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Twitter Files : un résumé des 19 épisodes déjà sortis – Par Renaud Beauchard

NDLR : vous avez loupé un (ou plusieurs) épisode(s) de la meilleure série du moment, les Twitter Files ? Il faut dire qu’il ne faut pas compter sur les médias main stream pour nous informer ! Venez rattraper votre retard avec cet excellent résumé des différents épisodes, sortis depuis décembre 2022. Le tout dernier en date, le n°19, est sans doute le plus intéressant à ce jour, puisqu’il révèle la stratégie de Twitter et d’autres plateformes (Google – YouTube ; Facebook – Instagram ; Tik-Tok etc.) de considérer une information – même VRAIE – comme de la désinformation si celle-ci est de nature à inciter à l’hésitation vaccinale contre le Covid !! Rien que ça !! Bon, on s’en doutait, mais voilà la chose confirmée !! Bonne lecture.


Un résumé actualisé complet des Twitter Files avec liens et glossaire
A jour des livraisons 18 et 19
.

Publié par Renaud Beauchard, le 13 mars 2023 et actualisé au 28 mars 2023

Afin de combler la carence des médias de prestige, qui ont complètement passé sous silence les Twitter Files, j’ai compilé pour vous un résumé de toutes les livraisons à ce jour, principalement à partir du propre résumé de Matt Taibbi, dont le texte qui suit est largement une traduction.  

Voici, dans l’ordre un résumé des dix-neuf livraisons des Twitter Files à ce jour:

Twitter Files Livraison 1: 2 décembre, 2022, par Matt Taibbi, @mtaibbi

TWITTER ET L’AFFAIRE DE L’ORDINATEUR PORTABLE D’HUNTER BIDEN

Cette livraison relate le drame interne à Twitter autour de la décision de bloquer l’accès à un reportage du New York Post sur Hunter Biden en Octobre 2020.

Principales Révélations: Twitter a bloqué l’accès à ce reportage au motif de sa politique “contenus piratés”, mais des dirigeants de Twitter savaient que cette décision était problématique. « Peut-on avec confiance établir que ce blocage entre dans le champ d’application de nos conditions d’utilisateurs ? » demandait le responsable de la communication de Twitter Brandon Borman. Cette livraison a aussi révélé qu’un sous-traitant de Twitter sondait des représentants au Congrès sur la décision de bloquer le reportage du New York Post sur Hunter Biden. Les représentants du parti démocrates sondés ont demandé davantage de modération, déclarant que « le Premier Amendement ne garantit pas un droit absolu. »

1a. Complément à la première livraison, 6 décembre 2022, par Matt Taibbi, @mtaibbi

LE « DEPART » DU DIRECTEUR JURIDIQUE ADJOINT DE TWITTER, JIM BAKER

La seconde livraison des Twitter Files a été retardée au moment où Bari Weiss, nouvellement introduite par Elon Musk dans l’équipe devant traiter les sources, a découvert que l’ancien directeur juridique du FBI, et directeur juridique adjoint de Twitter, Jim Baker, était en train de revoir les premiers lots de documents internes à Twitter, entrainant un retard à la livraison desdits documents aux journalistes sélectionnés par Elon Musk pour y avoir accès.

Twitter Files livraison 2, par Bari Weiss,  @BariWeiss, 8 décembre 2022

LA LISTE NOIRE SECRETE DE TWITTER

Bari Weiss a apporté des réponse à une question posée de longue date: “Twitter faisait-il du bannissement furtif (shadow-banning) de certaines personnalités?” les documents épluchés par Bari Weiss ont permis de répondre à cette question par l’affirmative. Le terme employé pour qualifier cette censure sélective est celui de « filtrage de visibilité » (“visibility filtering”). Twitter s’était aussi doté d’un haut conseil séparé, nommé SIP-PES, qui prenait les décisions concernant les comptes polémiques de personnes à forte visibilité.  

Principales Révélations: Twitter disposait d’une large boîte à outils afin de contrôler la visibilité de chaque utilisateur. Cette boîte à outil inclut une “liste noire de recherches” («Search Blacklist »), pour l’animateur de radio conservateur Dan Bongino, une “liste noire de tendances” (« Trends blacklist »), pour le professeur de médecine Jay Bhattacharya, et un réglage de « non amplification » (« Do Not Amplify »), pour le militant conservateur Charlie Kirk. Weiss cite ainsi un employé de Twitter : « pour vous représenter ce qu’est le filtrage de visibilité, envisagez-le comme une façon pour nous de supprimer ce que les gens voient à des niveaux différenciés. C’est un outil très puissant. » Bari Weiss s’est faite assister des reporters Abigail Shrier (@abigailshrier), Michael Shellenberger (@shellenbergermd), Nellie Bowles ( @nelliebowles ), et Isaac Grafstein (@isaacgrafstein).

