
RFK secoue le système de santé américain avec une réforme audacieuse de l’ACIP pour restaurer la confiance dans les vaccins
Publié par France Soir le 10 juin 2025
Le 9 juin 2025, Robert F. Kennedy Jr., secrétaire du Département de la Santé et des Services sociaux (HHS) des États-Unis, a pris une décision sans précédent en annonçant la révocation de tous les membres du Comité consultatif sur les pratiques d’immunisation (ACIP), l’organe qui conseille le Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC) et le HHS sur les recommandations vaccinales. Cette mesure, détaillée dans un communiqué de presse du HHS, s’inscrit dans une ambition claire : restaurer la confiance du public dans les vaccins, un sujet devenu brûlant après des années de controverse, amplifiées par la pandémie de Covid-19. Mais cette réforme, bien que saluée par certains, soulève des questions sur son exécution, ses implications et les résistances qu’elle suscite.
Une refonte radicale pour répondre à une crise de confiance
Le communiqué du HHS explique que l’ACIP, créé pour garantir des recommandations vaccinales fondées sur la science, a perdu la confiance du public en raison de « conflits d’intérêts généralisés » entre ses membres et l’industrie pharmaceutique. Selon le HHS, ces liens financiers ont miné la crédibilité des décisions, alimentant le scepticisme envers les vaccins, notamment chez les parents et les communautés préoccupées par la sécurité. Kennedy affirme vouloir recentrer l’ACIP sur une science « indépendante, rigoureuse et transparente » en nommant de nouveaux membres, libres de toute influence de Big Pharma.

Dans sa tribune publiée dans le Wall Street Journal, Kennedy va plus loin. Il accuse l’ACIP d’être devenu un « tampon encreur en caoutchouc » pour l’industrie, approuvant systématiquement tous les vaccins sans évaluation critique, y compris ceux qui ont été retirés par la suite pour des raisons de sécurité. Il met en lumière des lacunes dans les protocoles de test, notamment pour les vaccins destinés aux nourrissons et aux femmes enceintes, et promet une ère nouvelle où la sécurité prime. « Nous devons garantir que chaque vaccin administré aux Américains est sûr, efficace et digne de confiance », écrit-il, alignant cette réforme sur l’initiative « Make America Healthy Again » (MAHA). Un décret présidentiel de mise en place de MAHA a été signé en février 2025.
Réactions polarisées : soutien fervent et inquiétudes profondes
La décision a enflammé les débats sur X, reflétant la fracture profonde autour des vaccins. D’un côté, des organisations comme Children’s Health Defense (CHD), fondée par Kennedy, célèbrent cette refonte. CHD, aujourd’hui sous la présidence de l’avocate Mary Holland note que « l’ACIP n’a jamais recommandé contre un vaccin, même ceux retirés pour des raisons de sécurité », et saluent une « réforme courageuse pour protéger nos enfants ». Des utilisateurs comme @MarieDuke44719 partagent cet enthousiasme, déclarant : « Enfin, une balayeuse pour rétablir la confiance dans la science des vaccins ! » Ces voix voient dans l’action de Kennedy une étape cruciale pour contrer l’influence des lobbys pharmaceutiques.
Cependant, les critiques ne manquent pas. Des comptes comme @Blick_media mettent en garde contre les « répercussions importantes » de cette décision, craignant que la révocation en bloc des experts actuels ne compromette la compétence scientifique du nouvel ACIP. Un article de CNBC souligne ces préoccupations, notant que l’expertise en immunologie, épidémiologie et santé publique risque de faire défaut si les nouveaux membres sont choisis davantage pour leur absence de liens avec l’industrie que pour leurs qualifications. En soi, une reconnaissance que la gestion des liens d’intérêt demande à réelle clarification. Certains craignent également que cette réforme n’amplifie la désinformation et la réticence vaccinale, dans un contexte où les taux de vaccination contre des maladies comme la rougeole sont déjà en baisse.
Un contexte de pressions croissantes au NIH
Cette refonte de l’ACIP ne surgit pas dans le vide. Elle arrive au même moment que ce qui s’apparente comme une « défiance politique plus que scientifique » au sein du National Institutes of Health (NIH), où des tensions entre priorités politiques et rigueur scientifique se sont intensifiées.

Depuis des années, le NIH et d’autres agences de santé ont été accusés de céder aux pressions des lobbys pharmaceutiques, favorisant les profits au détriment de la santé publique. La décision de Kennedy s’inscrit dans un effort plus large pour démanteler cette « capture réglementaire », un phénomène où les agences censées protéger le public servent davantage les intérêts de l’industrie.
