils atteignent l’âge de 18 ans et peuvent être réservistes. Certains ont ainsi décidé ces derniers jours de rejoindre l’État hébreu pour venir renforcer les services de Tsahal. Pour ceux qui acquièrent la double nationalité après leur majorité, ils sont aussi tenus d’effectuer leur service militaire s’ils choisissent l’État hébreu comme pays de résidence. Les personnes possédant la nationalité israélienne, mais ne vivant pas en Israël, sont aussi fortement invitées à le faire, mais peuvent obtenir des dérogations pour éviter de servir au sein des forces armées.

Le nombre d’Israéliens considérés comme réservistes de l’armée a fortement diminué ces dernières années, alors que Tsahal communique peu sur ces chiffres. Selon les derniers disponibles, en 2015, environ 26% de la population éligible avait un statut de réserviste « actif », bien moins qu’en 2013, lorsque 34% d’entre eux étaient mobilisables.

Source : https://www.tf1info.fr/international/israel-et-gaza-en-guerre-apres-une-offensive-du-hamas-ces-centaines-de-milliers-de-reservistes-rappeles-en-renfort-par-l-etat-hebreu-2272422.html


Publié par RFI le 12 octobre 2023

Guerre contre le Hamas : qui sont les réservistes de l’armée israélienne ?

L’armée israélienne se félicite de « la mobilisation la plus rapide et la plus efficace jamais menée dans le pays ». Le 10 octobre [2023], le Premier ministre, Benyamin Netanyahu, a appelé 60 000 réservistes supplémentaires, portant ainsi la mobilisation à 360 000 personnes.

Pour être réserviste en Israël, il faut avoir fait son service militaire. Obligatoire pour tous les jeunes majeurs, il dure entre un et quatre ans, selon le sexe et le grade. Directeur académique de la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques (FMES), Pierre Razoux est l’auteur du livre Tsahal : Nouvelle histoire de l’armée israélienne (éditions Perrin) : « Souvent, une fois que les jeunes Israéliens ont accompli leur service militaire, ils partent un an, faire un petit peu le tour du monde. Beaucoup d’entre eux partent en Asie, en Australie, aux États-Unis, au Canada, voir en Afrique. Ces jeunes-là ont reçu l’ordre de rentrer le plus rapidement possible en Israël pour rejoindre leur unité de réserve. Ce volant là est marginal par rapport à l’immense quantité de réservistes – de jeunes étudiants par exemple – qui sont en Israël », explique-t-il.

L’immense majorité des appelés sur place

Selon Pierre Razoux, l’immense majorité des appelés, âgés de 23 à 35 ans, étaient donc sur place au moment de l’appel. Mobilisables en théorie jusqu’à leur quarantième anniversaire, les réservistes ont des sessions d’entraînement tous les ans pour être prêts au combat. Ils gardent leur uniformes et leur matériel chez eux, et n’ont plus qu’à récupérer leurs armes une fois arrivés dans leurs unités.

Source : https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20231012-guerre-isra%C3%ABl-hamas-qui-sont-les-r%C3%A9servistes-de-l-arm%C3%A9e-de-tsahal


Publié par Public Sénat le 12 octobre 2023

Tsahal : comment expliquer le niveau historique de la mobilisation des réservistes en Israël ?

La mobilisation en masse de réservistes en Israël est probablement le prélude à une intervention militaire d’ampleur en préparation. Le spécialiste Pierre Razoux, directeur académique de la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques, rappelle que ces chiffres sont inédits depuis la guerre du Kippour en 1973.

L’objectif du cabinet de guerre, formé le 11 octobre [2023] par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, est clair : « Détruire » le Hamas, « comme le monde a détruit Daech ». Le chef du gouvernement entend anéantir le mouvement islamiste après ses attaques sanglantes sur le sol israélien le 7 octobre. Dès ce jour l’État hébreu s’est engagé dans l’opération « Sabre de fer », en riposte à l’opération « Déluge d’Al-Aqsa » du Hamas.

Dans les heures qui ont suivi les attaques terroristes lancées depuis la bande de Gaza, le pays a rappelé 360 000 réservistes, dont 300 000 en l’espace de deux jours. Un chiffre colossal dans une nation qui compte environ 9,7 millions d’habitants, c’est 4 % de la population totale. Le rappel est aussi massif qu’express, il faut remonter cinquante ans en arrière pour retrouver une opération de même ampleur.

Une mobilisation inédite en 50 ans

« Les dernières grandes mobilisations générales, c’était pendant la guerre du Kippour, en 1973, puis la guerre du Liban, en 1982 », rappelle Pierre Razoux, directeur académique de la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques (FMES) et auteur de Tsahal : nouvelle histoire de l’Armée israélienne (Perrin). Le pays a ensuite connu d’autres mobilisations partielles, après les intifadas ou encore en 2006 au moment de l’intervention contre le Hezbollah, mais jamais dans les proportions de ces derniers jours.

« Le principe de la réserve c’est d’être mobilisable extrêmement rapidement. Douze heures après, vous pouvez être dans votre unité militaire », détaille Pierre Razoux. « Quand ils finissent leur service, les soldats israéliens connaissent leur unité d’affectation. Ils connaissent les gens, les procédures, les habitudes, le matériel, l’armement. » L’armée, constituée en temps ordinaire de 173 000 hommes et femmes, peut donc tripler de volume en l’espace de quelques jours.

Un long service militaire

Le potentiel maximum de citoyens mobilisables n’est pas atteint, puisque Tsahal peut appeler tout citoyen ayant achevé son service militaire obligatoire et jusqu’à l’âge de 40 ans. « Ils ont rappelé à peu près les deux tiers du potentiel total de réservistes, ce qui est énorme », souligne le spécialiste de la FMES, Pierre Razoux. Le service militaire est obligatoire pour les Israéliens juifs à leur majorité, c’est-à-dire 18 ans. L’engagement dure 32 mois pour les hommes, et 24 mois pour les femmes. Ces dernières ne sont pas concernées, si elles sont enceintes ou si elles ont des enfants.

Les rappels concernent également les jeunes Israéliens se trouvant à l’étranger, en année de césure bien souvent après la fin de leurs études entamées dans la foulée de la fin de leur service militaire. La mobilisation concerne en priorité les classes d’âge les plus jeunes, les moins éloignées temporellement de leur formation au sein de l’armée.

« Une grosse opération terrestre qui nécessitera beaucoup de personnels »

Le niveau de la mobilisation décrétée par les autorités préfigure probablement une intervention massive. « L’Etat-major a anticipé une grosse opération terrestre, qui sera très coûteuse en pertes humaines et matérielles et nécessitera beaucoup de combattants », analyse Pierre Razoux. « Les spécialistes estiment qu’il doit rester probablement autour de 30 000 combattants du Hamas, retranchés dans la bande de Gaza. En combat urbain, il faut être à six contre un. L’armée israélienne doit donc engager 180 000 hommes pour reprendre totalement la bande de Gaza. Une fois que le gros de l’opération est terminé, l’armée pourra démobiliser un certain nombre de ses réservistes et en rappeler d’autres », poursuit l’historien.

D’autres fronts nécessiteraient, selon lui, la présence renforcée de militaires pendant l’opération principale : les environs de Jérusalem, la Cisjordanie, la frontière libanaise, le plateau du Golan, le Sinaï, les grandes villes, les bases aériennes et les sites stratégiques.

Source : https://www.publicsenat.fr/actualites/international/tsahal-comment-expliquer-le-niveau-historique-de-la-mobilisation-des-reservistes-en-israel