Twitter Files, Livraison 3, par Matt Taibbi, @mtaibbi, 9 décembre 2022

LA FERMETURE DU COMPTE DE DONALD TRUMP, octobre 2020 – 6 janvier 2021

Il s’agit de la première d’une série de trois livraisons concernant la décision de clôturer le compte de Donald Trump. L’objectif de la série est de montrer comment tous les outils de « filtrage de visibilité » ont été élaborés, puis déployés après le 6 janvier 2021.

Principales Révélations: Le responsable de la Confiance et de l’intégrité (Trust and Safety Chief) rencontrait régulièrement non seulement le FBI et le Département de la Sécurité Intérieure (Department of Homeland Security), mais aussi le bureau du directeur du renseignement national (Office of the Director of National Intelligence « ODNI »). En outre, Twitter appliquait agressivement des outils filtrages de visibilité à Donald Trump longtemps avant l’élection de 2020. 

Twitter Files Livraison 4, par Michael Shellenberger (@ShellenbergerMD), 10 décembre 2022

LA CLOTURE DU COMPTE DE DONALD TRUMP, 7 janvier 2021

Le fil (thread) de Michael Shellenberger se concentre sur le jour clé suivant les évènements du 6 janvier jusqu’au bannissement de Trump de Twitter Le 8 janvier, montrant comment Twitter a trafiqué ses règles de façon à faire entrer le bannissement de Trump dans le champ d’application de ses conditions d’utilisateurs.  

Principales Révélations: la façon dont a été contraint au silence au moins un employé de Twitter s’inquiétait d’une “pente glissante” vers une situation où “le PDG d’une plateforme jouissant d’une présence globale… pourrait décider des formes d’expression acceptables dans le monde entier. » En outre, le censeur en chef Roth a sollicité une censure du représentant à la Chambre Matt Gaetz en dépit de la circonstance que ce bannissement « ne rentre dans aucune case (sans blague) » et Twitter a modifié sa « politique d’intérêt général » ( “public interest policy”) pour ouvrir une voie vers le bannissement de Trump.

Twitter Files Livraison 5, par Bari Weiss (@BariWeiss), 11 décembre 2022

LA CLOTURE DU COMPTE DE DONALD TRUMP, 8 janvier 2021

Malgré la colère au sein de Twitter envers Donald Trump après les évènements du Capitole du 6 janvier, plusieurs employés peinaient à justifier la suspension de son compte, déclarant, entre autres : « je pense que nous allons avoir des difficultés à prouver qu’il s’agit d’une incitation [à la violence.] ». Mais comme l’a documenté Bari Weiss, ils ont néanmoins trouvé le moyen de le faire.

Principales Révélations:  Il existait des dissensions au sein de Twitter (« peut-être est-ce parce que je suis originaire de Chine » rapportait un employé, « que je sais de première main comment la censure peut détruire la conversation publique »). Mais ces dissensions ont été balayées par de hauts dirigeants comme Vijaya Gadde et Roth, qui se sont rangés aux côtés des membres du personnel de Twitter usant de la rhétorique arendtienne de la « banalité du mal ». Ces derniers comparaient ceux qui, au sein de Twitter, recommandaient de s’en tenir à une interprétation strictement légaliste des règles de Twitter – c’est-à-dire de maintenir le compte de Trump, qui n’avait commis aucune violation – à « la soumission aux commandements du régime Nazi. »

Twitter Files Livraison 6, par Matt Taibbi (@mtaibbi), 16 décembre 2022

TWITTER EN TANT QUE SUCCURSALE DU FBI

Les rapports entre Twitter et le FBI étaient “constants et systématiques ». Les agents du FBI, principalement par l’intermédiaire du bureau de San Francisco, adressaient régulièrement des « rapports » à Twitter, le plus souvent concernant des comptes d’utilisateurs américains avec peu d’abonnés échangeant des blagues sous forme de tweets. Ces rapports concernaient des comptes de gens situés à droite et à gauche.

