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Envoi de troupes en Ukraine : retour sur les sorties d’Emmanuel Macron qui persiste et signe

Publié par Ouest France le 2 mai 2024

Le président de la République a une nouvelle fois évoqué la possibilité de l’envoi de troupes occidentales en Ukraine. Il a mis en garde la Russie dans les colonnes du magazine « The Economist » ce jeudi 2 mai 2024. Ce n’est pas la première fois que le chef de l’État esquisse cette possibilité, au grand dam des alliés européens. Retour sur ses déclarations successives.

Emmanuel Macron a, une fois encore, brisé le tabou. Des troupes occidentales peuvent-elles être envoyées, un jour, en Ukraine ? Dans un entretien publié ce jeudi 2 mai 2024 par le magazine britannique The Economist , le président de la République a affirmé ne « rien exclure » face à un ennemi « qui n’exclut rien ». C’est loin d’être la dernière sortie de ce genre pour le chef de l’État, qui a affolé la communauté internationale en février dernier.

Si l’on a pu se demander si le chef de l’État n’avait tout simplement pas maîtrisé ses propos, le nombre d’occurrences ne laisse, aujourd’hui, plus de place au doute. On revient sur ses déclarations successives, leur contexte et les réactions qu’elles ont suscitées.

26 février : « Rien ne doit être exclu »

Ce qu’il a dit. « Il n’y a pas de consensus aujourd’hui pour envoyer de manière officielle, assumer et endosser des troupes au sol. Mais en dynamique, rien ne doit être exclu. Nous ferons tout ce qu’il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre. »

Le contexte. Quelques jours après les deux ans de l’invasion de l’Ukraine par les troupes de Moscou, 27 États étaient réunis dans un sommet à Paris. L’objectif : ressouder les rangs européens dans leur soutien à l’Ukraine. C’est au cours de la conférence de presse qui suivait ce sommet, en réponse à la question d’un journaliste questionnant Emmanuel Macron directement sur l’envoi de troupes au sol, que ce dernier a prononcé ces propos.

Les réactions. Une pluie de réponses négatives éclate dans le monde. Le lendemain, la Maison Blanche s’empresse de faire savoir que les États-Unis « n’enverront pas de soldats combattre en Ukraine ». Le chancelier allemand confirme, lui, qu’« aucun soldat » des pays d’Europe ou de l’Otan ne sera envoyé en Ukraine. « Nous ne prévoyons pas de déploiement à grande échelle », a déclaré de son côté un porte-parole du Premier ministre britannique Rishi Sunak. Le ministre de la Défense suédois Boris Pistorius a évoqué « une proposition de réflexion du président Macron que personne n’a apparemment suivie ». L’Espagne, l’Allemagne, la Croatie et la République tchèque ont également opposé une fin de non-recevoir. Parallèlement à la frayeur généralisée causée par les propos d’Emmanuel Macron, certains observateurs saluent l’« ambiguïté stratégique » cultivée par le président, de nature à entretenir le doute chez l’adversaire.

5 mars : « Ne pas être lâche »

Ce qu’il a dit. « Nous abordons à coup sûr un moment de notre Europe où il conviendra de ne pas être lâches ». […] « Tournez-vous vers [Vladimir Poutine] pour savoir quelles sont ses limites stratégiques. Si chaque jour, nous expliquons quelles sont nos limites face à quelqu’un qui n’en a aucune, je peux déjà vous dire que l’esprit de défaite est là qui rôde. »

Le contexte. Emmanuel Macron prononçait un discours à la communauté française de Tchéquie, au Lycée français de Prague. Le président venait montrer « l’attention particulière » de la France à l’Europe centrale et signer avec le Premier ministre tchèque, Petr Pavel, un plan d’action 2024-2028 pour un partenariat stratégique bilatéral.

Les réactions. Sans pour autant réitérer le tollé de la fin février, ces propos n’ont guère été mieux accueillis par les dirigeants européens. Le ministre allemand de la défense, Boris Pistorius, a déclaré ne pas avoir « besoin de discussions sur le fait d’avoir plus ou moins de courage » et que « cela n’aide pas vraiment à résoudre les problèmes que nous avons lorsqu’il s’agit d’aider l’Ukraine autant que nous le pouvons ». Côté russe, les positions d’Emmanuel Macron ont été accueillies pour le moins froidement. « On va tuer tous les soldats français qui vont venir sur le sol ukrainien », a déclaré Piotr Tolstoï, vice-président de la Douma équivalent russe de l’Assemblée nationale, le 21 mars à BFMTV .

2 mai : « Quelle crédibilité pour les Européens ? »

Ce qu’il a dit. « Comme je l’ai dit, je n’exclus rien, parce que nous avons face à nous quelqu’un qui n’exclut rien ». « Si la Russie gagne en Ukraine, nous n’aurons plus de sécurité en Europe. Qui peut prétendre que la Russie va s’arrêter là ? Quelle sécurité pour les autres pays avoisinants, la Moldavie, la Roumanie, la Pologne, la Lituanie et tant d’autres ? Et derrière, quelle crédibilité pour les Européens qui auraient dépensé des milliards, qui auraient dit que c’est la survie du continent qui se jouait là et qui ne se seraient pas donnés les moyens de stopper la Russie ? Donc oui, nous ne devons rien exclure ». Il a toutefois émis deux conditions : que la Russie « perce les lignes de front » et que Kiev formule la demande d’une intervention extérieure.

Le contexte. Le président de la République a accordé un entretien au magazine britannique The Economist  paru ce jeudi 2 mai 2024. La veille, Washington a accusé Moscou d’avoir eu recours à des armes chimiques sur le front de l’Ukraine, ce que réfute la Russie.

Les réactions. Interrogé sur la chaîne LCI, le ministre des Affaires étrangères de Hongrie, Peter Szijjártó, a jugé la déclaration du président Macron « menaçante ». « Ce n’est pas notre guerre, une escalade du conflit serait très dangereuse », a-t-il poursuivi.

Source : https://www.ouest-france.fr/europe/ukraine/envoi-de-troupes-en-ukraine-retour-sur-les-sorties-demmanuel-macron-qui-persiste-et-signe-faec3038-087f-11ef-82e4-0c4a28978b68