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Entretien de Mgr Carlo Maria Viganò avec Michael Haynes à propos de Fiducia supplicans

Publié par MPI le 9 janvier 2024

“Nous devons comprendre une fois pour toutes que ces individus usurpent l’autorité sacrée des Pasteurs de l’Église du Christ”

Le cardinal Fernández écrit qu’« il n’y a pas de place pour se distancier doctrinalement de cette Déclaration ou pour la considérer comme hérétique, contraire à la Tradition de l’Église ou blasphématoire ». Que répondriez-vous à une telle remarque ? 

Il n’est pas surprenant que l’auteur d’un document qui est en soi hérétique tente de le défendre contre toute évidence. Ce qui est surprenant, cependant, c’est l’impudence à contredire cette synodalité qui, selon eux, devrait laisser l’autonomie aux « églises particulières ». Mais c’est ce qui arrive lorsqu’un lobby qui prétend avoir une légitimité « démocratique » découvre que le peuple – souverain seulement en paroles – n’adhère pas à ses plans subversifs. Le consensus populaire devient alors une « dérive populiste » (comme lorsque ce ne sont pas les Démocrates qui gagnent honnêtement une élection) et la même chose se produit dans l’église bergoglienne.

Cependant, je voudrais attirer l’attention sur un autre élément qu’il ne faut pas sous-estimer : la provocation délibérée de Bergoglio et de son homme de main. Si Tucho était vraiment de bonne foi, il n’aurait jamais, au grand jamais, promulgué la Déclaration Fiducia Supplicans, parce qu’il était largement prévisible que ce coup de force provoquerait de très fortes protestations. De la manière dont cette affaire scandaleuse s’est déroulée – allant même jusqu’à ne pas convoquer l’assemblée plénière du Dicastère pour discuter du contenu du document – nous pouvons comprendre ce que j’annonce depuis un certain temps, à savoir que Bergoglio veut provoquer un schisme dans l’Église et pousser les Pasteurs et les fidèles à partir, ou en tout cas à se retrouver dans une situation d’ostracisme volontaire ou imposé dans laquelle leur résistance est en fait annulée ou ignorée. C’est ce qui constitue la marque du « pontificat » du Jésuite Argentin, et il l’a lui-même affirmé en 2016 : « Je pourrais entrer dans l’histoire comme celui qui a divisé l’Église ». Cette action de division, typique du Malin, qui est esprit de division et semeur de zizanie, est indiscutable et trouve une démonstration supplémentaire dans la provocation de Fiducia Supplicans, défendue par son auteur, dans un conflit d’intérêts grotesque, allant jusqu’à décider motu proprio qu’elle ne peut pas être considérée comme hérétique ou blasphématoire, sans argumenter et en sachant même très bien que le Magistère de l’Église a toujours condamné la sodomie et donc considéré comme impensable de bénir ou même d’approuver indirectement ceux qui vivent dans un état de concubinage public ou comme sodomites.

Quoi qu’il en soit, tout document portant la signature de Tucho peut être considéré comme sans valeur, en raison de l’hérésie manifeste de Tucho et de sa complicité avec Bergoglio dans le discrédit de la Sainte Église, usurpant son autorité pour la démolir de l’intérieur.

Le cardinal Fernández affirme également que l’opposition à Fiducia Supplicans « ne peut pas être interprétée comme une opposition doctrinale, car le document est clair et définitif sur le mariage et la sexualité ». Pourtant, il semble que toute opposition à FS ne soit pas basée sur la reconnaissance que le mariage est entre un homme et une femme, mais sur le fait qu’elle permet des bénédictions pour les couples de même sexe. 

Ce document est un monument d’hypocrisie pharisaïque. Tout d’abord, elle feint d’ignorer que la distinction byzantine entre bénédictions liturgiques et extra-liturgiques est clairement contredite par la valeur qui leur est attribuée précisément par ceux qui les dispensent et par ceux qui les demandent, ainsi que, bien sûr, par ceux qui ont jugé opportun de se prononcer sur la question seulement maintenant. Un bon curé sait très bien que pour le croyant moyen, le simple fait de bénir une union signifie l’approuver. De plus, la bénédiction d’un couple de pécheurs publics, même si ce n’est que dans la sacristie, avec des parents et des amis est considérée comme une condition nécessaire pour arriver, dans un délai relativement court, au mariage tout-court. D’autre part, il en a été de même lorsque, dans le domaine civil, on a fait en sorte que les pacs (unions civiles) soient rapprochés du mariage entre un homme et une femme, grâce à l’appui des partis conservateurs à qui l’on avait fait croire que les pacs n’entendaient pas remettre en cause le mariage traditionnel. Et en fait, aujourd’hui, il y a des mariages civils entre personnes du même sexe, et personne ne se souvient même de ce qu’étaient les pacs.

