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Guerre en Ukraine : Zelensky veut réformer la conscription – Quelles sont les règles en vigueur en Ukraine concernant les mobilisations de civils ?

Publié par EuroNews, le 2 décembre 2023

Volodymyr Zelensky a annoncé des discussions sur une éventuelle réforme du service militaire ukrainien.

Volodymyr Zelensky a annoncé réfléchir à une éventuelle réforme du service militaire ukrainien, dans une vidéo partagée vendredi sur son compte X (anciennement Twitter). 

La réforme devrait ainsi être alignée sur les objectifs militaires que Kyiv se fixe pour 2024, a affirmé le chef d’Etat.

Tout le monde en Ukraine comprend que des changements sont nécessaires à ce sujet

 Volodymyr Zelensky, Président ukrainien

Si peu de détails ont été apportés sur les corrections éventuelles, plusieurs « suggestions concrètes » sont déjà sur la table, a-t-il précisé. 

Le président ukrainien a expliqué que les réformes ne concerneraient pas seulement le « nombre de personnes mobilisables », mais également le « calendrier de démobilisation de tous ceux qui sont actuellement dans l’armée et pour ceux qui rejoindront l’armée ».

Le système de conscription ukrainien en temps de guerre a parfois été critiqué. À la mi-novembre, des parents de soldats ont manifesté afin d’exiger plus de clarté sur les conditions du service militaire.

Certains manifestants avaient affirmé que des soldats n’étaient pas rentrés chez eux depuis février 2022. 

À l’heure actuelle, tout Ukrainien âgé de 27 à 60 ans peut être mobilisé dans l’armée. 

En temps de paix, le service militaire est obligatoire pour les hommes âgés de 18 à 27 ans. Ils sont ensuite réservistes à partir de 27 ans. 

En temps de guerre, officiellement depuis octobre 2022, le service militaire est donc inversé : la conscription des jeunes est suspendue.

Source : https://fr.euronews.com/2023/12/02/guerre-en-ukraine-zelensky-veut-reformer-la-conscription


Extrait de l’article du Monde du 29 décembre 2023

Les Ukrainiens face à l’élargissement de la conscription : « Un jour ou l’autre, on y passera tous »

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a annoncé le 19 décembre [2023] la probable mobilisation de près de 500 000 nouvelles recrues, alors que des milliers de soldats n’ont pas été relevés depuis vingt-deux mois. Mais, en raison d’une guerre qui s’enlise, l’élan est retombé, et de premières fissures sont apparues au sein de la population.

Blotti derrière un rideau d’arbres, le restaurant à l’atmosphère feutrée en plein centre de Kiev donne l’illusion de la paix dans un pays en guerre. « Je déjeunais avec un vieil ami. C’était la période de Noël, il était 14 heures, le service battait son plein », se souvient un jeune homme rencontré dans la capitale – il a requis l’anonymat. Leur conversation roule sur la mobilisation dans l’armée, éternel sujet depuis le début de la guerre, mais qui vient de prendre une brutale intensité : le président, Volodymyr Zelensky, a évoqué la probable mobilisation de 450 000 à 500 000 nouvelles recrues lors d’une conférence de presse, le 19 décembre [2023]. Depuis l’été 2022, et de façon toujours plus insistante, l’état-major affirme manquer d’hommes autant que de munitions. Cette fois, le chiffre lancé est phénoménal pour une armée qui compte 1 million de soldats et pourrait mettre le pays dans une situation sociale et politique délicate.

Sous les lumières tamisées du restaurant, le jeune homme explique à son convive qu’il bénéficie d’un sursis – comme bien d’autres – grâce à son emploi dans un secteur civil stratégique. Une situation claire et parfaitement légale. Mais qu’est-ce qui est encore clair avec des troupes épuisées par vingt-deux mois de combats, attendant la relève, dans une guerre qui n’en finit pas ?

Jusqu’à présent, l’Ukraine n’a pas connu de conscription générale, restant dans une sorte de flou : les hommes de 18 à 60 ans doivent s’enregistrer et ont interdiction de quitter le pays. Mais l’engagement reste volontaire, ne devenant obligatoire – pour ceux qui sont aptes – qu’en cas de convocation nominative. Là commence l’inconnu. Comment et à qui sont distribuées ces convocations ? Elles semblent souvent tomber sans logique véritable, atterrissant chez un voisin mais pas chez un autre, ou alors en plusieurs exemplaires. Il arrive qu’elles réclament l’incorporation de soldats déjà mobilisés, ou parfois même des morts.