Principales Révélations : Un dirigeant situé au sommet de Twitter a indiqué qu’il « n’existe aucun obstacle au partage » d’informations classifiées. Twitter a aussi accepté de « rejeter » des contenus sur la recommandation d’un vaste ensemble d’acteurs gouvernementaux et non-gouvernementaux, du FBI à l’agence CISA du Département de la sécurité intérieure, en passant par le projet Stanford Election Integrity et les gouvernements des Etats de l’Union. Un jour, le nombre de requêtes de modération reçue par Twitter émanant du FBI était tel qu’un dirigeant de la société a félicité ses équipes pour avoir accompli un « exploit monumental. »

Twitter Files Livraison 7, par Michael Shellenberger (@ShellenbergerMD), 19 décembre 2022

LE FBI ET L’ORDINATEUR PORTABLE DE HUNTER BIDEN

A mesure que les livraisons se succèdent, le récit des Twitter Files se concentre de plus en plus sur les relations entre Twitter et les agences de renseignement et de maintient de l’ordre public. Cette livraison se concentre sur les communications intensives entre le FBI et Twitter juste avant la publication du reportage du New York Post sur l’ordinateur portable de Hunter Biden.

Principales Révélations:  L’agent du bureau du FBI de San Francisco, Elvis Chan, envoie dix documents à Yoel Roth, alors responsable de l’intégrité du site, au travers d’un canal de communication à sens unique du FBI à Twitter nommé Teloporter, la veille de la publication du reportage du New York Post. En outre, Baker (cf. livraison 1)a) explique dans un email que Twitter recevait une compensation pour son « traitement des requêtes » du FBI, ajoutant « je suis heureux de vous annoncer que nous avons collecté 3.415.323 $ depuis octobre 2019! »

Les dix documents auxquels il est fait reference dans la livraison de Mike Shellenberger sur le FBI.

Twitter Files, Livraison 8, par Lee Fang (@lhfang), 10 décembre 2022

COMMENT TWITTER A CALMEMENT ASSISTE UNE CAMPAGNE D’OPERATION PSYCHOLOGIQUE (PSYOP) EN LIGNE DU PENTAGONE  

Lee Fang est parti dans un fascinant détour, s’intéressant à la façon dont Twitter a été le complice et le soutien d’opérations à couvert diligentées depuis le Pentagone. Bien que la société ait explicitement témoigné devant le Congrès qu’elle n’admettrait pas de tels comportements, la plateforme à l’oiseau bleu était néanmoins un partenaire privilégié dans des opérations de l’Etat impliquant de faux comptes.

Principales Révélations: après que le Centre de commandement américain (CENTCOM) ait envoyé une liste de 52 comptes en arabes dont « certains messages étaient amplifiés » par eux, Twitter a accepté de placer ces comptes sur une « liste blanche » (whitelist). En définitive, les opérations du Pentagone ont fini par être révélées par le Washington Post en 2022 – deux ans après que Twitter et d’autres plateformes aient cessé de collaborer – mais contrairement à ce qui ressort des révélations dans la presse, Twitter savait et/ou a prêté son assistance à ces opérations pour au moins trois ans entre 2017 et 2020.

Fang a écrit un article sur cette livraison dans the Intercept  disponible sur ce lien

 Twitter Files, Livraison 9, par Matt Taibbi (@mtaibbi), 24 décembre 2022

TWITTER ET « AUTRES AGENCES GOUVERNEMENTALES »

La livraison de Noël apporte d’intéressants détails sur la façon dont fonctionne les canaux de communication entre le gouvernement fédéral et Twitter, et révèle que Twitter reçoit directement ou indirectement des listes de contenus signalés (flagged) par « d’autres agences gouvernementales », c’est-à-dire la CIA.

Principales Révélations: Des officiels de la CIA ont participé au moins une fois à une conférence avec Twitter pendant l’été 2020, et des sociétés comme Twitter et Facebook recevaient des briefings de l’ « Office of Global Affairs » au cours de leurs réunions régulières de l’ « industrie » tenus en conjonction avec le FBI et le Département de la sécurité intérieure. Le FBI et la « task force de l’influence étrangère” rencontraient régulièrement, non seulement Twitter, mais aussi Yahoo, Twitch, Cloudfare, Linkedin, et même Wikimedia.  

Twitter Files Livraison 10, par David Zweig, @DavidZweig, 28 décembre 2022

COMMENT TWITTER A PERVERTI LE DEBAT SUR LE COVID

David Zweig s’est attaché à démontrer comment Twitter a considérablement atténué des informations vraies sur le Covid qui pouvaient se révéler peu accommodantes, voire gênantes pour des responsables publics, en « discréditant des médecins et autres experts en désaccord » avec la version officielle.

Principales Révélations: Zweig a trouvé des mémorandum du personnel de Twitter en contact avec des membres de l’administration Biden qui étaient « très en colère » que Twitter n’ait pas « dé-plateformé » plus de comptes. Par exemple, des responsables de la Maison Blanche exigeaient qu’une attention plus soutenue soit portée au compte du reporter Alex Berenson. Zweig a aussi découvert d’« innombrables » exemples de bannissement ou de qualifications de « trompeurs » de comptes qui relataient des vérités ou étaient seulement polémiques. Par exemple, un médecin de Rhode Island du nom d’Andrew Bostom (@andrewbostom) a vu son compte suspendu au motif, entre autres choses, qu’il se référait à des études publiées dans des revues à comité de lecture sur les vaccins à ARN messager.

