
L’OMS a déclaré mercredi 14 août que l’épidémie de mpox constitue désormais une « urgence de santé publique de portée internationale »
Publié par BFM TV le 15 août 2024
Mpox : que change le déclenchement du plus haut niveau d’alerte par l’OMS ?
L’Organisation mondiale de la santé a déclaré mercredi 14 août [2024] que l’épidémie de mpox constitue désormais une « urgence de santé publique de portée internationale », alors que les cas sont en hausse sur le continent africain.
Une alerte maximale pour mobiliser tous les moyens possibles. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclenché le mercredi 14 août son plus haut degré d’alerte au niveau international face à la résurgence des cas de mpox, auparavant appelée « variole du singe » en Afrique.
Le virus mpox est désormais considéré comme une « urgence de santé publique de portée internationale », soit un « événement extraordinaire dont il est déterminé qu’il constitue un risque pour la santé publique dans d’autres États en raison du risque international de propagation de maladies et qu’il peut requérir une action internationale coordonnée ».
Cela signifie que la situation est considérée comme « grave, soudaine, inhabituelle ou inattendue », qu’elle a « des implications pour la santé publique dépassant les frontières nationales de l’État affecté » et qu’elle peut nécessiter une « action internationale immédiate », indique l’OMS sur son site.
« La mpox a traversé les frontières »
De fait, 38.465 cas de cette maladie ont été recensés dans 16 pays africains depuis janvier 2022, pour 1.456 décès, avec une augmentation de 160% des cas en 2024, comparé à l’année précédente, selon des données publiées la semaine dernière par l’agence de santé Africa CDC.
L’OMS avait déjà placé l’épidémie de mpox en urgence de santé publique de portée internationale en juillet 2022 avant de la lever en mai 2023. Mais depuis, « la mpox a traversé les frontières, touchant des milliers de personnes à travers notre continent », a déploré le président d’Africa CDC Jean Kaseya, lors d’une conférence de presse.
Un variant est également apparu, appelé Clade 1b en République démocratique du Congo. Il inquiète particulièrement les autorités de santé car « probablement plus transmissible » et « plus mortel », avec une « létalité de 5 à 10% », selon l’infectiologue Karine Lacombe à BFMTV.
Un « appel clair à l’action »
La catégorisation de la mpox comme « urgence de santé publique » n’est pas une « simple formalité », souligne le docteur Jean Kaseya.
« C’est un appel clair à l’action. C’est une reconnaissance du fait que nous ne pouvons plus nous permettre d’être réactifs. Nous devons être proactifs et agressifs dans nos efforts pour contenir et éliminer ce fléau », appelle-t-il.
L’annonce doit permettre notamment de « mobiliser nos institutions, notre volonté collective et nos ressources pour agir rapidement et de manière décisive », selon le Dr Jean Kasely.
Débloquer des moyens financiers
De fait, avec cette annonce, l’OMS va pouvoir donner la priorité sur le plan financier à la lutte contre le virus mpox, alors que son budget est fortement encadré. 1,5 million de dollars ont déjà été débloqués mercredi par l’OMS sur le fonds d’urgence. L’organisation juge que son plan de réponse nécessite au moins 15 millions de dollars de montant initial.
L’annonce de l’OMS doit aussi permettre de débloquer des fonds pour l’accès à des vaccins en Afrique, alors que quasiment aucun traitement n’est disponible sur le continent, mais que des vaccins sont utilisés avec succès en Europe.
« Pour l’OMS, déclencher cette urgence de portée internationale pousse à la fabrication de ces vaccins, à leur diffusion et à leur utilisation par les pays concernés », souligne sur BFMTV Karine Lacombe, chercheuse et infectiologue, cheffe du service des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine à Paris, précisant qu’ « il existe plusieurs vaccins, deux en particulier, contre la variole dont on a montré qu’ils sont efficaces contre la mpox ».
« Nous avons besoin d’une grande quantité de vaccins pour pouvoir vacciner les populations les plus à risque », souligne auprès d’Associated Press (AP) le professeur de médecine à la London School of Hygiene and Tropical Medecine Michael Marks.
Le Congo a notamment indiqué avoir déjà reçu des dons venus de Grande-Bretagne et des États-Unis et être en discussions avec d’autres pays.
Mobiliser une « réponse internationale »
Elle doit aussi apporter une réponse à l’échelle de l’ensemble du continent africain à la propagation de cette épidémie, en accentuant leurs efforts de surveillance et de prévention face à cette maladie.
« Il est clair qu’une réponse internationale coordonnée est essentielle pour arrêter ces épidémies et sauver des vies », a ainsi souligné le directeur général de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus.
La mpox est une maladie causée par le virus de la variole du singe. Plus fréquente dans les pays proches des forêts tropicales humides, elle se transmet de l’animal à l’homme, mais aussi entre être humains par voie sexuelle ou par un contact étroit.
Publié par BFM TV le 15 août 2024
Variole du singe : comment se transmet le « Clade Ib », la souche qui déclenche l’alerte mondiale de l’OMS
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclenché ce mercredi 14 août [2024] son plus haut degré d’alerte au niveau international face à la résurgence des cas de mpox (ou « variole du singe ») en Afrique.
Une épidémie qui inquiète les autorités sanitaires mondiales. La circulation de mpox (anciennement Monkeypox) en Afrique a poussé mercredi 14 août l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à déclencher son plus haut d’alerte mondiale.
Un total de 38.465 cas de cette maladie ont été recensés dans 16 pays africains depuis janvier 2022, pour 1.456 décès, avec notamment une augmentation de 160% des cas en 2024 comparé à l’année précédente, selon l’agence de santé Africa CDC.