[…]

Source : https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/29/les-ukrainiens-face-a-l-elargissement-de-la-conscription-un-jour-ou-l-autre-on-y-passera-tous_6208229_3210.html


Publié par France Info le 2 janvier 2024

Guerre en Ukraine : le nombre de déserteurs est en hausse

L’Ukraine assure manquer d’armes. Elle manque aussi d’hommes, c’est pour cela qu’elle accélère sa mobilisation. Certains jeunes sont parfois interpellés dans la rue.

À la frontière avec la Roumanie, ils traquent les déserteurs de leurs propres pays. Des gardes-frontières ont arrêté 3 000 Ukrainiens qui cherchent à fuir leur pays, le double par rapport à l’année dernière. Des arrestations parfois musclées. Selon la loi martiale, il est interdit aux hommes de 18 à 60 ans de quitter l’Ukraine, sauf autorisation spéciale. Alors certains sont prêts à payer très cher pour leur départ, en sollicitant des passeurs. « Combien vous avez payé ? » demande un membre des forces de l’ordre à un déserteur. « 3 500 euros », répond l’homme arrêté. 

Direction la Moldavie, la Pologne ou la Roumanie

Ces hommes veulent aller en Moldavie, en Pologne ou en Roumanie. Un homme ne veut pas dire où il se trouve de peur d’être retrouvé, mais il raconte sa fuite : un train, puis une traversée à la nage. 36 heures d’un périple au péril de sa vie, animé par une seule envie : fuir la guerre.

Source : https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/guerre-en-ukraine-le-nombre-de-deserteurs-est-en-hausse_6279144.html


Publié par France Info le 18 septembre 2023

Guerre en Ukraine : pots-de-vin, combines… Comment les réfractaires à la mobilisation tentent d’échapper aux autorités

L’armée ukrainienne a besoin de grossir ses rangs pour mener sa contre-offensive. Mais les vagues de volontaires du début de la guerre se sont taries au fil des mois. Les autorités cherchent donc à débusquer les réfractaires, qui usent de moyens parfois illégaux pour échapper au front.

De lui, on doit en dire le moins possible. Surtout pas sa véritable identité, encore moins son métier, tout juste sa tranche d’âge. Quand nous le rencontrons dans un café de Kharkiv, vendredi 8 septembre, Ivan* est visiblement préoccupé. « Je suis sûr à 99% que je vais bientôt être mobilisé. » Comme beaucoup de ses compatriotes, le quadragénaire craint à chaque seconde d’être appelé par l’armée. « Aujourd’hui, je vis en permanence dans l’angoisse de recevoir une convocation », raconte cet homme timide, au visage émacié.

Les volontaires étaient nombreux au début de la guerre pour rejoindre le front. Mais désormais, ils ne se pressent plus guère devant les commissariats militaires. Alors que la contre-offensive lancée au début de l’été peine encore à obtenir des résultats significatifs, l’armée ukrainienne doit parfois enrôler des hommes inexpérimentés. Ivan, au chômage depuis des mois, n’a aucun bagage militaire. Ce qui ne le protège pas des recruteurs, postés dans la rue pour délivrer des convocations. « Il y a deux jours, j’en ai aperçu dans la rue. Ils se déplacent toujours par trois, avec le même habit vert et un dossier dans la main. J’ai vite fait demi-tour. » Par peur, il réduit au maximum ses déplacements et ne sort jamais de chez lui « sans une bonne raison ».

Ivan a dépensé 2 000 euros pour acheter un faux certificat médical sur internet, afin d'échapper à la mobilisation. (RAPHAEL GODET / FRANCEINFO)
Ivan a dépensé 2 000 euros pour acheter un faux certificat médical sur internet, afin d’échapper à la mobilisation. (RAPHAEL GODET / FRANCEINFO)

La loi martiale interdit aux hommes âgés entre 18 et 60 ans de quitter le territoire, sauf exceptions. Pour tenter de fuir l’Ukraine, Ivan s’est donc tourné vers des moyens illégaux. L’an dernier, il a déboursé 2 000 euros pour acheter de faux documents sur internet, censés l’exempter de ses obligations militaires. Le père de famille pose le document sur la table. A la ligne 13, le certificat préconise un « traitement hospitalier et des séjours thermaux deux à trois fois par an » pour un prétendu asthme bronchique. Son interlocuteur anonyme, aujourd’hui injoignable, lui a ensuite réclamé 700 euros supplémentaires, invoquant des évolutions de la loi. Ivan n’est pas retombé dans le piège. Pour ce bout de papier inutilisable, il risque aujourd’hui jusqu’à deux ans de prison.