Twitter Files Livraisons 11 et 12, par Matt Taibbi, @mtaibbi, 3 janvier 2023

COMMENT TWITTER A LAISSE LA COMMUNAUTÉ DU RENSEIGNEMENT S’ENGOUFFRER DANS SES AFFAIRES

et

TWITTER ET LE “NOMBRIL” DU  FBI

Ces fils se concentrent respectivement sur la seconde moitié de l’année 2017 et une période s’étalant de l’été 2020 à ce jour. La première décrit comment Twitter a cédé à la pression du Congrès et des médias de prestige de laisser circuler sur la plateforme des « contenus » alléguant sans fondement sérieux des complot ourdis par de prétendus comptes russes, et la seconde montre comment Twitter a essayé de résister à des demandes pressantes de modération émanant du Département d’Etat, mais a en définitive accepté de laisser le Département d’Etat et d’autres agences leur adresser des requêtes par le truchement du FBI, que l’agent Chan nomme le « nombril du gouvernement américain ».

Principales Révélations : Fin 2017, Twitter a pris une décision en interne. Dans sa communication externe, la société prétendrait être indépendante et promettait que des contenus ne seraient retirés qu’à « sa seule discrétion ». Les directives internes prévoient, par écrit, que Twitter ne clôturerait des comptes « identifiés par la communauté du renseignement américain » que lorsque ceux-ci sont « identifiés par la communauté du renseignement américain comme des entités soutenues par des Etats effectuant des opérations sur la toile. »  

Le second fil montre comment Twitter a accepté des requêtes émanant de tout le monde – Département du Trésor, le U.S. Department of Health and Human Services (HHS), la National Surveillance Agency (NSA), le FBI, le Département de la sécurité intérieure (DHS), etc. – mais a aussi reçu des requêtes personnelles émanant de politiciens comme la représentant à la chambre des représentants Adam Schiff, qui exigeait que le compte du journaliste Paul Sperry soit suspendu.  

Twitter Files Livraison 13, par Alex Berenson, @AlexBerenson, 9 janvier 2023

COMMENT TWITTER A AIDE A DISSIMULER LA VÉRITÉ SUR LE COVID

La nouvelle recrue Alex Berenson montre comment Twitter a enterré ou effacé des informations vraies sur le Covid 19, avec l’assistance de l’ancien lobbyiste de Pfizer, Scott Gottlieb.

Principales Révélations: L’agent de liaison politique senior de Twitter, Todd O’Boyle, craignait que les observations tout à fait vérifiées de l’ancien directeur par interim de la direction de la FDA (US Food and Drug Administration)[i] Brett Giroir concernant l’effectivité de l’immunité naturelle ne soient « corrosives » et finissent par devenir « virales ». Par conséquent, il décida de placer un label « trompeur » sur les tweet de Giroir. Notons que Gottlieb fit aussi pression sur Twitter pour clôturer le compte de Berenson.

Twitter Files Livraison 14, par Matt Taibbi, @mtaibbi, 12 janvier 2023

LES MENSONGES DU RUSSIAGATE

Le conte de fées des bots russes et le hashtag #ReleaseTheMemo

Des communications internes à Twitter montrent que ce n’étaient nullement des bots ruses qui faisaient du battage médiatique autour du mémorandum classifié du représentant à la chambre des représentants Devin Nunes en janvier 2018.

Principales Révélations: trois parlementaires démocrates importants – les sénateurs Dianne Feinstein et Richard Blumenthal, ainsi que le déjà cité Adam Schiff, représentant à la chambre, et ancien président de la commission sur le renseignement (House Intel Committee) – ont fait référence à un Think Tank nommé Hamilton 68 en dénonçant un mémorandum de Nunes comme le produit d’une collaboration avec des « opérateurs d’influence russes » (“Russian influence operations”). Cependant, tous trois ont été alertés par des dirigeants de Twitter qu’il n’y avait pas trace de russes dans cette affaire. Entre autres, l’ancien chef de la confiance et de l’intégrité de Twitter a écrit : « Je viens juste de consulter les comptes ayant posté les 50 premiers tweets avec le hashtag # publiez le mémo (#releasethememo) et… aucun ne donne le moindre signe d’affiliation à la Russie. »

 Complément aux Twitter Files, par Matt Taibbi, @mtaibbi, 13 janvier 2023

DAVANTAGE DE DEMANDES DE BANNISSEMENT ET DE DE-AMPLIFICATION PAR ADAM SCHIFF

Il s’agit d’un bref fil de dix tweet montrant que l’ancien chef de la commission sur le renseignement de la Chambre des Représentants, Adam Schiff, a envoyé des requêtes répétées de bannissement de personnes critiques vis- à-vis de la commission qu’il dirigeait.

