Dépopulation,  Economie,  Vaccins

Pour la 1ère fois depuis 1945, les décès viennent de dépasser les naissances en France – Article BFM !

Publié par BFM TV le 23 juillet 2025

Pour la première fois depuis 1945, le nombre de décès cumulés sur 12 mois dépasse le nombre de naissances. Un affaissement démographique français aux conséquences durables sur notre économie et sur notre système de protection sociale.

Des naissances en berne et des décès qui augmentent. Pour la première fois de ce siècle, le solde des naissances et des décès est négatif, comme le relève l’économiste à l’OFCE François Geerolf sur X. En mai 2025 on comptait 651.000 décès cumulés sur 12 mois glissants, et 650.000 naissances, donc un solde démographique négatif (-1000).

« Cela arrive plus vite que prévu », relève François Geerolf, économiste auprès de l’OFCE. Même les projections d’il y a quelques mois attendaient ce retournement pour 2027″. Ce solde négatif concernait déjà la France métropolitaine, il englobe désormais les territoires d’outre-mer, qui connaissent eux aussi une forme de « dénatalité ».

Un choc démographique au précédent historique qui remonte à 1945. « Encore pire, si on exclut la guerre, ce solde négatif n’est pas arrivé depuis 1935. On assiste véritablement à une bascule dans un nouveau régime démographique », alerte Maxime Sbaihi, économiste, expert associé à l’Institut Montaigne qui a publié « Les balançoires vides » aux Editions de l’Observatoire.

Une réunion sur le sujet s’est même tenue la semaine dernière à l’Elysée avec le chef de l’Etat ainsi que les ministres Aurore Bergé et Catherine Vautrin. Car le sujet inquiète l’exécutif au moins autant que celui des comptes publics.

Chute structurelle des naissances

Ce nouveau déséquilibre est-il seulement passager? « On doit s’en inquiéter, c’est une tendance globale, observe Julien Damon, essayiste, et spécialiste des questions démographiques et sociétales. Il y a même une accélération de la tendance depuis quelques années car l’Insee prévoyait ce retournement pour 2035, donc nous sommes en avance. »

Autrefois plus conjoncturel et corrélé à des crises économiques selon l’analyse de François Geerolf (chute de la natalité lors de la grande dépression ou du choc pétrolier), la dénatalité n’est plus un aléa conjoncturel. C’est ce phénomène d’effondrement des naissances (près de -20% par rapport à 2010) que rien ne semble pouvoir enrayer. Bien davantage que la hausse du nombre de décès qui concerne la cohorte des baby-boomers devenus « papy-boomers ». La dénatalité est désormais un phénomène profondément installé dans la société française.

Fin de l’exception démographique française

La France qui a longtemps fait figure d’exception dans l’UE, avec son indice de fécondité par femme supérieur, c’est fini.

“La France ne fait que rejoindre ses vieux copains de l’Union européenne”, appuie Julien Damon.

« L’UE-27 a un solde naturel négatif, avec en « champion » les Allemands. La France entre ainsi dans un régime du vieillissement, caractérisé par une natalité faible et une espérance de vie élevée », complète-t-il. En effet, pour les femmes elle atteint 85,6 ans, au troisième rang de l’UE et pour les hommes 80 ans. La probabilité que la tendance s’inverse est quasi nulle.

Quelles répercussions économiques d’un tel ralentissement démographique? A court-terme, une franche évolution dans la consommation avec une chute de la demande mettant à risque le marché des laits infantiles, des tétines, ou des couches pour bébés. Mais au-delà, les conséquences donnent le vertige.

Recul de la population active et du nombre de cotisants

« La dénatalité quand elle dure, c’est moins de bras et moins de cerveaux pour faire tourner l’économie », résume Maxime Sbaihi. Moins d’enfants, c’est bien sûr moins d’enfants par classes et donc des écoles menacées.

« Sur dix ans on a déjà 500.000 écoliers en moins et 5.000 écoles qui ont fermé, même dans les centre-villes », complète l’économiste. Et moins d’enfants, c’est aussi moins d’étudiants.

« C’est une marée descendante, cela va aussi toucher le système universitaire et dans une dizaine d’années environ le flux entrant sur le marché du travail va diminuer », souligne Maxime Sbaihi.

L’Insee avait déjà documenté le déclin de la population active: en croissance modérée jusqu’en 2040, elle commencerait à décliner à partir de cette date pour se situer aux alentours de 29,2 millions en 2070. Ce repli pourrait intervenir encore plus tôt dès 2036 dans certaines régions.

« On va manquer de travailleurs avant même de manquer de travail », relève Maxime Sbaihi.

Mise à mal de notre système de protection sociale

Et une baisse du taux d’activité globale implique une baisse des cotisations perçues. Le volume de nos dépenses sociales est lesté par deux postes lourds, la vieillesse et la santé qui représentent près de 50% des prestations annuelles chacune.

« Dans les deux cas, il s’agit d’un système par répartition. Les actifs cotisent pour les inactifs et les bien portants cotisent pour les malades », rappelle Julien Damon. Moins d’actifs qui cotisent c’est donc moins de fonds perçus pour davantage de pensionnés qui vivent plus longtemps. Une équation impossible à résoudre avec les paramètres actuels.

« C’est tout notre modèle social qui s’effondre, anticipe Maxime Sbaihi. A l’après-guerre, on avait tout misé sur la démographie et notre système par répartition prenait la forme d’une pyramide. Aujourd’hui cette pyramide rétrécit en sa base à cause de la dénatalité et ne cesse de s’élargir par le haut. La solidarité intergénérationnelle pèse de plus en plus lourd ».

On peut aussi s’intéresser au financement de la dépendance qui est mis en risque. La dépendance illustre les difficultés liées au vieillissement de la population et à la dénatalité. Plus de personnes dépendantes, moins d’actifs pour payer les prestations sociales et moins de main-d’oeuvre pour les aider au quotidien.

Quelles politiques publiques ?

Sans relance de la natalité à l’horizon, malgré le volontarisme affiché du gouvernement qui ne peut aller jusqu’à ordonner les naissances, quelle adaptation possible des politiques publiques?

Difficile de relever encore les taux de cotisations qui atteint déjà 28% du salaire brut. « Une réponse facile est l’immigration même si elle peut s’apparenter à priver des pays en développement de bras et de cerveaux », relève Julien Damon. Pour lui il faut plutôt jouer sur le taux d’activité.

« La France se caractérise par un faible taux d’activité aux deux extrémités du spectre, pour les plus jeunes et les seniors. Il faut jouer sur les principaux paramètres qui sont l’âge d’entrée et l’âge de départ. »

Maxime Sbaihi résume: « Trois solutions. Bébé, immigration ou robots. Le Japon a choisi cette voie et il faut voir dans quel état est leur économie. »

Source : https://www.bfmtv.com/economie/economie-social/c-est-tout-notre-modele-social-qui-s-effondre-pour-la-1ere-fois-depuis-1945-les-deces-viennent-de-depasser-les-naissances-en-france_AN-202507230036.html