Foi,  Papes

Et si Benoît XVI avait encore le munus ?

Le munus petrino, l’investiture divine en tant que pontife, le « fait d’être pape », selon la dernière version du droit canonique de 1983, apparaît. L’exercice du munus est appelé ministerium, et équivaut à « faire » le pape. […] En italien et dans d’autres langues vernaculaires, munus aussi bien que ministerium sont traduits par le mot « ministère » (ministry, minstére, ministerio, etc.). Mais il y a une énorme distinction : si le pape renonce au ministère-munus, il a abdiqué et le siège est vacant. Si le pape perd le ministerium-ministerium, le Siège n’est pas vacant, mais empêché, et il RESTE PAPE.

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Publié par homelie.biz, le 31 décembre 2022

Gloria Callarelli s’entretient avec Andrea Cionci le 29/12/2022

« Le vrai Pape, c’est Benoît XVI » : la thèse déchirante proposée dans le livre du journaliste Andrea Cionci « Codice Ratzinger », admise et non accordée comme vraie, à la lumière de l’actualité qui voit le pape Benoît très malade, ouvre des scénarios importants et bouleversants par rapport au futur proche.

Surtout parce qu’il y a quelques jours seulement, Bergoglio a fait savoir : « En cas d’empêchement médical ou autre, j’ai déjà signé ma démission« . On ne sait pas très bien ce que « autre » implique, ce qui est certain, c’est que cette révélation précède de quelques jours seulement l’autre annonce choquante : « L’état de santé de Ratzinger est grave, il faut prier pour lui ». Une annonce qui plonge évidemment l’Église catholique, déjà très troublée, dans la tribulation. Loin de nous l’idée de prétendre avoir la vérité en poche ou plutôt de juger cette thèse ainsi que d’autres. Au contraire, il est important de réitérer la nécessité, toujours et partout, du respect, du dialogue et de la charité chrétienne qui s’impose. La mission du journalisme est d’informer et de comprendre. Pour cette raison, tout en respectant la Sainte Eglise romaine, nous avons demandé à Andrea Cionci d’expliquer sa thèse.

1. Pendant longtemps, cette affaire des deux papes nous a laissé perplexes. Comment et pourquoi avez-vous abordé la question ? 


En 2020, j’ai été mis en contact avec le latiniste italo-américain Fra Alexis Bugnolo, qui m’a exposé pour la première fois une théorie révolutionnaire : les erreurs de syntaxe latine et les fréquentes imperfections de la Declaratio du 11 février 2013, par laquelle, aux yeux du monde, le pape Benoît avait abdiqué, avaient été insérées exprès par Ratzinger pour attirer l’attention sur la nullité canonique du document en tant que renonciation à la papauté. Après quelques mois, est sortie l’interview de Massimo Franco avec le pape Benoît dans le Corriere, dans laquelle, comme je l’ai découvert, pour la énième fois en huit ans, Ratzinger a affirmé qu' »il n’y a qu’un seul pape« , mais n’a pas expliqué lequel. Les incohérences commençant à devenir trop nombreuses, j’ai entrepris d’enquêter sur la question avec l’aide de divers spécialistes : théologiens, latinistes, canonistes, juristes, psychologues, historiens de l’Église, etc. En deux ans d’enquête, avec la contribution également de nombreux lecteurs, nous avons reconstitué cette extraordinaire mosaïque pour former un panorama unique et incroyable.

