Grippe : vers une vaccination obligatoire des soignants ? Pour le ministre de la Santé, « la question mérite d’être posée »
Publié par BFM TV le 14 janvier 2025
Interrogé sur un possible retour d’une obligation vaccinale pour les soignants, le ministre chargé de la Santé Yannick Neuder a déclaré ce mardi 14 janvier [2025] sur BFMTV que « la question mérite d’être posée » et que la Haute autorité de Santé devait faire « un point de situation » à ce sujet.
En France, l’épidémie de grippe flambe depuis le début de l’année 2025 et un pic est attendu d’ici « une dizaine de jours » selon le ministre chargé de la Santé Yannick Neuder, invité sur BFMTV ce mardi 14 janvier. Comme pendant la pandémie de Covid-19, la question de la vaccination obligatoire des soignants revient sur la table. « La question mérite d’être posée », a déclaré Yannick Neuder ce mardi.
Avant d’ajouter: « La Haute autorité de santé (HAS) a été mandatée et j’ai confirmé cette demande pour faire un point de situation sur ces sujets-là ».
S’il est compliqué de connaître la couverture vaccinale des soignants cette saison, la HAS estimait que 22% à 25% d’entre eux étaient vaccinés contre la grippe en 2021-2022. De même, 22,4% des professionnels exerçant en Ehpad avaient été vaccinés pour la saison 2023-2024 selon une étude de Santé publique France publiée le 3 juillet dernier.
« Cette faible couverture pose légitimement la question de l’obligation vaccinale »
« La HAS regrette la faible couverture vaccinale des professionnels (…) bien loin de l’objectif fixé à 70% », affirmait l’autorité publique en juillet 2023 estimant que « cette faible couverture pose légitimement la question de l’obligation vaccinale ».
Elle n’avait toutefois à ce stade pas souhaité passer le pas. Elle avait tablé sur un « maintien à l’identique » de la recommandation de vaccination contre la grippe en raison de « l’efficacité inconstante selon les années de la vaccination antigrippale » et de » l’insuffisance des données disponibles à ce jour sur le fardeau de la grippe nosocomiale chez les personnes prises en charge et sur l’impact de la vaccination des soignants ».
Si « plusieurs études suggèrent (…) que l’augmentation de la couverture vaccinale des soignants contre la grippe pourrait réduire significativement le nombre d’infections et de décès chez les patients hospitalisés », elles présentent « un faible niveau de preuve ».
La HAS insistait ainsi « sur la nécessité de mettre en œuvre des études de grande ampleur notamment dans les établissements prenant en charge les personnes à risque de grippe sévère ou compliquée dans l’objectif de combler cette insuffisance de données ».
L’Académie de médecine s’est par le passé prononcée en faveur de cette obligation vaccinale pour les professionnels de santé. Pendant la pandémie de Covid-19, en septembre 2020, elle avait jugé cette mesure « évidente » et « urgente ». Un avis réitéré en mars 2023. « L’Académie nationale de médecine recommande que les vaccinations annuelles, chaque automne, contre la grippe et contre la Covid-19 soient incluses dans les obligations vaccinales des professionnels exerçant dans les secteurs sanitaire et médico-social », était-il alors écrit dans un communiqué.
« Loin d’être une atteinte à la liberté individuelle, les obligations vaccinales (…) font l’honneur de leur profession », estimait l’Académie de médecine soulignant que cette mesure avait été adoptée en 2006 « avant d’être malencontreusement suspendue la même année par le Conseil supérieur d’hygiène publique de France ».
« La vaccination obligatoire au moment du Covid nous a traumatisés »
Comme pour le Covid-19 – dont l’obligation vaccinale avait été instaurée le 15 septembre 2021 avant d’être levée en mai 2023 -, cette mesure fait débat dans le monde médical. Pour une infirmière, interrogée par RMC, le choix de se faire vacciner relève de la « liberté », qu’elle refuse de céder.
« Les personnels sont à bout, à cause de manque de moyens et des fermetures de lits, alors, leur annoncer qu’il faut envisager une vaccination obligatoire contre la grippe, c’est se foutre des personnels qui travaillent à l’hôpital public », a déclaré Audrey Joliboy, secrétaire générale du syndicat Force Ouvrière à l’AP-HM (assistance publique – hôpitaux de Marseille) sur France Bleu.
« La vaccination obligatoire au moment du Covid nous a traumatisés. Je ne veux pas recommencer avec la grippe », a commenté une infirmière marseillaise.
D’autres professionnels de santé se montrent quant à eux favorables. « Je ne comprends rien, on est là pour les patients. Si l’obligation permet de diminuer le nombre de cas, je ne vois pas pourquoi on ne se ferait pas vacciner, ça ne coûte rien », a lancé sur RMC Eva, interne en médecine depuis deux ans.
« L’épidémie sera moins importante, moins de personnel l’attrapera et pour ne pas le refiler aux soignants qu’ils reçoivent », a énuméré un médecin.
Le directeur général de l’AP-HP Nicolas Revel a de son côté estimé sur France Inter « qu’au-delà d’une obligation », « ce qui est très important, c’est qu’on reprenne la question de la vaccination dans notre pays de manière générale ». Sans se prononcer plus sur cette obligation pour les soignants, il a ainsi plaidé pour « remettre l’accent sur la vaccination », notamment chez les plus vulnérables et les plus âgés.
« La pression reste encore assez forte dans nos services et dans beaucoup d’autres régions (…), il est encore temps d’aller se faire vacciner », a souligné Nicolas Revel.
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