Les défis du management des réformes
En management, des réformes de cette ampleur sont notoirement complexes. Elles exigent une planification méticuleuse, une communication claire et un sens aigu du timing pour surmonter les résistances institutionnelles et culturelles. De nombreuses voix s’interrogeaient encore récemment sur la lenteur des changements au HHS, notamment en matière de réforme des vaccins contre la Covid-19. Dans une tribune, Maryanne Demasi souligne que malgré les attentes élevées, les progrès semblaient avancer plus lentement que prévus entravés par la bureaucratie et les intérêts enracinés. La révocation de l’ACIP marque un tournant, mais sa mise en œuvre demandera un doigté particulier pour éviter le chaos et garantir que les nouveaux membres soient à la fois indépendants et compétents.
Le cas Moderna et l’évolution des règles de la FDA
L’approbation du dernier vaccin contre la Covid-19 de Moderna a cristallisé les tensions. Ce vaccin, autorisé sous de nouvelles règles de la FDA, illustre une tentative de rétablir le principe « primum non nocere » (d’abord ne pas nuire). Ces règles, détaillées dans un article dans le New England Journal of Medecine, exigent des essais cliniques plus rigoureux, une transparence accrue sur les effets secondaires et une réévaluation des critères d’approbation. Pourtant, des critiques persistent : certains y voient une approbation précipitée, tandis que d’autres saluent une étape vers des standards plus stricts. Ce débat reflète la difficulté de concilier innovation rapide et sécurité absolue.
Pour un spécialiste de la santé publique américaine, « ceux qui ont approuvé pendant des années des produits pharmaceutiques dont les bénéfices ne sont pas clairement établis et très couteux pour le système et les citoyens, tentent aujourd’hui de faire croire qu’après avoir autorisé les vaccins à ARNm sur des bases scientifiques faibles et fournies par l’industrie, ils ont œuvré dans une sécurité absolue. Faire place nette est une nécessité absolue ».
Restaurer la science de référence : un chemin semé d’embûches
Restaurer une « science de référence » est au cœur de la vision de Kennedy, mais, comme le souligne l’expert en santé publique, « n’allait pas se faire sans heurts ». La nomination de figures comme le Dr Jay Bhattacharya, un critique virulent des politiques de santé publique pendant la pandémie, signalait déjà une rupture avec les pratiques établies. Bhattacharya et d’autres prônent une science guidée par des données probantes, libre de toute influence externe. Pourtant, modifier des décennies de pratiques où le lobbying a souvent éclipsé l’intérêt des patients semble rencontrer une résistance farouche. Le système, habitué à sa mainmise, élève-t-il des barrières pour protéger son pouvoir, fruit d’une capture réglementaire de longue date et ainsi donner raison à Kennedy et Bhattacharya qu’une refonte en profondeur était nécessaire ?
Le MAHA, un mouvement en marche
L’initiative « Make America Healthy Again » (MAHA), décrétée par le président Donald Trump en février 2025, est le moteur de cette transformation. Ce « tournant sensationnel dans la politique de santé » vise à recentrer le système sur la prévention des maladies chroniques, la transparence et la responsabilité. Soutenu par Kennedy, ce « bond en avant » prend forme, comme en témoigne la réforme de l’ACIP. En seulement quatre mois, des progrès notables ont été réalisés, un délai impressionnant compte tenu de la complexité des enjeux. Le décret de Trump avait posé les bases d’une nouvelle ère pour la santé américaine, avec des objectifs ambitieux pour réduire l’influence de Big Pharma et prioriser le bien-être des citoyens.
Perspectives et défis à venir
La décision de Kennedy de réformer l’ACIP est un pari audacieux. Si elle réussit, elle pourrait restaurer la confiance dans les vaccins et redonner à la science sa place centrale dans la politique de santé. Mais les risques sont réels : une mise en œuvre maladroite pourrait semer la confusion, affaiblir les programmes de vaccination et exacerber la méfiance. Le défi pour Kennedy et son équipe sera de nommer un nouvel ACIP compétent, indépendant et capable de naviguer dans un paysage polarisé. Entre les espoirs d’une santé publique rénovée et les craintes d’un bouleversement mal maîtrisé, le MAHA est bel et bien en marche, mais son succès dépendra d’une exécution précise et d’une capacité à surmonter les barrières d’un système profondément enraciné.

