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Interview de Tucho dans un média espagnol – Fernández lève tous les doutes : la révolution est à nos portes

Publié par le blog Benoit et moi le 6 juillet 2023 – Source originale en italien : lanuovabq.it/it – Auteur :
Stefano Fontana

Note du blog Benoit et moi : Tucho: une interview programmatique … et inquiétante.

Le nouveau préfet de la doctrine de la foi a (habilement) accordé sa première interview officielle en langue espagnole à un média alternatif « online », Info Vaticana (pas vraiment bergoglien, c’est le moins qu’on puisse dire, il s’agit du portail qui héberge entre autres Specola). Pas de quoi fouetter un chat, dira-t-on. Comme on pouvait s’y attendre, il essaie de rassurer et manie avec beaucoup de virtuosité, mis aussi de fausse candeur, la langue de bois. Mais, nous dit Stefano Fontana, sous des dehors destinés à apaiser les esprits échauffés, c’est une interview truffée de (trop) nombreuses justifications personnelles, qui ne laisse aucun doute sur ses véritables intentions, qui sont de changer le dicastère « à ma façon » (noter le « ma », comme s’il était le propriétaire!). Bref, la révolution est à nos portes.


Fernández lève tous les doutes : la révolution est à nos portes

Par Stefano Fontana – Publié par lanuovabq.it/it, le 6 juillet 2023

Le néo-Préfet de la Doctrine de la Foi mêle déclarations destinées à rassurer et anticipations sur le nouveau cours. Pour l’instant, la seule certitude est qu’il réinterprétera la doctrine de la même manière qu’il entend diriger le dicastère : « à ma manière ».

Dans une interview publiée hier par InfoVaticana, le néo-Préfet pour la Doctrine de la Foi a déjà clarifié beaucoup de choses sur son activité à venir dans le palazzo du Saint-Office : il mettra en œuvre la bénédiction des couples homosexuels à l’église, il espère que du synode allemand sortira quelque hérésie à utiliser pour progresser dans la foi, la doctrine ne doit pas être touchée mais réinterprétée, la conduite du Dicastère se fera « à ma manière », c’est-à-dire à sa manière.

Encore à La Plata (il prendra congé du diocèse lors d’une célébration eucharistique le 5 août), Mgr Victor Fernández donne déjà sa première interview en tant que préfet. L’objectif est de rassurer et d’apaiser les esprits, mais l’effet est exactement inverse : il les exacerbe et supprime tout doute raisonnable sur la révolution qui nous attend. Interviewé par le journal espagnol online InfoVaticana, Fernández a déclaré que son célèbre petit livre sur le baiser n’était rien d’autre qu’une tentative pastorale datant de l’époque où il était jeune prêtre de paroisse, que la référence aux méthodes immorales de la Congrégation pour la doctrine de la foi dans le passé était due à sa conviction que le mal est le mal dans tous les cas, que la doctrine ne peut être changée, et que le cardinal Ladaria, qu’il remplace maintenant, a bien dirigé le dicastère.

Il a également assuré qu’il était opposé à l’avortement, a rappelé qu’il avait consacré plusieurs de ses livres à parler de Dieu et qu’il avait écrit aussi « de nombreux livrets de prière ou de simples catéchismes ». Il a affirmé qu’il avait les qualifications requises pour occuper ce nouveau poste et qu’il ne devait pas sa carrière à la protection de François. Beaucoup, beaucoup trop d’autodéfenses. L’objectif d’apaiser les esprits a cependant échoué et les nombreux mondes de l’Église catholique qui se sont même soulevés après l’annonce de sa nomination peuvent désormais confirmer leurs appréhensions.

InfoVaticana lui demande immédiatement ce qu’il pense de la bénédiction des couples de même sexe. Fernández répond que ces relations ne peuvent être comparées au mariage et qu’il faut donc éviter les actions qui, en utilisant les mêmes mots expriment quelque chose de différent. Et il conclut: « C’est pourquoi je pense qu’il faut faire très attention à éviter les rites ou les bénédictions qui pourraient alimenter cette confusion. Maintenant, si une bénédiction est donnée de manière à ne pas provoquer cette confusion, elle doit être analysée et confirmée ».