Des médecins militaires accusés de corruption

Ivan n’est pas le seul à vivre dans la crainte d’être arrêté. A Kharkiv, un canal Telegram suivi par 116 000 personnes permet de signaler la présence de commissaires militaires dans les lieux publics. « Métro Barabashova, cinq hommes verts ont lancé le cauchemar matinal »« Studencheskaya, près de la sortie de l’Académie, ils se reposent sur un banc »… Un véritable jeu du chat et de la souris. Franceinfo a tenté plusieurs fois de se rendre aux positions indiquées, en vain. Les policiers, eux aussi, regardent les messages avec attention pour adapter les patrouilles. Ces outils sont pris très au sérieux par les autorités. En juin dernier, à Kiev, le créateur d’une chaîne Telegram de ce type a été condamné à cinq ans de prison.

Mais l’Ukraine est confrontée à un autre défi, plus systémique : la corruption au sein même de ses institutions. Mi-août, le président Volodymyr Zelensky a fait limoger les chefs de tous les centres régionaux de recrutement. Puis des inspections ont été lancées dans toutes les commissions médicales militaires du pays – les VLK – afin de vérifier les motifs d’exemption prononcés depuis le début de la guerre. Les affaires de pots-de-vin n’épargnent aucune région et scandalisent l’opinion. A Kharkiv, trois médecins ont été arrêtés le mois dernier pour avoir délivré des certificats de complaisance contre rémunération.

Igor Chub, chef de cabinet du procureur de la région de Kharkiv (Ukraine), le 8 septembre 2023. (RAPHAEL GODET / FRANCEINFO)
Igor Chub, chef de cabinet du procureur de la région de Kharkiv (Ukraine), le 8 septembre 2023. (RAPHAEL GODET / FRANCEINFO)

« Le document médical qui mentionne des problèmes de santé, c’est le moyen le plus répandu pour se protéger de la mobilisation« , confirme Igor Chub, chef de cabinet du procureur régional. Les dossiers de corruption s’empilent dans son imposant bureau, dans le centre de Kharkiv. Sa voix se raffermit : « Ce sont des affaires qui nous occupent. Depuis le début de la guerre, nous avons ouvert 350 enquêtes, 103 ont été classées sans suite, et 66 feront l’objet d’un procès. »

A chaque fois, un travail long et fastidieux. « Il est assez simple de prouver le recours à des documents de complaisance, développe Igor Chub. En revanche, prouver qu’il y a eu échange d’argent est beaucoup plus compliqué. » Il faut en effet collecter des preuves matérielles, comme une vidéo ou un message audio. « Mais vous imaginez bien que ces transactions se déroulent le plus discrètement possible. »

Divorcer ou étudier pour échapper à l’armée

Depuis le début de la guerre, les sommes réclamées pour ces certificats de complaisance ont augmenté. Parfois plus de 10 000 euros, selon les sources contactées par franceinfo. Une fortune, dans ce pays où le salaire moyen plafonne autour de 385 euros. « Actuellement, il faut débourser en moyenne 5 000 dollars pour obtenir une exemption médicale, via un intermédiaire », évalue pour sa part un officiel ukrainien, sous couvert d’anonymat. « Croyez-moi, si vous voulez partir, vous trouvez cet argent. Dans la tête des gens, le choix est simple : partir ou se faire tuer ? »

Les autorités ne disposent d’aucune estimation du nombre de réfractaires. « Bien sûr, des gens essaient d’éviter la mobilisation, mais il s’agit d’une minorité, assure Volodymyr Tymoshko, responsable de la police nationale à Kharkiv. Le plus souvent, les personnes interpellées invoquent des raisons familiales et personnelles, plutôt que politiques ou idéologiques. » Pour les identifier, la police s’appuie le plus souvent sur des dénonciations de personnes qui ont été sollicitées financièrement. « Elles nous assistent durant l’enquête, afin de documenter la preuve d’un transfert d’argent. »

Des passants devant le siège de l'administration régionale de Kharkiv (Ukraine), le 8 septembre 2023. (FABIEN MAGNENOU / FRANCEINFO)
Des passants devant le siège de l’administration régionale de Kharkiv (Ukraine), le 8 septembre 2023. (FABIEN MAGNENOU / FRANCEINFO)

La police nationale, toutefois, est avant tout mobilisée sur les 15 000 enquêtes pour crimes de guerre ouvertes dans la région. Seule une dizaine d’enquêteurs, sur les 500 du service, travaillent sur les dossiers de corruption liés à la mobilisation. « Alors que la grande majorité du pays combat l’agresseur, que beaucoup ont perdu des proches et des amis, il est de notre devoir d’identifier tous ceux qui fuient leurs obligations, insiste Volodymyr Tymoshko. Il s’agit pour nous d’une question de justice sociale. » La police appelle même les citoyens à signaler les faits de corruption, en leur « garantissant l’anonymat » et en promettant « des récompenses financières » pour les plus grosses affaires, à hauteur de 10% des sommes en jeu.