Principales Révélations: Schiff et le comité national démocrate (Democratic National Council, c’est-à-dire la présidence du parti démocrate) ont non seulement exigé la clôture du compte immanquablement satirique « Peter Douche », mais ont aussi demandé la clôture de comptes critiques du Dossier Steele [ii], ainsi que des comptes ayant désigné par son nom le supposé « whistleblower » dans le Ukrainegate [iii], Eric Ciaramella. Schiff et ses équipes ont aussi indiqué que, bien qu’ils « apprécient grandement » les efforts par Twitter de dé-amplifier certains comptes, notamment ceux relayant des rhetoriques Qanon, ils s’inquiétaient que la dé-amplification « puisse… réduire la capacité des services d’enquêtes et de sanction de faire des recherches sur Twitter de comptes contenant des indices de menaces potentielles» pour la sécurité.

Twitter Files Livraison 15, par Matt Taibbi, @mtaibbi, 27 janvier 2023

SUR LA PRODUCTION DE SCOOPS DU THINK TANK HAMILTON 68

Il s’agit sans doute de la livraison la plus intéressante. Elle concerne un think tank « bipartisan » créé par l’ancien agent spécial du FBI Clint Watts, qui est un intervenant régulier sur NBC News et MSNBC. Selon la description de Taibbi, Hamilton 68 est un « Think Tank avec un empilage d’autres think tanks au-dessus de lui, incluant le German Marshall Funds et l’Alliance for Securing Democracy (ASD) », au sein de laquelle on retrouve une très grande majorité d’anciens membres de la communauté du renseignement, principalement de la CIA. Siégeant au conseil consultatif de l’ASD, on retrouve des figures comme l’intellectuel faucon néo-conservateur Bill Kristol, l’ancien chef de campagne d’Hillary Clinton, John Podesta, l’ancien directeur de la CIA par intérim Michael Morell, l’ancien directeur du Département de la sécurité intérieure Michael Chertoff.

Hamilton 68 prétendait surveiller et dénoncer l’influence russe sur la toile et la diffuser au moyen d’un tableau de bord (Dashboard), intitulé Hamilton 2.0 dashboard. Ce tableau de bord fournissait à ses lecteurs une analyse « presque en temps réel » de tweets en anglais d’un ensemble de 600 comptes identifiés comme des utilisateurs propageant de la propagande russe. En fait, lesdits comptes étaient dans une écrasante majorité des comptes d’américains ordinaires et de figures des médias et du commentariat politique comme David Horowitz, Dennis Michael Lynch, et même des journalistes progressistes comme Joe Lauria, redacteur en chef de Consortium.

A plusieurs reprises, des représentants de Twitter ont essayé de discréditer Hamilton 68 auprès des médias recyclant les informations relayées par le tableau de bord, mais les journalistes refusaient de considérer la moindre preuve contraire de la fiabilité de la source.

En conversation avec Matt Taibbi sur leur podcast hebdomadaire, le scénariste, écrivain et journaliste d’investigation Walter Kirn a admirablement décrit le système Hamilton 68 comme « un système enchanté au moyen duquel les médias de prestige peuvent écrire des articles polémiques concernant l’influence russe et les relier à n’importe quel sujet de l’actualité, et générer des articles sans mener d’enquêtes qui ressemblent à de l’information intrigante, pour ensuite se dispenser de les vérifier. » Ce système, explique Kirn, permet d’économiser sur l’enquête journalistique, sur la vérification des faits, et fournit aux journalistes le genre d’articles qu’ils publiaient auparavant grâce à des collectes rigoureuses de témoignages d’insiders. Avec le nouveau système, ces articles leur sont livrés clé en main, et lorsqu’on les informe que c’était trop beau pour être vrai, ils ne veulent pas l’entendre. Et Kirn d’ajouter que ce système « illustre non pas tant le manque de curiosité et la paresse des journalistes que leur besoin d’un nouveau type de produit d’information qui ne leur impose pas le devoir de creuser, le temps de confirmer les informations, mais a toutes les propriétés d’un scoop ou d’enquêtes remuant la merde. »

Principales Révélations : Des employés de la direction de Twitter ont exprimé leur désarroi devant les très graves inexactitudes des informations relayées par Hamilton 68, qu’ils ont estimé ne pas être autre chose qu’un outil permettant de labeliser de façon mensongère des propos conservateurs légitimes comme de l’« influence russe. »  