2. Qu’avez-vous découvert ? 


La Declaratio ne pourrait jamais être une renonciation à la papauté car, pour l’abdication, il existe un article spécifique du droit canonique, 332.2, qui exige la renonciation au munus petrino, au titre, à l’investiture divine. Cela doit évidemment être fait « rite« , c’est-à-dire d’une manière formellement correcte, et doit être simultané, puisque c’est Dieu lui-même qui accorde ou retire le munus, et que le Seigneur ne peut certainement pas se voir confier un office expirant. Benoît a fait le contraire : il a renoncé au ministère, de manière différée, sans rien ratifier après 20 heures le 28 février, l’heure X à laquelle la renonciation devait prendre effet (voir l’étude de Carlo Maria Pace). Enfin, comme l’a découvert le juriste allemand Arthur Lambauer, Benoît XVI parle du « Siège de Rome » et du « Siège de Saint-Pierre », deux expressions qui n’existent pas en droit canonique et n’ont aucune personnalité juridique pour être laissées « vacantes ». (Seul le Siège Apostolique peut l’être). Le verbe latin vacet a donc dû être traduit par « siège laissé vide, libre ». En fait, le 28 février, le pape Benoît a pris l’hélicoptère à 17 heures et à 20 heures, le siège physique de Rome était laissé vacant. En substance, la Declaratio que nous avons pris l’habitude de considérer depuis 9 ans comme une Renuntiatio, ne l’était pas du tout, mais était une déclaration candide de renonciation à l’exercice du pouvoir pratique et à l’auto-exil qui en découle dans le Siège empêché, une situation canonique dans laquelle le pape ou l’évêque est prisonnier, confiné et non libre de s’exprimer. Ce n’est pas tout : le pape a également rappelé que le prochain conclave devrait être composé de « ceux à qui il appartient de le faire », et non de manière générique de cardinaux. Un avertissement : il savait pertinemment qu’ils usurperaient le Siège Apostolique. Il faisait donc référence au prochain vrai pape à venir.

3. Qu’est-ce que le Siège empêché implique ? Quels sont les scénarios futurs ?


Le Siège empêché signifie que le pape reste pape à tous égards (aussi confiné soit-il) et qu’il ne renonce pas à son investiture divine, le munus. En bref : si le pape renonce formellement au munus, il y a abdication et le ministerium devient également caduc, bien entendu. S’il n’y a qu’une renonciation factuelle au ministerium, le munus ne s’éteint pas et il y a un empêchement du Siège. Or, puisqu’en février 2013 Benoît n’avait pas abdiqué, mais s’était retiré in sede impedita, le conclave qui a élu Bergoglio était totalement nul et non avenu, inexistant, puisqu’un conclave ne peut être convoqué que lorsque le pape est mort ou s’il a abdiqué. Bergoglio n’a pas de munus, donc théologiquement, il n’offre aucune garantie d’infaillibilité ou d’assistance du Saint-Esprit. « François » a une spiritualité qui lui est propre : néo-luthéranisme, néo-arianisme, néo-paganisme, etc., et avec des changements doctrinaux subtils mais dévastateurs, voir ceux du missel, il renverse lentement le catholicisme, imperceptiblement. Un exemple ? Le Gloria : avant c’était « et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté », maintenant c’est « paix sur la terre aux hommes, bien-aimés du Seigneur ». Nous passons d’une sélection méritocratique à un « six politique eschatologique » puisque tous les hommes sont aimés par le Seigneur même si seuls certains répondent à son appel. Il s’agit d’un mercyisme bergoglien typique qui n’a rien de nouveau, mais de l’hérésie connue sous le nom d’Apocatastasis du 3ème siècle.

4. Que signifie le Ratzinger Code ? 


Cette réalité canonique du Siège empêché, désormais fixée dans l’histoire, est confirmée par le pape Benoît lui-même dans des dizaines, voire des centaines, de messages qu’il a laissés pendant neuf ans dans un style de communication particulier inspiré de celui de Jésus avec ses ennemis. Ratzinger parle en « amphibologies » (expressions ayant deux sens différents), en malentendus, en paraboles et en références aux Écritures afin que seuls ceux qui ont des oreilles entendent. De toute évidence, il utilise ce langage subtil parce qu’il se trouve dans un état légal de captivité. Cependant, le vrai pape a également lancé un certain nombre de messages très faciles et très évidents qui ne demandent aucun effort, comme lorsqu’il a répondu à une dame par lettre : « Chère Madame, le pape émérite Benoît XVI a accepté votre lettre avec laquelle vous souhaitiez lui adresser des expressions d’affection filiale. Reconnaissant les sentiments de dévotion manifestés, le Souverain Pontife vous encourage à tourner votre regard avec toujours plus de confiance vers votre Père céleste ». Vous voyez ? Il n’y a rien à comprendre. Le pape émérite est le Souverain Pontife, en fait il n’y a aucune institution canonique pour le pape émérite. Cela vient du verbe latin emereo, celui qui mérite, qui a le droit d’être pape. Un simple adjectif pour le distinguer du pape illégitime : en effet, emeritus s’écrit en minuscule, par opposition à Évêque Émérite qui a son propre institut canonique très clair. En effet, Mgr Gänswein a expliqué dans un célèbre discours en 2016 : « Comme aux premiers temps de l’Église, il n’y a qu’un seul pape légitime, mais deux successeurs vivants de saint Pierre ». Par conséquent, l’un est légitime et l’autre illégitime. 