La médiatisation des cas produit déjà ses effets. « Mon intermédiaire m’a prévenue par SMS qu’il allait pendant quelque temps mettre sur pause ces certificats médicaux de complaisance, écrit à franceinfo une habitante de Kiev. Il m’a dit qu’il fallait être très prudent en ce moment, à cause de la lutte contre la corruption. » Certains réfractaires explorent donc d’autres options plus légales. Obtenir la garde des enfants après un divorce permet d’être exempté. Poursuivre ou reprendre des études, également.

Par opportunisme, « l’un de mes amis était prêt à payer 50 000 hryvnias (1 300 euros) par an, pendant quatre ans », pour suivre un enseignement supérieur, raconte Oleh, enseignant de musique. « Un homme de 50 ans s’est également présenté dans mon école pour récupérer un exemplaire de son certificat de diplôme », obtenu des décennies plus tôt. Cet intérêt soudain ne devait rien à la nostalgie : « Il en avait besoin pour s’inscrire à l’université, et échapper ainsi à la mobilisation. » Les autorités non plus ne sont pas dupes. A la Rada, le Parlement ukrainien, une proposition de loi envisage désormais d’élargir le recrutement aux étudiants inscrits dans un second cursus, alors qu’ils sont aujourd’hui protégés. « Vous me l’apprenez », répond un étudiant kharkivien rencontré dans le parc Shevchenko, sans paraître toutefois bouleversé.

Une mobilisation générale encore taboue

Les textes, il est vrai, ont déjà évolué plusieurs fois. Jusqu’en juillet [2023], les proches d’une personne malade ou handicapée étaient ainsi exemptés. Désormais, ils peuvent être appelés si un autre proche est disponible pour aider. Andriï Parkulab, avocat spécialisé dans le conseil militaire, expose un dossier en cours : « J’ai le cas de deux fils et de leur père alitéEst-ce à l’armée de choisir lequel doit rester aux côtés du père ? » La loi de mobilisation, quand elle n’est pas contournée, peut donner lieu à des incompréhensions légitimes. « Les règles ont été imaginées en temps de paix et elles ne sont pas toujours très claires. »

Par ailleurs, difficile de contester les décisions d’aptitude médicale. Il faut compter des mois pour obtenir une décision de justice. « Mais soit la personne est déjà mobilisée, et c’est bien trop tard. Soit elle est restée cachée tout ce temps, et a risqué la prison. »

Une affiche encourageant les candidatures pour la brigade Azov, dans les rues de Kharkiv (Ukraine). (RAPHAEL GODET / FRANCEINFO)
Une affiche encourageant les candidatures pour la brigade Azov, dans les rues de Kharkiv (Ukraine). (RAPHAEL GODET / FRANCEINFO)

En Ukraine, quoi qu’il en soit, personne ne semble prêt à franchir le pas de la mobilisation générale pour approvisionner le front. Fin août, l’ex-ministre de la Défense Oleksiï Reznikov a déclaré que la priorité était de faire le ménage parmi les commissaires et les médecins militaires. Ce débat trouve un écho dans les rangs de l’armée. « Le pays tout entier ne peut pas combattre », lâche un jeune volontaire, qui profite, au pas de course, d’une permission de deux heures dans le centre-ville. « Il faut des gens pour faire tourner le pays et son économie. »

« Est-ce qu’il faut recruter plus d’hommes ? Evidemment ! », répond Sergueï – « Gremlin » de son nom de guerre –, un chargeur-tireur de mortier rencontré près de Kostiantynivka, dans la région de Donetsk. « Mais pas n’importe qui. Je n’ai pas envie d’avoir à gérer des gars qui ne veulent pas se battre. Ce serait ajouter du danger au danger. » Avant de retourner à sa position, il lâche : « La mobilisation est un sujet très sensible. Certains de mes proches ne comprennent toujours pas pourquoi j’ai décidé de quitter mon métier d’électricien pour aller tirer des missiles. »

* Le prénom a été modifié à la demande de la personne interrogée.

