L’Allemagne dévoile un nouveau modèle de service militaire avant la campagne de conscription en 2025
Publié par Euractive le 12 juin 2024
Après des mois d’attente, le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a dévoilé mercredi (12 juin 2024) un nouveau modèle de service militaire pour l’Allemagne, annonçant des plans visant à recruter 5 000 conscrits par an à partir de 2025.
L’Allemagne cherche à augmenter les effectifs de son armée d’environ 180 000 à 203 000 hommes, car elle craint de plus en plus une attaque russe contre l’OTAN.
Pour Boris Pistorius, son « modèle favori » consisterait à faire remplir à des jeunes de 18 ans des questionnaires numériques sur leurs habitudes et leur intérêt pour l’armée.
En fonction des préférences exprimées, 40 000 à 50 000 d’entre eux seraient invités à passer une visite médicale. Le ministre espère en recruter 5 000 pour un service militaire de base d’au moins six mois, a-t-il déclaré à des journalistes à Berlin.
Ce chiffre s’ajoutera aux 10 000 recrues annuelles existantes, qui participent volontairement au service militaire de base. En outre, l’armée commencera à contacter d’anciennes recrues pour en convaincre « jusqu’à 100 000 » de devenir des réservistes actifs.
« La loi devrait entrer en vigueur avant les vacances d’été afin que nous puissions utiliser les premières unités avant la fin de l’année 2025 », a déclaré le ministre.
Il a notamment souligné que le seul volet obligatoire de la loi consistait à remplir le questionnaire et à participer à l’examen médical, si l’on est sélectionné.
« Toutefois, cette obligation n’a guère d’effet, car nous supposons que tous ceux que nous invitons ont également indiqué dans leur questionnaire qu’ils voulaient venir de leur plein gré », a-t-il souligné.
Boris Pistorius a indiqué que le processus garantirait que « ceux qui sont […] les plus motivés soient sélectionnés pour le service militaire », ajoutant qu’il s’inspirait d’un modèle similaire en Suède.
Polémique autour du service militaire obligatoire
Cette approche, moins radicale que l’introduction du service militaire obligatoire, pourrait aider le ministre de la Défense à contourner la polémique sur le caractère obsolète du service militaire obligatoire et à contrer les réticences des partis au pouvoir, qui devront adopter la loi à l’étape suivante.
Son propre parti, le Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD), qui a de fortes tendances pacifistes, le Parti libéral-démocrate (FDP) et les Verts se sont tous montrés sceptiques quant au rétablissement du service militaire obligatoire, qui a été aboli en 2011.
Le chancelier Olaf Scholz (SPD) a précédemment indiqué qu’il considérait la tâche d’augmenter la taille de l’armée comme « négligeable », notant qu’une conscription à part entière n’était pas nécessaire. Un coup porté aux vues de M. Pistorius.
Le groupe parlementaire du SPD a toutefois exprimé mercredi son soutien aux « projets de [Boris] Pistorius visant à augmenter le nombre de nos forces armées », tout en évitant explicitement le terme de « conscription ».
Des problèmes subsistent en termes d’égalité des sexes, car seuls les hommes seraient légalement tenus de respecter ces nouvelles obligations. Les femmes sont exclues du service obligatoire en vertu de la loi fondamentale du pays, que M. Pistorius s’est dit prêt à modifier.
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