
RÉTABLISSEMENT DU SERVICE MILITAIRE : « CE N’EST PAS UN TABOU » ASSURE UN DÉPUTÉ DE LA MAJORITÉ
Publié par RMC le 21 mars 2024
Un éventuel rétablissement du service militaire refait surface en plein regain de tension entre la France et la Russie sur fond de guerre en Ukraine. Selon un député de la majorité, le sujet « n’est pas un tabou ». Les militaires semblent plus mitigés.
En plein regain de tension avec la Russie, la France assume la position de fermeté. « Face à un pays qui durcit lui-même son agression en direction d’un pays souverain qui est l’Ukraine et qui par ailleurs durcit aussi ses positions vis-à-vis de la France et d’autres pays européens il faut assumer », a assuré ce mercredi à BFMTV le Premier ministre Gabriel Attal en marge d’un dîner avec des organisations arméniennes de France.
Encore faut-il avoir les moyens de ses ambitions, notamment sur le plan militaire. Pour tenir sa position, la France pourrait donc bien être tentée de rétablir le service militaire. La Lettonie, état balte limitrophe de la Russie, a déjà décidé de le rétablir, 20 ans après. Même l’Allemagne envisage également de rétablir la conscription disparue depuis 2011.
Rétablir le service militaire, « ce n’est pas un tabou », assure sur X (anciennement Twitter) François Jolivet, député Horizons et allié de la majorité à l’Assemblée nationale. « C’est un sujet qui mérite d’être étudié sérieusement dans le contexte géopolitique que tout le monde a à l’esprit. Je compte y travailler avec les parlementaires intéressés et les administrations concernées », promet-il.
L’ARMÉE INCAPABLE D’ACCUEILLIR LES APPELÉS DU SERVICE MILITAIRE ?
Pour les partisans du retour du service militaire, abrogé en 1997 par Jacques Chirac, l’objectif est double. Prétendre jouir d’un nombre suffisant de soldats en cas de conflit majeur, mais également permettre d’inculquer de l’ordre et de la discipline, tout en remettant en forme physiquement une partie de la jeunesse.
Vaste programme, difficile à mettre en place à en croire Christian, militaire depuis 36 ans qui travaille notamment au sein de l’Otan: « Il n’y a pas d’utilité, il n’y a pas les moyens et surtout la défense de la nation doit se faire sur la base du volontariat et non pas par des personnes que l’on force à venir ».
L’armée n’a même pas les capacités d’accueillir des milliers d’appelés, assure le militaire. « Le parc immobilier de l’armée est hors d’état et insalubre. L’armée ne peut même pas le vendre, il faudrait dépolluer les soutes à carburants et les dépôts de munition, et l’armée n’en n’a pas les moyens », explique Christian.
« SI L’OTAN RÉAGIT CONTRE LA RUSSIE, L’ARMÉE RUSSE NE VAUT QUE DALLE »
Il l’assure, l’armée française ne se porte pas si mal. « Au niveau de l’Otan, l’armée française, en capacité, vient juste derrière les Etats-Unis. On a une armée de professionnels qui est reconnue », ajoute Christian, alors que la France est l’un des seuls pays européens capable de déployer des capacités militaires sur le long terme, loin de ses frontières.
« Nous sommes 32 nations dans l’Otan. Si l’Otan réagit contre la Russie, l’armée russe ne vaut que dalle. Elle n’arrive même pas à envahir l’Ukraine. Si on ouvre un deuxième front, elle serait à la ramasse. Ils perdent 17.000 mecs par jour pour reprendre un village où il n’y a personne », assure le militaire.
Quant à l’utilité du retour d’un service militaire pour la société, Christian estime que ce n’est pas le rôle de l’armée. « On n’est pas là pour faire la crèche. Et le recrutement a changé, l’armée est plus regardante sur la qualité des gens et notre jeunesse n’est pas très en forme », croit-il savoir.
Lancée 1798 sous Napoléon, le service militaire a été suspendu en 1997 par Jacques Chirac en raison de la fin de la guerre froide et la disparition du bloc de l’Est. En 2017, en pleine campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait fait part de son souhait de voir ressurgir un ersatz de service militaire avec le service national universel, le SNU. Avec des résultats pour l’instant « mitigés » selon une commission parlementaire.
Publié par Europe 1, le 19 mars 2024
Face aux risques d’une guerre avec la Russie, la Lettonie rétablit son service militaire pour les hommes
Vingt ans après, la Lettonie a décidé de rétablir le service militaire obligatoire pour les hommes âgés de 18 à 27 ans, dans ce pays d’1,9 million d’habitants qui partage une frontière avec la Russie et avec la Biélorussie, alliée du Kremlin. Europe 1 s’est rendue au cœur de la base militaire d’Adazi, à une trentaine de kilomètres de Riga.
Le Parlement de la Lettonie a décidé de rétablir le service militaire obligatoire pour les hommes âgés de 18 à 27 ans. Une décision motivée par le contexte tendu dans la région du fait de la guerre en Ukraine et du fait que le pays partage ses frontières avec la Russie et la Biélorussie. Dans la base d’Adazi, les jeunes soldats se préparent.
« Il pourrait nous arriver la même chose »
Derniers rangements et derniers textos avant une opération d’exploration nocturne. Ils sont 250, tous volontaires, à avoir intégré les rangs de l’armée. Parmi ces jeunes soldats, Karlis, qui vient de passer son bac : « Je n’avais jamais imaginé le service militaire comme une option. Si vous m’aviez dit à 17 ans que deux ans plus tard, je serais dans l’armée, je n’y aurais pas cru. C’est un peu étrange ».
En Lettonie, l’invasion russe en Ukraine a marqué les esprits, alors Kristers prend la menace très au sérieux : « Il pourrait nous arriver la même chose. C’est pour ça qu’il m’a semblé obligatoire de rejoindre les rangs. Nous sommes une pièce de puzzle, c’est ensemble qu’on peut faire la différence ».
À l’issue de leur formation militaire de 11 mois, les conscrits intégreront la réserve opérationnelle, avec de lourdes conséquences en cas de guerre. Une éventualité dont a conscience Edvards : « Quand l’heure H arrivera, je serai appelé et je serai prêt à défendre ma terre que j’aime tant ». Le ministre de la Défense a en tout cas réussi son opération séduction : près de 40% des nouvelles recrues ont signé un contrat avec les Forces armées lettones.