Ainsi, le déjà cité Yoel Roth nommait les informations relayées par Hamilton 68 comme de la camelote (« bullshit »), allant jusqu’à suggérer que Twitter prenne position publiquement. Hamilton 68, écrivait Roth dans un email, « accuse sans aucun fondement un ensemble de compte de droite légitimes d’être des bots russes. »

Après la tuerie de Parkland en février 2018, en Floride, attribuée par des articles relayant des sources de Hamilton 68 à de la radicalisation par des bots russes, Twitter a fait l’objet d’enquêtes parlementaires. Dans des communications internes, un employé de Twitter a écrit : « pourquoi ne dirions-nous pas que nous faisons l’objet d’une enquête… et présenter Hamilton 68 comme une source d’information mensongère, irresponsable et partiale ? » Et Roth de proposer un ultimatum : « je suggère un ultimatum : soit vous révélez la liste [des 600 comptes] soit nous le faisons. » En revanche, rien n’a été fait en raison de préoccupations en interne de ne pas s’attirer les foudres de la très influente Alliance for Securing Democracy. Ainsi, Emily Horne, partie ensuite pour la Maison Blanche où elle est devenue la porte-parole du Conseil de la Sécurité Nationale (National Security Council) a-t-elle écrit : « nous devons être prudents et ne pas trop aller publiquement à l’encontre de l’ASD.» De même, Carlos Monje, qui devait ensuite devenir le conseiller de Pete Buttigieg au Département des transports : « j’ai moi aussi été très frustré de ne pas mettre en cause Hamilton 68 publiquement, mais nous devons penser à long terme [we have to play a longer game]. »

Twitter Files, Livraison 16, par Matt Taibbi, @mtaibbi,  18 février 2023

Matt Taibbi fait un test en mettant en valeur des requêtes de censure émanant de personnalités républicaines et indépendantes

Cette livraison est intervenue après que les médias oligarchiques ont finalement consacré un peu d’attention au Twitter Files, à la suite d’un témoignage devant la chambre des représentant faisant mention d’une demande non suivie d’effet émanant de Donald Trump de censurer un tweet de Chrissy Teigen. Irrité que cette anecdote devienne la grande affaire de censure sur les réseaux sociaux dans les médias mainstream, Taibbi a fait une série de révélations concernant des demandes de censure émanant de personnalités républicaines et indépendantes espérant que les médias l’accusant de partialité en faveur des républicains relaieraient ces révélations.

Principales Révélations: Taibbi a publié une liste de 354 comptes Twitter dont le Sénateur indépendant du Maine Angus King avait demandé la clôture de résidents du Maine pour des raisons comme « un enthousiasme concernant la venue dans l’Etat de Rand Paul », ou au motif que lesdits comptes sont « suivis par Eric Brakey » (l’ancien opposant républicain de King), ou encore que lesdits comptes font « mention de l’immigration ». Pour équilibrer les révélations, Taibbi a aussi publié une lettre émanant de Mark Lenzi, un fonctionnaire républicain au Département d’Etat, signalant à Twitter les comptes de 14 américains en chair en en os demandant aux équipes de Twitter « d’y regarder à deux fois et de supprimer ces comptes ». En publiant ces révélations impliquant des républicains espérait que les médias l’accusant de partialité en faveur des républicains commenteraient les mauvais agissements de personnalités républicaines et indépendantes.  Mais ceux-ci sont restés aussi silencieux sur ces révélations que sur les précédentes.

Twitter Files Livraison 17, par Matt Taibbi, @mtaibbi, 2 mars 2023

Le GLOBAL ENGAGEMENT CENTER, et listes noires du département d’Etat

Cette livraison concerne les activités du Global Engagement Center, ou GEC, qualifié par une source d’ « incubateur du complexe de désinformation intérieure».  

Principales Révélations : Un think tank finance par le GEC, le DFRLab, a adresé à Twitter une liste de 40,000 noms d’utilisateurs soupçonnés d’être des soutiens au « Nationalisme hindou ». Cett liste comportait une multitude d’américains ordinaires avec des pseudonymes Twitter comme @mad_murican et @TrumpitC. De même, le GEC a signalé à Twitter 5500 « comptes chinois » parmi lesquels se trouvaient trois collaborateurs de CNN. Le GEC a aussi signalé 499 comptes au motif que ceux-ci relaieraient de la désinformation iranienne, sur la base de critères comme le fait que lesdits utilisateurs utiliseraient Signal et Telegram pour communiquer et utiliseraient des hashtags comme #IraniansDebateWithBiden. D’autres signalements émanant du GEC considéraient des utilisateurs comme appartenant à l’ « écosystème » de propagande étrangère au motif que lesdits utilisateurs suivaient les comptes de plus d’un diplomate chinois, retweetait des même « Free Palestine » émanant d’Iran, ou pour avoir retweeté des contenus « par nature anti-Macron ».

