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« On les a jetés dans un bus » : l’Ukraine en manque de soldats après 1 000 jours de guerre, des civils recrutés de force

Publié par BFM TV le 18 novembre 2024

Face à l’armée russe, Volodymyr Zelensky et les forces ukrainiennes entendent mobiliser 160.000 hommes. Mais beaucoup d’Ukrainiens ne veulent pas combattre. Depuis deux ans et demi, ils vivent cachés, dans la peur d’être envoyés de force sur le front.

C’est la mobilisation générale. Près de 1.000 jours après le début de la guerre en Ukraine, l’armée de Volodymyr Zelensky manque de soldats pour repousser les forces russes de Vladimir Poutine. Dans les rues de Kiev et des grandes villes du pays, des milliers d’hommes en âge de combattre vivent dans la peur d’être arrêtés par les autorités et d’être recrutés de force.

Depuis avril, tout homme de 25 ans ou plus (contre 27 auparavant) peut être appelé pour rejoindre les brigades de l’armée ukrainienne. Et ces dernières semaines, plusieurs jeunes qui n’avaient pas répondu à leur convocation ont été embarqués de force, parfois de manière extrêmement violente.

Des Ukrainiens vivent dans la peur

Des scènes qui sont devenues virales sur les réseaux sociaux et qui terrifient les Ukrainiens. « J’ai des amis qui sont morts à la guerre parce qu’on les a jetés dans un bus et envoyés en enfer », explique à BFMTV Oleg, un père de famille qui vit caché chez lui et qui a requis l’anonymat pour s’exprimer.

Sans-emploi, cet ancien chauffeur de taxi survit grâce à l’aide de ses amis. « Je reste à la maison, je sors seulement de chez moi pour sortir les poubelles ou pour aller dans une petite supérette qui se trouve dans l’immeuble d’à côté », témoigne-t-il.

Depuis le début de la guerre, Oleg vit confiné. « En-dehors de ça, je ne bouge pas, je ne sors jamais d’un périmètre d’un kilomètre », résume-t-il.

En Ukraine, la mobilisation est devenue un sujet controversé au fur et à mesure de l’enlisement de la guerre face à la Russie. Dès le début du conflit, Volodymyr Zelensky a sonné la mobilisation générale en interdisant aux hommes entre 18 et 60 ans de fuir le pays en février 2022.

« J’aimerais bien que tout se passe dans les règles »

Après avoir abaissé l’âge des appelables de 27 à 25 ans, le gouvernement ukrainien a fait passer un texte en avril supprimant la démobilisation des militaires combattant depuis plus de 36 mois. En février prochain, à l’occasion des trois ans de la guerre, ils seront des milliers dans cette situation.

Les sanctions pour ceux tentant d’échapper à la mobilisation ont en outre été durcies. Sauf que le système d’enrôlement actuel est jugé par de nombreux Ukrainiens injuste, inefficace et souvent corrompu.

« Je ne suis pas contre la mobilisation, mais vu comment ça se passe du côté de l’État, évidemment je ne veux pas moi-même subir ce genre de situation où on me jetterait dans un bus par exemple. Moi, j’aimerais bien que tout se passe dans les règles », dit à BFMTV Vladyslav.

Ce jeune homme de 31 ans n’a pas encore été appelé, mais il redoute déjà son intégration dans l’armée.

Car Kiev a récemment annoncé prévoir de mobiliser 160.000 personnes entre novembre et février. Le gouvernement de Volodymyr Zelensky cherche aussi à recruter parmi les centaines de milliers d’hommes ukrainiens vivant en Europe, notamment en Pologne et en Allemagne. Certains avaient fui leur pays illégalement au début de la guerre, justement de peur d’être mobilisés.

Source : https://www.bfmtv.com/international/europe/ukraine/on-les-a-jetes-dans-un-bus-l-ukraine-en-manque-de-soldats-apres-1-000-jours-de-guerre-des-civils-recrutes-de-force_AV-202411180187.html