Il s’agit de la thèse bien connue selon laquelle la relation homosexuelle doit être accueillie et réglementée tant qu’elle n’est pas confondue avec le mariage. François a déjà exprimé cette position concernant la reconnaissance légale des couples de même sexe par l’État, ici Fernandez applique le critère aux bénédictions de l’Église. Tous deux font semblant de ne pas voir que la relation homosexuelle est un désordre en soi, et donc un mal, même si elle n’est pas comparée au mariage.

Le 15 mars 2021, la Congrégation pour la doctrine de la foi a publié un Responsum, signé par le préfet Ladaria et le secrétaire Morandi, interdisant la pratique de la bénédiction des couples homosexuels, déjà largement répandue en Belgique, en Allemagne et ailleurs. Ce document a été publié après un bras de fer notable au Vatican. Tout le monde sait que le Pape y était opposé. Finalement, on a choisi la faille pour conclure le document, une formule d’approbation qui ne ressemblait pas à une véritable approbation. Le Pape a donné « son accord » après avoir été « informé ». Après ce triste fait, Mgr Morandi, longtemps secrétaire du dicastère, a été « promu » évêque de Reggio Emilia.

Aujourd’hui, l’histoire se termine : il y aura des bénédictions, le nouveau préfet les veut et le Pape les veut aussi. Nous verrons si les évêques et les prêtres les appliqueront. Nous verrons s’il y aura des résistances. Le fait est en tout cas et d’ores et déjà perturbant. Qu’immédiatement après l’annonce de son élection, le nouveau préfet se soit senti obligé de préciser où il allait aboutir est quelque chose de particulièrement pesant.

On ne pouvait échapper après cela à la question sur le synode allemand. Ici, Fernández s’est habilement débrouillé. Dans un premier temps, il s’est tenu à l’écart de cette question, affirmant que ces derniers temps, il avait été occupé par d’autres choses. Il a ensuite déclaré qu’il devrait se mettre à jour sur la question, pour finalement conclure en disant que « pour l’instant, je dois vous dire que je ne pense pas qu’il y ait quoi que ce soit de bon dans ce mouvement ». Ce « pour l’instant » laisse une fente pour d’éventuelles évaluations différentes après la mise à jour nécessaire. Il ajoute ensuite : « Le cardinal Ladaria m’a dit un jour qu’il espérait qu’il y aurait un hérétique qui nous forcerait à approfondir notre foi ». Ici, la fente s’élargit et laisse entrevoir une possible future évaluation positive des hérésies du synode allemand, qui susciterait la réflexion et serait utile au cheminement de l’Église. La position exprimée est semblable à celle du Pape : on dit qu’on est contre, mais on laisse faire ; donc on approuve.

La question sur la doctrine de la foi ne pouvait pas non plus manquer, étant donné la position qu’occupera Fernández. En effet, l’interviewer demande si la doctrine doit être reformulée ou acceptée telle qu’elle nous a été transmise. La réponse est prévisible :

« La doctrine ne change pas, parce qu’elle est fondamentalement le mystère insondable, merveilleux et immuable de la Trinité exprimée dans le Christ. Tout est là et ne peut être amélioré ou changé. Il n’y a rien à ajouter. Une autre chose est notre compréhension de cette doctrine, qui a changé et continuera à changer. C’est pourquoi, dans Dei Verbum, il est dit, par exemple, que ‘le travail des exégètes peut mûrir l’opinion de l’Église’ « .

Nous en sommes à l’habituel oui… mais. L’interprétation (herméneutique) devient fondatrice de ce qu’est la doctrine ici et aujourd’hui, et pas seulement explicative. Pas seulement gnoséologique, mais ontologique, diraient les techniciens. Donc la doctrine change.

Passée la première impression de vouloir rassurer, l’interview est très dure. Fernández répète à trois reprises qu’il dirigera le dicastère « à ma manière », indiquant avec une clarté indiscutable que la révolution est à nos portes.

Source en français : https://www.benoit-et-moi.fr/2020/2023/07/06/tucho-une-interview-programmatique-et-inquietante/

Source originale en italien : https://lanuovabq.it/it/fernandez-toglie-ogni-dubbio-la-rivoluzione-e-alle-porte