Twitter Files Livraison 18: par Matt Taibbi, @mtaibbi, 9 mars 2023

LE “CENSORSHIP-INDUSTRIAL COMPLEX

Le jour de l’audition de Matt Taibbi et Michael Shellenberger devant la commission de la chambre des représentants sur la “weaponization” du gouvernement, Matt Taibbi a publié un fil Twitter expliquant le titre des propos introductif de Shellenberger devant la Commission : le “The Censorship-Industrial Complex.”

Principales Révélations: le fil concernait essentiellement l’Université de Stanford, son Election Integrity Partnership, et la pluie de fonds publics déversés sur une coterie de think tanks, ONG et entités à but lucratif formant le mouvement de « lutte contre la désinformation ». Une de ces organisations, le New Knowledge a été prise la main dans le sac inventant une campagne de désinformation russe dans une élection sénatoriale dans l’Alabama. New Knowledge faisait ainsi croire à des journalistes l’information fausse selon laquelle le républicain Roy Moore était suivi par des bots russes. De l’aveu même de Yoel Roth, tzar de la censure à Twitter, ses équipes avaient constaté « à plusieurs reprises la création de faux comptes par des acteurs domestiques », ajoutant que « certains de ces faux comptes sont très suivis dans les milieux progressistes ». Juste avant que la livraison 18 soit publiée, un des analystes travaillant avec Matt Taibbi, @NAffects, a découvert un ensemble d’emails concernant le Virality Project, qui avait pris la succession de l’Election Integrity Project (EIP). Un des messages alors découverts invitait à réduire au silence « des vrais témoignages concernant les effets secondaires des vaccins. »

Twitter Files, Livraison 19: par Matt Taibbi, @mtaibbi, 17 mars 2023

La grande lessiveuse à mensonge du Covid

Stanford, le Virality Project, et la censure d’informations factuellement véridiques

Fouillant advantage après la découverte par Andrew Lowenthal (@NAffects) des communications avec et concernant le Virality Project, la livraison 19 des Twitter Files fait apparaître la façon dont Stanford collaborait avec quatre think tanks (tous alimentés par des fonds publics) et de nombreuses agences gouvernementales afin de créer un système de contravention (ticketing) nommé JIRA uniforme aux grandes plateformes de l’internet. Sept grandes enseignes, et non des moindres, avaient adopté ce système de contraventions, qui est un vrai système centralisé de censure. Parmi ces plateformes, on retrouve Twitter, Facebook/Instagram, Google/YouTube, TikTok, Pinterest et Medium.

Principales Révélations: A de nombreuses reprises, les acteurs du Virality Project ont recommandé des actions de censure, c’est-à-dire une qualification de « désinformation standard sur votre plateforme » à l’encontre de récits factuellement fondés. Ces récits incluaient les discussions concernant « la mort de célébrité contemporaine d’injections » ou les témoignages concernant de nombreuses infections post-injections dans une école de l’Etat de New York. De même le Virality Project qualifiait de comportements hostiles aux vaccins, entrainant un régime de censure, les discussions sur les effets potentiellement liberticides de dispositifs de passeports vaccinaux et qualifiait d’évènements de « désinformation » des discussions pouvant « accroitre la défiance vis-à-vis de l’autorité expertale de Fauci ». Un rapport de la société Graphika adressé à Twitter explique que « le fait de semer le doute et l’incertitude vis-à-vis de voix de l’autorité » comme Fauci « mène vers une société où la distinction du vrai et du faux constitue une difficulté insurmontable ». Par conséquent, en conclue Graphika, le public doit être protégés des vérités problématiques.


GLOSSAIRE DES TERMES DES “TWITTER FILES”

Agences gouvernementales et ONG

SIO: Stanford Internet Observatory

VP: Virality Project, aussi à Stanford

FSI: Stanford’s Freeman Spogli Institut

CISA: The Cybersecurity and Infrastructure Security Agency, une agence au sein du Département de la Sécurité Intérieure (Department of Homeland Security (DHS))

CENTCOM: Central Command of the Armed Forces

ODNI: Office of the Director of National Intelligence

FITF: Foreign Influence Task Force, une agence de regulation des activités en ligne composée de membres du FBI, du DHS, et de l’ODNI

“OGA”: Other Government Agency, familièrement — CIA

GEC: Global Engagement Center, une division analytique du Département d’Etat.

USIC: United States intelligence community

HSIN: Homeland Security Information Network, un portail via lequel des Etats de l’Union et autres organes officiels peuvent faire remonter des signalement (flag) de comptes.

