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L’Otan montre les muscles face à la Russie et assure avoir 300.000 soldats mobilisables

Publié par La Tribune le 13 juin 2024

Le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg a affirmé, ce jeudi [12 juin 2024], que les pays membres veulent prendre des mesures pour durcir leur réponse contre Moscou. Une annonce faite après une vague sans précédent d’attaques hybrides en Europe menées par la Russie. Il a dans le même temps affirmé que les forces de l’Otan « dépassent largement les 300.000 » soldats.

[Article publié le jeudi 13 juin à 16h44, mis à jour à 17h52] Quelle réponse face à « la campagne d’activités hostiles contre les Alliés de l’Otan menée par la Russie » ? Réunis ce jeudi et vendredi [12 et 13 juin 2024] à Bruxelles, les ministres de la Défense entendent décider de mesures spécifiques en ce sens, a déclaré, ce jeudi, le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg, devant la presse.

Les 32 pays de l’Otan vont notamment travailler sur des « options » pour répondre à ces attaques hybrides, comprenant notamment un plus grand partage du renseignement, un renforcement de la protection des infrastructures essentielles (énergie, télécommunications, etc) et des mesures de « restriction » à l’encontre des agents russes, a-t-il ajouté.

Moscou accusé de vouloir semer la discorde dans les pays de l’Otan

La menace de sanction de l’Otan fait suite à la plainte de plusieurs pays membres sur une recrudescence des attaques hybrides de Moscou. « Nous avons eu plusieurs exemples de sabotage, d’incendies criminels, de cyberattaques et de désinformation », a précisé Jens Stoltenberg avant le début d’une réunion des ministres de la Défense de l’Otan.

La Pologne a ainsi indiqué vouloir restreindre les déplacements des diplomates russes sur son territoire après l’arrestation de plusieurs personnes soupçonnées de sabotage pour le compte de la Russie. L’Otan soupçonne la Russie de vouloir propager la peur, semer la discorde et tenter de saper le soutien des Alliés à l’Ukraine. « Les actions de la Russie ne nous empêcheront pas de continuer à soutenir l’Ukraine », a affirmé sur ce point Jens Stoltenberg.

300.000 soldats de l’Otan prêts à intervenir

Mais l’Alliance prévient qu’elle ne se laissera pas intimider. Elle a notamment insisté sur le nombre de soldats qu’elle pourrait mobiliser en cas d’escalade des tensions. Les pays de l’Otan s’étaient mis d’accord après l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022 pour fortement augmenter le nombre de troupes mobilisables en moins de 30 jours. Les réponses apportées par les Alliés « dépassent largement les 300.000 », le chiffre que l’Otan s’était alors fixé, a précisé un haut-responsable de l’Alliance, sous couvert d’anonymat.

Cette capacité accrue de mobilisation fait partie des plans mis en place par l’Otan pour répondre à toute éventuelle attaque, décidés lors du sommet de l’Alliance à Vilnius (Lituanie) l’an dernier. Ces plans de défense précisent ce que chaque allié doit faire en cas d’invasion de la Russie, pour la première fois depuis la fin de la Guerre froide.

Les commandements militaires vérifient dans chaque pays de l’Alliance s’ils ont les capacités nécessaires et sont en mesure de mettre en œuvre ces plans. Dans ce projet, l’Otan a néanmoins accumulé du retard en matière de défense anti-aérienne et de missiles à longue portée.

Seuls deux systèmes de défense anti-aérienne

Les pays de l’Otan n’ont trouvé que deux systèmes de défense anti-aérienne, de type Patriot ou Samp-T, à donner à l’Ukraine, qui en réclame pourtant depuis des mois, ont reconnu jeudi [12 juin 2024] plusieurs d’entre eux. « Je n’ai aucune annonce à faire, sur les batteries de Patriot aujourd’hui (jeudi) », a reconnu le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, en marge d’une réunion à Bruxelles avec ses homologues de l’Otan. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba avait pourtant réclamé de ses alliés, début avril, qu’ils leur envoient au moins sept batteries de Patriot, des missiles sol-air sophistiqués, de fabrication américaine, capables d’intercepter des missiles balistiques à grande vitesse.

Mardi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait renouvelé son appel aux Occidentaux pour qu’ils livrent au plus vite de nouveaux systèmes de défense antiaérienne. Les incessantes frappes russes ont fait des dizaines de victimes civiles et mis à genoux l’infrastructure énergétique du pays. « Les systèmes modernes de défense antiaérienne peuvent assurer une protection maximale des personnes, de nos villes et de nos positions. Nous en avons besoin autant que possible », avait alors déclaré le président ukrainien.

Mais seule l’Allemagne a répondu à l’appel, en promettant à la mi-avril l’envoi d’une troisième batterie de Patriot, après en avoir déjà envoyé deux. « Donc, nous n’avons plus de marge pour en fournir davantage, au-delà de trois. C’est aux autres maintenant de fournir ces systèmes », a indiqué jeudi le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius. Depuis, les Pays-Bas s’efforcent d’assembler un « puzzle » de différentes pièces en provenance de plusieurs pays de l’Otan, pour constituer une batterie complète au bénéfice de l’Ukraine. « On l’appelle le puzzle du Patriot, ce qui veut dire que d’autres pays sont en train de voir ce qu’ils peuvent faire », a expliqué la ministre néerlandaise de la Défense Kajsa Ollongren.

L’Italie a également promis d’envoyer une batterie de Samp-T, un système de défense anti-aérienne de fabrication italo-française. Plusieurs pays de l’Otan, dont les Etats-Unis, l’Espagne, la Pologne ou la Grèce disposent de batteries de Patriot, ou de Samp-T. Mais ils assurent en avoir besoin pour protéger leurs territoires. « Il n’y aura pas de changement dans notre couverture faite de systèmes Patriot en Pologne », a ainsi précisé Lloyd Austin.

L’Otan reste confiant sur le soutien de la France

Le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg s’est dit convaincu, ce jeudi [12 juin 2024] à Bruxelles, que la France resterait un allié « solide et important » quel que soit son prochain gouvernement.

« Quelle que soit l’issue des élections, je considère que la France fait partie intégrante de l’Otan, tout autre chose serait difficilement explicable, mais là encore, il faut simplement attendre de voir », a déclaré de son côté le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius, avant une réunion à Bruxelles avec ses homologues de l’Alliance atlantique.

Arrivé en tête des élections européennes en France, le Rassemblement national de Marine Le Pen a toujours réclamé la sortie de la France du commandement intégré de l’Alliance atlantique. Le président du parti, Jordan Bardella, a cependant indiqué que ce retrait était désormais conditionné à la « stabilisation (de) la situation en Ukraine ». Mercredi, le président français Emmanuel Macron avait fustigé les ambiguïtés du RN à l’égard de la Russie, et sa volonté de « sortir de l’Otan ».

Source : https://www.latribune.fr/economie/international/l-otan-montre-les-muscles-face-a-la-russie-et-assure-avoir-300-000-soldats-mobilisables-999779.html