Source : https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/reportage-guerre-en-ukraine-pots-de-vin-combines-comment-les-refractaires-a-la-mobilisation-tentent-d-echapper-aux-autorites_6057864.html


Publié par Le Figaro le 31 août 2023

Ces Ukrainiens qui désertent face à l’horreur de la guerre

Du fait du conflit, les Ukrainiens âgés de 18 à 60 ans n’ont pas le droit de quitter le territoire, sauf autorisation spéciale. Mais face à la violence de la guerre, des hommes initialement déterminés à combattre ont préféré prendre la tangente.

«J’ai vu une tête coupée, quelqu’un se faire tirer dessus» : après un mois sur le front, le conscrit ukrainien Ivan Ichtchenko a déserté l’année dernière, quitte à payer une fortune en bakchichs et à subir l’infamie.

Comme lui, d’autres hommes initialement déterminés à combattre l’invasion russe ont préféré, face à la violence du conflit, prendre la tangente en profitant des réseaux de corruption que le président ukrainien Volodymyr Zelensky tente aujourd’hui de déraciner. «Je me prenais pour un super-héros avant, mais quand on voit la guerre en vrai, on réalise qu’on n’a rien à y faire», dit à l’AFP le trentenaire, cheveux longs, barbe de trois jours et bague au doigt. «Pour arrêter de voir ça», il a payé 5000 dollars en pots-de-vin pour qu’une voiture avec une plaque d’immatriculation gouvernementale le dépose dans une forêt proche de la Hongrie, où un trou dans une clôture lui a permis de traverser clandestinement la frontière.

Du fait de la guerre, les Ukrainiens âgés de 18 à 60 ans n’ont pas le droit de quitter le territoire, sauf autorisation spéciale. Les déserteurs sont passibles de peines allant jusqu’à douze ans de prison, tandis que les réfractaires au service risquent cinq ans de détention. Ivan Ichtchenko est donc désormais contraint à l’exil. Il a circulé en Europe et se trouve actuellement à Dresde, dans l’est de l’Allemagne.

Faux certificat médical

Si l’invasion russe a uni la nation, certains préfèrent tout de même partir. Depuis le début de la guerre, 13.600 personnes qui tentaient de partir du pays clandestinement ont été arrêtées, selon le porte-parole des gardes-frontières Andriï Demtchenko. Quelque 6100 autres se sont fait prendre avec des documents falsifiés, ce qui donne un aperçu du phénomène, même si l’AFP n’a pas obtenu auprès des autorités de statistiques globales sur tous ceux qui ont réussi à se soustraire à l’appel du drapeau.

Le président Zelensky s’est très publiquement attaqué au problème début août en limogeant tous les responsables régionaux chargés de la conscription, et plus de 200 centres d’enrôlement ont été perquisitionnés. Le chef de l’État dénonce la corruption de l’administration des appelés qu’il qualifie de «trahison».

Ce type d’arrangements est loin d’être nouveau cependant, la corruption étant un mal endémique depuis des décennies en Ukraine. «Chacun connaît quelqu’un qui peut donner un coup de main», confirme à l’AFP un autre exilé se présentant comme Ivan, et qui, pas fier, préfère taire son nom de famille. Lui s’est fait réformer en mai grâce à un faux certificat médical, payé 5000 dollars. «Je sais que c’est mal, que c’est dérangeant», dit le jeune homme de 24 ans.

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Source : https://www.lefigaro.fr/international/j-ai-vu-une-tete-coupee-ces-ukrainiens-qui-desertent-face-a-l-horreur-de-la-guerre-20230831


Extrait de l’article de TF1 Info du 15 décembre 2023

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5000 femmes sur la ligne de front

Pour rappel, tous les hommes valides et âgés de plus de 18 ans sont appelés à rejoindre les rangs de l’armée en vertu de la loi martiale décrétée depuis la guerre. Les femmes, elles, peuvent s’engager si elles le désirent. Ces dernières sont environ 60.000 à servir dans les forces armées ukrainiennes, d’après le ministère de la Défense. Parmi elles, 41.000 occupent des postes militaires et 5000 se trouvent sur la ligne de front. […]

Des uniformes spécialement créés pour les femmes dans l’armée, dont un modèle de grossesse. – DR

Source : https://www.tf1info.fr/international/guerre-en-ukraine-des-femmes-enceintes-sont-elles-envoyees-en-premiere-ligne-2279550.html