Parfois bénigne, parfois mortelle, cette maladie est plutôt facilement identifiable en raison de l’éruption cutanée qui suit l’infection, cela sur une durée de deux à quatre semaines. Des cloques ou lésions pouvant apparaître sur tout le corps, qui s’accompagnent généralement de fièvre, de maux de tête, de fatigue et de douleurs musculaires.

Une nouvelle souche inquiétante
« Nous faisons face à plusieurs épidémies avec différentes souches dans différents pays, avec différents modes de transmission et différents niveaux de risque », a déclaré le directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Cette apparition de nouvelles souches, ou « Clades », est l’un des moteurs de l’inquiétude autour de la résurgence de cette maladie. Le Clade I a d’abord circulé au Congo et dans son bassin, tandis que le Clade II se multipliait plutôt en Afrique de l’Ouest.
Mais c’est bien la nouvelle souche Clade Ib, dérivée de la première, qui concentre les craintes de la communauté scientifique. Cette version identifiée depuis fin 2023 circulait d’abord au Congo avant de se propager dans une série de pays d’Afrique, dont l’Égypte, la Côte d’Ivoire ou encore l’Ouganda. Une circulation dans des territoires jusqu’ici préservés.
En France, l’agence Santé publique France (SPF) surveille de près la situation mais n’a pas à ce stade identifié de malades portant cette nouvelle souche, bien que des cas de Mpox soient ponctuellement observés sur le territoire depuis l’épidémie de l’été 2022 selon les informations du Parisien.
Ce que l’on sait du mode de transmission
À ce stade, « on ignore si la souche Ib est plus transmissible, mais on sait qu’elle se transmet plus efficacement », a déclaré le docteur Rosamund Lewis, responsable de la variole du singe à l’OMS.
« Elle est probablement plus transmissible, également plus mortelle que le variant qui a circulé en 2022 », précise pour sa part l’infectiologue Karine Lacombe, invitée mercredi soir sur BFMTV.
Comme son nom l’indique, ce virus est une zoonose. C’est au départ dans un hôte animal que la variole du singe s’est déclarée. Elle a probablement passé la barrière de l’espèce lors d’un contact entre un Homme et certaines espèces de singes ou des rongeurs terrestres, tels que l’écureuil arboricole.
« On peut également contracter le virus par la consommation d’animaux infectés mal cuits », souligne l’OMS dans une page dédiée.
C’est par cette voie que la souche I se répandait, alors que sa descendante se transmet davantage de personne à personne. Les infections se font à l’occasion de contacts « étroits » avec la personne infectée, notamment lors d’échanges sexuels (hétérosexuels et homosexuels) ou intimes. La maladie peut également être diffusée par l’échange d’objets contaminés. Une personne ayant des lésions sur la peau, laissant du virus sur une surface.
« Les personnes atteintes de la variole simienne sont contagieuses jusqu’à ce que toutes leurs lésions aient formé une croûte, que les croûtes soient tombées et qu’une nouvelle couche de peau se soit formée en dessous, et que toutes les lésions localisées sur les yeux et sur le corps (dans la bouche, dans la gorge, dans le vagin et dans l’anus) aient également guéri, généralement dans les deux à quatre semaines », indique l’OMS.
De son côté, l’Institut Pasteur souligne que « des études sont en cours pour mieux comprendre l’épidémiologie, les sources d’infection et les modes de transmission de cette maladie », notamment en raison de l’apparition de nouvelles souches.
Une maladie qui « ne se limite pas aux personnes sexuellement actives ou gays »
Lors de l’épidémie internationale de 2022, la variole du singe était vue par le grand public comme touchant principalement les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes.
Toutefois, « le risque de contracter la variole simienne ne se limite pas aux personnes sexuellement actives ou gays, ni aux autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes », avertit l’OMS.
Les personnes les plus à risques sont toutes celles qui multiplient les rapports sexuels à risque avec divers partenaires, peu importe le sexe du partenaire, puisque les femmes comme les hommes sont susceptibles de contracter le virus et de la répandre par la suite. Les rapports buccaux et ceux avec pénétration vaginale ou anale présentent des risques.
Transmission par le sang ou par les asymptomatiques: des inconnues demeurent
Les scientifiques jouent au chat et à la souris avec un virus qui mute en permanence. Plusieurs inconnues restent en suspens sur le mode de transmission du Mpox, comme le note le Center for diseases control (CDC).
En l’état des connaissances scientifiques actualisées, il n’y a pas de consensus permettant de savoir « à quelle fréquence une personne ne présentant aucun symptôme » peut transmettre ou non a maladie. On ignore également si le virus peut se « propager par les sécrétions respiratoires ».
Mais les scientifiques cherchent également à déterminer si la variole peut se propager par les fluides corporels: sperme, sécrétions vaginales, urine, sang et matières fécales.
Trois vaccins et des traitements exceptionnels
Si le passage en alerte maximale est un signal d’alerte, l’inquiétude n’est pas véritablement de mise en France et en Europe. L’OMS cherche avant tout à protéger les populations de pays africains ou les systèmes de santé ne peuvent pas amortir la vague.
L’objectif est également de faciliter l’accès à la vaccination, alors que trois modèles sont déjà développés et ont été approuvés par les autorités sanitaires. Les autorités sanitaires d’Afrique déclarent avoir besoin de 10 millions de doses, mais seulement 200.000 sont disponibles à ce stade. Toutefois, grâce à une autorisation d’urgence, des organismes comme l’Unicef pourront s’en procurer et en distribuer.
Enfin, des traitements contre la variole ont été mis au point, mais leur utilisation demeure limitée en raison d’un manque de données. « Leur usage s’inscrit généralement dans le cadre d’un essai clinique ou d’un protocole d’accès élargi accompagné de la collecte de données visant à améliorer nos connaissances sur la meilleure façon de les utiliser à l’avenir », explique l’OMS.