EIP: Election Integrity Project, un cyber-laboratoire établi à l’Université de Stanford qui envoie de nombreux rapports à Twitter.

DFR: Digital Forensic Research lab, une officine Assurant des fonctions voisines de celles de l’EIP, mais celle-ci est financée par l’Atlantic Council.

IRA: Internet Research Agency, l’infame ferme de trolls « troll farm » russe dirigée par « l’âme damnée de Poutine »,   Yevgheny Prigozhine.

Jargon de Twitter ou de l’industrie

MDM: « “Misinformation, Disinformation, and Malinformation.”

PII: peut revêtir deux sens. “informations personnellement identifiables” (“Personally identifiable information”) est auto-explicative, alors que « intérêt général interstitiel » (“Public Interest Interstitial”) est un avertissement placé au-dessus d’un tweet, afin qu’il ne puisse pas être lu. Le personnel de Twitter emploie même le terme d’ « interstitiel » comme un verb, à l’exemple de la formule suivante : “Can we interstitial that?”

JIRA: Système de contravention uniforme inter-plateformes, au travers duquel les plaintes sont remontées et décidées.

PV2: le système utilisé au sein de Twitter pour voir le profil de n’importe quel utilisateur, afin de vérifier aisément s’il existe un signalement (flag) concernant un compte comme le fait qu’il soit concerné par la “Trends Blacklist”.

SIP-PES Site Integrity Policy — Policy Escalation Support. SIP-PES  est comme la version de Twitter du systême de filtrage des affaires devant la Cour supreme, qui permet de sélectionner les décisions les plus importantes et les plus polémiques.

SI: Site integrity. Terme clé qui apparaît de façon répétée dans le traffic d’emails de Twitter, en particulier associé bavec le terme “escalations,” c’est-à-dire les tweets ou contenus remontés pour être traités par les équipes de modération.  

CHA: Coordinated Harmful Activity – activité dommageable coordonnée.

SRT: Strategic Response Team – équipe de réponse stratégique

GET: Global Escalation Team – équipe de remontée globale

VF: Visibility Filtering – filtrage de visibilité

GUANO: Outil intégré au système interne de Twitter conservant un relevé chronologique de toutes les actions prises concernant un compte.

VIT: Very Important Tweeter.  

GoV: Glorification of Violence – glorification de la violence.

BOT: Une heuristique individualisée attachée à un compte dont les contenus font l’objet de modération, qui modère automatiquement certains comportements.

BME: Bulk Media Exploitation – Exploitation de médias en masse.

EP Abuse: Episodic abuse

PCF: Parity, commentary and fan accounts. “PCF”  apparaît parfois comme une raison expliquant qu’un compte a échappé aux procédures de modération automatique, selon une exception bien limitée.

FLC: Forced Login Challenge. Aussi appelé “phone challenge,” il s’agit d’un moyen par lequel Twitter essaie de vérifier si un compte est réel ou un bot. Les « phone challenges” apparaissent de façon répétitive dans les échanges concernant la vérification de comptes suspectés d’être « en lien avec la Russie » (Russia-linked).

IO: Information Operations, comme dans The GEC’s mandate for offensive IO to promote American interests.


Notes et références :

[i] La FDA est l’administration qui autorise la mise sur le marché de produits pharmaceutiques.

[ii] Pour mémoire, le dossier Steele est un dossier préparé par un ancien agent du MI6 pour FusionGPS, une société d’études politiques, engagée par des républicains non identifiés pour stopper la candidature de Donald Trump en mettant à jour des informations compromettantes liant Trump à la Russie. Après la victoire de Trump aux primaires, le dossier a été vendu à la campagne d’Hillary Clinton. Son rapport, qui contenait des accusations salaces jamais confirmées et d’autres qui se sont révélées fausses – comme un soi-disant voyage à Prague de l’ex-avocat Michael Cohen – avait été publié par le site internet Buzzfeed dix jours avant l’investiture de Donald Trump en janvier 2017.

[iii] Ukrainegate est le scandale qui a entraîné la première procédure d’Impeachment à l’encontre de Trump, menée par le déjà nommé Adam Schiff, en décembre 2019. Le scandale faisait suite à la fuite dans la presse du verbatim d’une conversation téléphonique entre Trump et le le président ukrainien, au cours de laquelle Donald Trump lui a demandé une «faveur» consistant à faire la lumière sur une intervention de Joseph Biden auprès des autorités ukrainiennes afin de protéger son fils, Hunter Biden, dont les activités douteuses avaient commencé à attirer l’attention de la justice ukrainienne.

Source : https://amerika.substack.com/p/un-resume-actualise-complet-des-twitter