
Le chancelier allemand Friedrich Merz déclare la levée des restrictions sur la portée des armes livrées à Kiev
Publié par France Soir le 28 mai 2025
Une “décision assez dangereuse”. Le chancelier allemand, Friedrich Merz, a affirmé, ce lundi 26 mars 2025, que les alliés occidentaux de l’Ukraine, à commencer par Berlin, ne fixeront plus de restrictions sur la portée des armes fournies à Kiev. Celle-ci “peut désormais attaquer des positions militaires en Russie” avec les missiles ou armes de longue portée fournies par ses soutiens, a-t-il déclaré, au nom des Américains, des Britanniques et des Français. Ce petit-fils d’un membre du parti nazi, qui annonçait “le retour de l’Allemagne” après avoir obtenu le feu vert des partis politiques pour réarmer l’Allemagne, souhaite-t-il une confrontation directe avec la Russie ?
Friedrich Merz, devenu chancelier allemand début mai 2025, s’est toujours montré particulièrement engagé en faveur d’un soutien militaire accru à l’Ukraine face à l’invasion russe. Dès les débuts du conflit en 2022, il a adopté une position résolument pro-ukrainienne et anti-russe, exhortant le gouvernement de son prédécesseur, Olaf Scholz, à livrer des armes à Kiev et se rendant personnellement en Ukraine pour rencontrer le président Volodymyr Zelensky.
“Il n’y a plus de limites de portée”
Chef de l’opposition, Merz critiquait la réticence du gouvernement allemand à fournir des armes à longue portée, notamment les missiles de croisière Taurus, estimant que cela revenait à “forcer l’Ukraine à se battre avec une main attachée dans le dos”. Il plaidait pour que l’armée ukrainienne puisse frapper des cibles militaires en Russie, traduisant sa volonté d’accroître la pression sur Moscou.
Vainqueur des dernières législatives, Merz s’était prononcé en faveur de la livraison de missiles Taurus à l’Ukraine, mais conditionnait cette décision à une coordination européenne et à la levée des restrictions de portée par la France et le Royaume-Uni. Il promettait également une dernière démarche diplomatique auprès du président russe Vladimir Poutine avant de franchir ce cap.
Peu avant sa nomination, Friedrich Merz a réussi à obtenir le feu vert des partis politiques pour une réforme du « frein à l’endettement », une règle inscrite dans la Constitution allemande qui limite strictement le déficit budgétaire du gouvernement fédéral et des États. Les dépenses de défense dépassant 1 % du PIB seront ainsi exemptées de cette règle, offrant une marge de manœuvre budgétaire significative pour renforcer la Bundeswehr.
“Nous sommes en état de nous défendre. Il n’y aura plus aucune impasse financière pour défendre la paix et la liberté sur notre continent. L’Allemagne est de retour. Je suis très satisfait du compromis trouvé”, avait déclaré cet ancien président du conseil de surveillance de la filiale allemande de BlackRock.
Hier, lundi [26 mai 2025], il a annoncé publiquement que l’Allemagne, aux côtés des États-Unis, de la France et du Royaume-Uni, ne limitait plus la portée des armes livrées à l’Ukraine. Cela signifie que Kiev est désormais autorisée à utiliser ces armes pour frapper des positions militaires sur le territoire russe. Jusque-là, Paris, Londres ou encore Washington avaient déjà donné leur “OK” pour un tel usage, tout en fixant certaines conditions, comme la “légitime défense”. Moscou avertissait contre une escalade, répliquant aux annonces occidentales par des menaces de recours à l’arme nucléaire ou la destruction des équipements des pays membres de l’OTAN.
“Il n’y a plus de limites de portée pour les armes qui ont été livrées à l’Ukraine. Ni par les Britanniques, ni par les Français, ni par nous. Ni par les Américains”, a déclaré Friedrich Merz, lors d’un entretien à la télévision publique WDR à Berlin. “Cela signifie que l’Ukraine peut désormais se défendre, par exemple en attaquant des positions militaires en Russie (…) ce qu’elle ne faisait pas vraiment faute de moyens, à quelques exceptions près. Elle peut le faire maintenant”, a-t-il précisé.
“Décision dangereuse” pour Moscou
Le chancelier allemand a précisé que cette décision s’inscrivait dans une logique de “soutien total” à l’Ukraine, tout en maintenant une “ambiguïté stratégique” sur la nature exacte des armes livrées. Il a également souligné que les alliés occidentaux avaient “épuisé tous les moyens diplomatiques disponibles”, au moment où l’administration Trump poursuit, coûte que coûte, ses tentatives d’aboutir à des pourparlers.
Le Kremlin a vite réagi. “Si ces décisions ont vraiment eu lieu, elles vont absolument à l’encontre de nos aspirations à entrer dans un règlement politique (…) Et donc c’est une décision assez dangereuse”, a déclaré Dmitri Peskov, le porte-parole de la présidence russe.
Parlant encore et toujours au nom des pays occidentaux, Friedrich Merz affirme que les alliés de l’Ukraine feront encore “tout ce qui est en leur pouvoir pour continuer à soutenir militairement l’Ukraine”. “Si même une proposition de réunion au Vatican ne rencontre pas” l’approbation de la Russie, “nous devons nous préparer à ce que cette guerre dure plus longtemps que nous ne le souhaitons ou ne pouvons l’imaginer”, a-t-il ajouté.

