
Le Premier ministre Sébastien Lecornu annonce qu’il va revenir sur « la suppression de deux jours fériés »
« Je souhaite que l’on épargne celles et ceux qui travaillent. C’est pourquoi j’ai décidé de retirer la suppression de deux jours fériés. J’entends ce que disent nos concitoyens : ils veulent que le travail paie. Ce débat doit permettre d’ouvrir une réflexion sur le rapport que l’on a au travail. Et donc on ne peut pas toucher à la fiscalité sans évaluer l’impact sur l’emploi et les entreprises.
Retirer la suppression des jours fériés exigera de trouver d’autres sources de financement. Le dialogue avec les partenaires sociaux, la démocratie sociale, le paritarisme, doit fonctionner. Je vais m’y employer. Mais ce que nous ferons devra fondamentalement protéger le travail. »
Sébastien Lecornu, Premier Ministre – Source : La Dépêche – Le 13 septembre 2025
Publié par BFM TV le 13 septembre 2025
Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu annonce, dans un entretien à des quotidiens régionaux, qu’aucun jour férié ne sera supprimé pour épargner les personnes qui travaillent.
C’était une mesure qui ne faisait pas du tout l’unanimité. Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu a annoncé, ce samedi 13 septembre [2025] dans un entretien à la presse régionale, qu’il « retire la suppression de deux jours fériés ».
Proposée par l’ancien Premier ministre François Bayrou, cette mesure a été vivement critiquée par les oppositions et les Français.
« Il y a des questio« s de justice fiscale, de répartition de l’effort et il faut y travailler sans idéologie, j’y suis prêt […] je souhaite que l’on épargne celles et ceux qui travaillent […] j’entends ce que disent nos concitoyens: ils veulent que le travail paie », explique Sébastien Lecornu pour justifier sa décision.
« Je veux une discussion parlementaire franche »
En revanche, revenir sur cette mesure « exigera de trouver d’autres sources de financement » pour réduire la dette. Pour cela, il doit former un gouvernement, préparer un budget puis débattre et trouver des compromis avec les autres forces politiques.
« Le futur budget ne correspondra peut-être pas complètement à mes convictions… C’est même quasiment certain », estime-t-il avant d’ajouter: « Je veux une discussion parlementaire moderne et franche, de très bon niveau avec le PS, Les Écologistes et le Parti communiste. Cette gauche républicaine dont on connaît les valeurs doit s’émanciper de La France insoumise, qui s’exclut elle-même de la discussion et préfère le désordre. »
Sébastien Lecornu évoque aussi la question d’éventuelles discussions avec le RN. « Si vous me demandez s’il faut passer un accord politique avec le RN, la réponse est évidemment non. En revanche, refuser de discuter à l’Assemblée avec des députés élus par un tiers des Français, ça n’aurait aucun sens », a-t-il dit.
La fin des privilèges des ex-membres du gouvernement
Interrogé sur la question des avantages accordés aux anciens ministres et sur le train de vie de l’État, le nouveau Premier ministre indique qu’ « on ne peut pas demander aux Français de faire des efforts si ceux qui sont à la tête de l’État n’en font pas ».
Il annonce ainsi qu’il va mettre « fin aux derniers privilèges qui sont encore accordés ‘à vie’ à certains anciens membres du gouvernement ».
De plus, il prévoit de demander à des hauts fonctionnaires « d’examiner les dépenses de l’État, comme « les délégations interministérielles ou les offices » pour « faire le ménage ».
« Un grand acte de décentralisation » bientôt présenté
Sébastien Lecornu a également annoncé qu’il va ouvrir des consultations « dès la semaine prochaine » en vue d’ « un grand acte de décentralisation, de clarification et de liberté locale ».
« Il faut que l’on définisse ce qu’on attend de l’État, au moment où les attentes seront de plus en plus fortes notamment sur le régalien », a-t-il déclaré, en ajoutant que ces changements auraient dû être engagés après le grand débat qui avait suivi la crise des gilets jaunes.
Publié par Le Figaro le 13 septembre 2025
Sébastien Lecornu renonce à la suppression de deux jours fériés voulue par François Bayrou
Le nouveau premier ministre a annoncé une première série de mesures pour sortir de l’impasse budgétaire.
Le premier ministre Sébastien Lecornu a annoncé samedi [13 septembre 2025] le retrait de la proposition très critiquée et impopulaire de suppression de deux jours fériés prévue par son prédécesseur François Bayrou, tout en tendant la main à la gauche pour sortir de l’impasse budgétaire. « J’ai décidé de retirer la suppression de deux jours fériés », a déclaré le nouveau chef de gouvernement, dans son premier entretien accordé à la presse quotidienne régionale, publié après un déplacement à Mâcon.