Pour tromper, Tucho veut que l’accent soit mis sur un aspect non pertinent – à savoir que la bénédiction ne remet pas en question le fait que le sacrement du mariage n’est possible qu’entre un homme et une femme – pour éviter de prendre en considération la sodomie, comme un péché contre nature qui crie vengeance au Ciel, ce que de fait Fiducia Supplicans déclassifie et légitime. De cette façon, les conséquences qu’aura Fiducia Supplicans sont en fait ignorées, et nous pouvons déjà les voir appliquées de manière cohérente par les prêtres et les évêques bergogliens. Tout d’abord, induire chez les fidèles l’idée qu’une union homosexuelle ou de toute façon illégitime peut avoir une sorte de légitimité de série B, ouvrant cette fenêtre d’Overton qui conduira nécessairement non seulement à la légitimation des mariages homosexuels, mais aussi à ceux entre conjoints multiples (au nom de l’inclusivité envers ceux qui pratiquent le polyamour) ou avec des mineurs (lorsque la pédophilie, selon les auspices de l’ONU, sera reconnue comme normale) ou avec des animaux. Je rappelle, en passant, que parmi les préoccupations du Synode sur la synodalité manipulé par Bergoglio, il y avait aussi l’attention pastorale non seulement pour les couples illégitimes de concubins ou de sodomites, mais aussi pour les polygames. En relisant ces desiderata, on comprend aujourd’hui quelle était la volonté de Bergoglio et de ses complices dès le début.

D’autre part, depuis soixante ans, les exceptions aux normes ordinaires ont servi de prétexte pour introduire des innovations qui, autrement, seraient inacceptables, depuis la coutume d’administrer la communion dans la main jusqu’à l’institution des « ministres de l’Eucharistie » ou des filles enfants de chœur, de l’introduction de langues vernaculaires à la place du latin au remplacement du chant grégorien par des chants profanes.

J’ajouterais encore un autre élément : le fait que les couples de personnes qui demandent cette bénédiction sont déjà « mariés » civilement ou ont l’intention de le faire et ne considèrent pas leur union comme un péché. C’est cette union peccamineuse que l’on demande de bénir, ce sont les deux composantes de cette union peccamineuse qui demandent à être bénies.

Tucho savait très bien qu’il ne pouvait pas publier cette Déclaration avec l’approbation des membres du Dicastère et de l’Épiscopat, car elle était contraire à la Foi et à la Morale. Pour cette raison, il a dû recourir à un coup de force, en gardant la rédaction du document bien cachée pour éviter qu’il ne soit bloqué avant même qu’il ne soit publié. Il est donc naïf de penser qu’il l’a fait sans tenir compte des réactions qu’il aurait suscitées, car le but de Tucho était précisément de créer des divisions dans l’Église. Sa réaction de colère confirme que la synodalité – comme toute fiction pastorale bergoglienne – n’est que l’écran hypocrite derrière lequel se cache l’autoritarisme tyrannique d’une secte d’hérétiques corrompus qui fait siennes les exigences antihumaines de l’élite mondialiste, piétinant l’enseignement du Christ.

Le cardinal Fernández affirme que les passages de FS sur les bénédictions sont une « doctrine pérenne », mais il admet aussi que la « vraie nouveauté » de FS est son enseignement sur les bénédictions, qui est « un véritable développement par rapport à ce qui a été dit sur les bénédictions dans le Magistère et dans les textes officiels de l’Église ». Que devons-nous penser de tout cela ? 

Si nous voulions donner un exemple de ce que l’on entend par « jésuitisme », je pense que ces mots de Tucho pourraient parfaitement résumer le concept. Fondamentalement, ce que Tucho essaie de nous faire croire, c’est que oui, les bénédictions comme sacramental sont une doctrine pérenne, mais que pour pouvoir bénir un couple irrégulier, il était nécessaire d’introduire cette « vraie nouveauté » qui les bouleverse, rendant cette application spécifique ipso facto étrangère à la doctrine pérenne en raison du changement introduit. C’est d’ailleurs déjà ce qui s’est passé dans le domaine doctrinal avec la condamnation arbitraire et absurde de la peine de mort, introduite par Bergoglio avec le même artifice rhétorique qui cache la tromperie : la peine de mort a été considérée comme légitime et c’est une doctrine pérenne ; mais aujourd’hui, nous introduisons la « vraie nouveauté » de sa nature antiévangélique et c’est pourquoi nous la condamnons. Il faut s’attendre à ce qu’avec la même hypocrisie pharisaïque, Tucho et son maître inventent une forme de « ministère non ordonné » pour les femmes, d’une part en réaffirmant que le sacerdoce est limité aux seuls hommes, et c’est là une doctrine pérenne, mais en ajoutant la « vraie nouveauté » d’un « ministère non ordonné », c’est-à-dire d’un sacerdoce-non-sacerdoce, d’un diaconat-non-diaconat. Vous comprenez tous qu’il s’agit d’une pure folie, dictée par un esprit hérétique et mue par une volonté maléfique.

Nous devons comprendre une fois pour toutes que ces individus usurpent l’autorité sacrée des Pasteurs de l’Église du Christ en vue de la détruire, de damner les âmes, d’offenser la Majesté divine et d’obéir à leurs maîtres, tout comme dans la sphère civile, les dirigeants des nations occidentales sont soumispar intérêt ou par chantage – à l’élite mondialiste et antichristique. L’un et l’autre utilisent leur pouvoir pour faire le mal, contre le but pour lequel ce pouvoir a été établi. Si nous continuons à obéir à une autorité corrompue, sans la chasser et la poursuivre comme elle le mérite, nous ne sortirons jamais de cette impasse.

07 janvier 2024

© Traduction de F. de Villasmundo pour MPI relue et corrigée par Mgr Viganò

Fabien Laurent

Source : https://www.medias-presse.info/entretien-de-mgr-carlo-maria-vigano-avec-michael-haynes-a-propos-de-fiducia-supplicans/184593/