La Deutsche Bank plonge à Francfort et entraîne l’ensemble du secteur bancaire européen
Publié par Les Echos, le 24 mars 2023
La Bourse de Paris a effacé plus de la moitié de ses gains de la semaine, rattrapée par les doutes sur les liquidités dans le système bancaire. Tout le secteur est touché en Europe dans le sillage de Deutsche Bank, qui plonge de près de 13%.
Les places financières européennes sont à nouveau secouées par les doutes sur la santé du système bancaire mondial, reléguant ainsi au second plan la poursuite de la croissance de l’activité dans le secteur privé en zone euro. Les contrats futures sur indices américains sont également orientés à la baisse, et les grandes banques comme JPMorgan, Bank of America ou Wells Fargo reculent d’environ 2% en avant-Bourse.
A mi-séance, le Cac 40 chute de plus de 2,5% à 6.959,64 points dans un volume d’affaires relativement étoffé de près de 1,3 milliard d’euros.
L’onde de choc provoquée par la faillite de Silicon Valley Bank et le rachat de Credit Suisse par UBS a obligé les autorités monétaires et de régulation à intervenir pour tenter de calmer les esprits. Pour l’heure, elles n’y sont pas parvenues, comme en atteste la récente ruée sur les emprunts d’Etat, réputés plus sûrs. Si l’on en croit le sentiment du marché, le problème n’est pas encore résolu et la Fed, comme la BCE, sont devenues plus prudentes, soulignent les stratégistes de Citigroup, qui restent « négatifs sur les actifs à risque dans la mesure où le stress bancaire resserre le crédit ». Ils réaffirment par ailleurs leur prévision d’une récession aux Etats-Unis au troisième trimestre 2023.
L’indice Stoxx 600 des banques européennes recule de 5%, portant sa perte à 19,3% depuis le début du mois. Mercredi soir, l’indice KBW des banques américaines est tombé à son plus bas depuis octobre 2020.
BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale cèdent respectivement 6,1%, 3,4% et 7,2%. A Francfort, Deutsche Bank, considérée comme la plus fragile, plonge de 12,7%. Le coût des CDS pour s’assurer contre le risque de défaut de la banque allemande a touché 128 points de base ce matin, contre environ 60 au début de la crise. A Zurich, UBS lâche 8%. Le département américain de la Justice a ouvert une enquête sur UBS et Credit Suisse afin de déterminer si les banquiers des deux établissements ont aidé des oligarques russes à contourner les sanctions, rapporte Bloomberg en citant des sources proches du dossier.
Yellen et Lagarde sur le pont
La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a déclaré jeudi soir devant les parlementaires qu’elle se tenait prête à prendre de nouvelles mesures pour garantir les dépôts bancaires. La veille, elle avait pourtant écarté toute extension des garanties sur les dépôts au-delà du seuil actuel de 250.000 dollars.
Sur le Vieux Continent, Christine Lagarde devrait tenter de rassurer les responsables politiques sur la solidité du système bancaire ce vendredi à l’occasion d’une réunion des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne, rapportait Reuters ce matin.
Nouveau plancher historique pour Casino
Autre fait marquant du jour, Casino abandonne 9,6% après avoir touché un nouveau plus bas absolu à 6,03 euros. Sa maison mère Rallye plonge de 17,9%. Moody’s a abaissé la note du distributeur de « B3 » à « Caa1 », avec perspective négative. Cette dégradation tient compte de « la baisse continuelle des parts de marché du groupe dans la grande distribution en France, du maintien d’un flux de trésorerie disponible négatif en France et d’une réduction des marges des activités de distribution françaises en 2022 », souligne l’agence de notation.
John Wiburg
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