Dans la préfecture de Saône-et-Loire, il a consacré sa toute première annonce à un des sujets de préoccupation majeure des Français, les déserts médicaux. Il veut bâtir d’ici 2027 un réseau national de 5000 maisons «France Santé» pour améliorer l’accès aux soins.
Quatre jours à peine après sa nomination, le nouveau et jeune (39 ans) Premier ministre, qui avait promis une «rupture» en arrivant à Matignon, a assuré aux quotidiens régionaux qu’il misait sur «le dialogue avec les partenaires sociaux» pour trouver «d’autres sources de financement» que l’abandon de deux jours fériés qui, selon François Bayrou, devait rapporter 4,2 milliards d’euros dans le budget 2026. Sébastien Lecornu a également coupé court aux spéculations sur une réouverture du conclave entre syndicats et patronats sur les retraites. Il n’en a pas l’intention.
Discuter avec la gauche
Pour faire passer le budget à l’Assemblée nationale, c’est clairement vers la gauche qu’il se tourne. «Je veux une discussion parlementaire moderne et franche, de très bon niveau avec le PS, Les Écologistes et le Parti communiste», a-t-il souhaité, en saluant une «gauche républicaine» qui «doit s’émanciper de La France insoumise». «Ce sera difficile mais nécessaire pour donner un budget au pays», a-t-il ajouté. La tonalité est très différente lorsque le premier ministre évoque le Rassemblement national. «Si vous me demandez s’il faut passer un accord politique avec le RN, la réponse est évidemment non. En revanche, refuser de discuter à l’Assemblée avec des députés élus par un tiers des Français, ça n’aurait aucun sens», a-t-il expliqué.
Sébastien Lecornu cherche ainsi à convaincre aussi l’opinion, autant que les forces politiques, du bien-fondé de sa méthode: trouver des terrains d’entente, en particulier sur le budget, permettant de gouverner sans majorité parlementaire. Interrogé sur l’éventuelle mise en place d’une taxe sur les très hauts patrimoines dite «Zucman» (du nom de l’économiste Gabriel Zucman), comme le demande la gauche, il s’est dit prêt à travailler sur des «questions de justice fiscale», tout en appelant à faire «attention au patrimoine professionnel, car c’est ce qui permet de créer des emplois et de la croissance». Le président du Medef Patrick Martin a prévenu qu’une «grande mobilisation patronale» serait organisée si les impôts des entreprises étaient augmentés. Pour lui, la taxe Zucman s’apparente dans certains cas à «une spoliation».
Sébastien Lecornu reste également très prudent sur une autre demande du PS, le renoncement à l’article 49.3. Il préférerait ne pas l’utiliser mais ne veut pas se démunir d’emblée de cet outil constitutionnel pour faire adopter le budget. «Si c’était le cas, ce ne serait pas uniquement l’échec du gouvernement, ce serait un échec pour tous, mais la France doit avoir un budget», a-t-il expliqué. Au chapitre des ruptures, le premier ministre a également annoncé l’ouverture «dès la semaine prochaine» de consultations en vue d’«un grand acte de décentralisation, de clarification et de liberté locale». «Il faut que l’on définisse ce qu’on attend de l’État, au moment où les attentes seront de plus en plus fortes notamment sur le régalien», a-t-il noté, n’écartant pas la fusion ou la fermeture d’agences gouvernementales.
«Il va falloir davantage»
À la Fête de l’Humanité, le coordinateur de LFI Manuel Bompard a réagi aux premières annonces du Premier ministre en estimant qu’il «va falloir davantage pour répondre à la colère et à l’exaspération des Français». La secrétaire générale de la CGT a de son côté vu la non-suppression des jours fériés comme «une première victoire». Dans cette délicate discussion budgétaire, Sébastien Lecornu doit faire des concessions aux socialistes, pour éviter qu’ils ne censurent son gouvernement, sans s’aliéner ses alliés du parti de droite Les Républicains (LR).
En commentant la dégradation vendredi soir [12 septembre 2025] de la note de la dette française par l’agence américaine Fitch, le ministre démissionnaire de l’Intérieur et président de LR Bruno Retailleau lui a adressé un avertissement à peine voilé. Il a certes mis en cause «des décennies d’errance budgétaire», mais également rejeté les propositions socialistes qui ne feront que «tout aggraver».
Élu local de l’Eure, où il a été maire, président de département et sénateur, venu de la droite, Sébastien Lecornu est un des plus proches soutiens d’Emmanuel Macron, qu’il avait rejoint dès 2017. Avant son arrivée à Matignon, il était depuis 2022 ministre des Armées. «Cette loyauté avec le président de la République m’offre précisément la liberté d’adapter l’action gouvernementale aux circonstances», a-t-il relevé dans l’entretien publié samedi [13 septembre 2025].

