Guerre en Ukraine : pourquoi Kiev veut rapatrier ses hommes partis à l’étranger depuis le début du conflit
Publié par La Dépêche.fr le 26 avril 2024
L’armée ukrainienne manque cruellement de soldats et envisage de faire revenir des hommes en âge de combattre qui se sont exilés à l’étranger depuis le début de la guerre.
La décision fait polémique. Le chef de la diplomatie ukrainienne a affirmé mardi 23 avril [2024] que des « mesures » imminentes allaient être prises pour faire rentrer en Ukraine les hommes en âge de combattre et se trouvant à l’étranger. L’Ukraine, qui affronte depuis deux ans l’armée russe, a besoin de soldats. De plus, Kiev s’attend à ce que la Russie lance une nouvelle offensive dans les semaines ou mois à venir.
L’Ukraine ne délivrera donc plus de passeports à l’étranger aux hommes âgés de 18 à 60 ans, selon un texte publié par le gouvernement mercredi [24 avril 2024]. Seule la délivrance de « cartes d’identité pour rentrer en Ukraine » est maintenue pour cette catégorie d’hommes, indique la diplomatie ukrainienne.
Ainsi, selon plusieurs médias ukrainiens, des consulats ont d’ores et déjà cessé d’accepter de fournir leurs services aux hommes concernés.
L’entreprise d’État Dokument par exemple, qui facilite la délivrance de documents officiels ukrainiens, a annoncé pour sa part mardi sur son site qu’elle « suspendait » les procédures à l’étranger pour des « raisons techniques ».
L’arrêt des services consulaires, notamment le renouvellement des documents d’identité et d’autres démarches administratives importantes, pourrait ainsi pousser des Ukrainiens à rentrer au pays.
Interdiction aux hommes en âge de combattre de voyager à l’étranger
Depuis le début du conflit, Kiev interdit aux hommes en âge de combattre de voyager à l’étranger à quelques exceptions près. Mais, selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d’hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d’aller se battre au front.
Les autorités ont récemment adopté une loi sur la mobilisation visant à durcir les punitions pour les récalcitrants. Elles ont aussi baissé l’âge de mobilisation de 27 à 25 ans.
Réactions en masse
De nombreuses personnalités avaient critiqué l’annonce survenue mardi, la jugeant non efficace, voire illégale. « Cela ne contraindra aucun homme étant parti à l’étranger à retourner en Ukraine et à aller combattre », a estimé sur Facebook Serguï Petoukhov, ancien vice-ministre de la Justice.
L’économiste populaire Serguiï Foursa a dénoncé cette décision, estimant qu’il s’agissait de « vengeance » et du « populisme » de la part du pouvoir qui, selon lui, risque de « diviser la société » au lieu de créer la mobilisation. Le chef de l’ONG ukrainienne Union de Helsinki, Oleksandr Pavlitchenko, a lui estimé que cette mesure n’allait que nuire à la réputation du pays à l’étranger, en la qualifiant d' »abus de pouvoir ».