5. Pourquoi le besoin d’un Ratzinger Code ?


Elle est conforme à la sede impedita, dans laquelle le pape n’est pas libre de s’exprimer. Mais à un niveau beaucoup plus élevé, le pape Benoît veut sélectionner les « enfants du Logos« , ceux qui ont des « yeux pour voir » et comprendre. Les autres, qu’ils soient bergogliens ou traditionalistes, s’excluent de la compréhension parce que les premiers sont victimes du « charme » émotionnel bergoglien, les seconds de l’effet secondaire de ce charme : ils sont tellement aveuglés par la colère que Bergoglio produit en eux qu’ils se sont mis à haïr Benoît, l’accusant de « modernisme ». Mais le plan du vrai pape réussit parfaitement : de plus en plus de gens comprennent, tandis que les autres finissent comme ces philosophes qui ont attaqué Galilée et ont été décrits par le scientifique comme suit : « ceux qui, remplis de l’obstination de l’aspic, malgré le fait que plus de mille fois je leur ai offert ma volonté, n’ont voulu voir ni les planètes, ni la lune, ni le télescope ».

6. Cette enquête est bien connue mais c’est comme si tout le monde prétendait ne pas être au courant. Comment cela se fait-il ? 


Les éditeurs grand public, pour la plupart, appartiennent à des puissances connues. Le fait que le sujet soit un tabou absolu est assez révélateur. Ensuite, il y a certains intellectuels catho-conservateurs qui, pour diverses raisons (intérêts privés avec des institutions ecclésiastiques, ou retranchements idéologiques/émotionnels) refusent même d’affronter la question du Codice Ratzinger, bien que j’y aie été sollicité dans des lettres publiées dans la presse. Il s’agit d’une attitude vraiment inexplicable, d’une responsabilité historique qui, du point de vue de la foi, pourrait évoquer cette fameuse « force d’égarement » dont parle l’apôtre Paul dans sa IIème Lettre aux Thessaloniciens.

7. Avez-vous conscience que cette thèse pourrait bouleverser le monde catholique, surtout en ces heures ?

J’ai été très prudent et très circonspect, aujourd’hui je peux affirmer certaines choses avec assurance sur la base de la documentation objective recueillie. De plus, le Siège empêché quadrille tous les comptes à tous égards, historique, théologique, prophétique, canonique, moral, documentaire. La découverte d’une telle situation produit de la sérénité, de la force et du courage, contrairement à certaines théories, par exemple celle des sédévacantistes ou « l’erreur substantielle » de Benoît XVI, qui présupposent l’abandon angoissé et lugubre de l’Église par Dieu.   

Quoi qu’il en soit : si cette thèse se confirme un jour, elle pourrait ouvrir des scénarios inattendus pour l’Église dans les mois à venir, surtout si Benoît XVI retourne à la maison du Père et que Bergoglio ne donne pas (ou ne devrait pas donner) suite à l’annonce de sa future démission. L’Église catholique, comme le monde entier, semble être à un tournant ainsi qu’en pleine tribulation. Nous pouvons le constater dans la division entre les fidèles, causée par tout ce manque de clarté, et les situations qui ont suivi depuis le Concile Vatican II. Peut-être plus que toute autre chose, la prière est nécessaire. Prier d’abord pour Benoît, puis pour François, et enfin pour s’assurer que la volonté de Dieu soit toujours faite. Nous savons que « non praevalebunt« , alors quelle que soit la façon dont vous le voyez, il est utile de réitérer un point fondamental : n’oublions jamais de toujours avoir foi en Lui.

Source : https://www.homelie.biz/2022/12/et-si-benoit-xvi-avait-encore-le-munus.html