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Au CHU de Guadeloupe, les agents non vaccinés réintégrés veulent maintenant être indemnisés


Publié par Ouest France, le 16 mai 2023

Au CHU de Guadeloupe, les agents non vaccinés réintégrés veulent maintenant être indemnisés

Ces agents, soignants ou non, ont refusé de se faire vacciner contre le Covid-19. Ils peuvent, désormais, être réintégrés, mais ont des revendications. Ils veulent être indemnisés « du préjudice subi. »

Pour eux, c’est une victoire en demi-teinte. « On a lutté pour être réintégrés, on a gagné », constate Esther. Mais l’infirmière du CHU de Guadeloupe, qui faisait partie des personnels suspendus parce que non vaccinés contre le Covid, est amère. « Réintégrés, mais pas réhabilités », souligne-t-elle.

Revenir dans son service lui fait un peu peur, après dix-neuf mois d’absence et une fracture idéologique, politique, scientifique, voire amicale. « Il y a une forme d’appréhension de retrouver des collègues avec lesquels il y a eu de vraies dissensions ».

En Guadeloupe, très réfractaire à la vaccination, qui a pourtant essuyé une meurtrière 4e vague, l’obligation vaccinale a créé un violent mouvement de contestation au CHU, mais aussi dans les rues avec barricades et émeutes.

Une victoire et des combats

Depuis l’apaisement, début 2022, les agents suspendus ont poursuivi leur combat, occupant toujours le parking du CHU, organisant des événements festifs, culturels, des conférences, une caisse de grève, une buvette…

« Le bik (nom de ce quartier général) n’est pas fermé », explique le syndicaliste Gaby Clavier. « Nous avons conservé notre liberté de disposer de notre corps et notre dignité, dit-il. C’est une victoire incontestable. Nous avons retrouvé nos salaires et nos emplois sans être piqués. Nous sommes tout de même embêtés pour ceux qui nous ont remplacés, à qui on va dire au revoir à la fin de leur contrat. »

Gaby Clavier, syndicaliste à l’Union générale des travailleurs de Guadeloupe. | AMANDINE ASCENSIO

Ces personnels non vaccinés demandent, désormais, à être indemnisés « pour le préjudice subi. » Gaby Clavier cite pêle-mêle les arriérés de salaires qu’il évalue à « sept millions d’euros pour le CHU », les mois de cotisations retraite, les congés payés, l’avancement des carrières…

« Il ne peut pas y avoir d’apaisement si on ne respecte pas nos droits », assure le syndicaliste qui prétend pouvoir faire reconnaître devant les tribunaux la validité des combats menés depuis des mois. « Et puis, ajoute Gaby Clavier, il faudra s’occuper des cas particuliers. »

À l’instar de celui d’Edmonde, agente d’entretien au CHU, qui a appris sa mise à la retraite à 63 ans. « Je n’ai pas envie de retourner travailler, mais je compte bien mener tous les recours possibles », promet-elle. Sur son tee-shirt, le poing fermé du drapeau UGTG (Union générale des travailleurs de Guadeloupe) se dessine, rageusement dressé.

Source : https://www.ouest-france.fr/region-guadeloupe/chu-de-guadeloupe-lautre-bataille-des-agents-non-vaccines-et-reintegres-e4bd095c-f3c4-11ed-9265-70e26b518ec8