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Le nouveau chef d’état-major des armées, le général Fabien Mandon, était auditionné ce 22 octobre, par la commission de Défense de l’Assemblée nationale, sur le projet de loi de finances 2026

Publié par Le point le 23 octobre 2025

La commission de Défense de l’Assemblée nationale enchaîne cette semaine les auditions. Après notamment la nouvelle ministre des Armées Catherine Vautrin et sa ministre déléguée Alice Rufo mardi, c’était au tour ce mercredi 22 octobre [ 2025] du chef d’état-major des Armées (Cema), le général Fabien Mandon. C’était la première fois que le successeur de Thierry Burkhard, en poste depuis le 1er septembre 2025, était interrogé par les parlementaires.

L’aviateur, ancien chef d’état-major particulier du président, est venu avec « un sentiment d’urgence ». Le général Fabien Mandon a bien entendu parlé en premier lieu de la Russie, qui « peut être tentée de poursuivre la guerre sur notre continent ». « La Russie ne peut pas nous faire peur si l’on a envie de se défendre », a-t-il expliqué, listant le rapport de force écrasant dont bénéficie par exemple l’Union européenne : un rapport de 4 contre 1 en nombre d’habitants, un PIB de plus de 17 000 milliards d’euros contre un peu plus de 1 300 milliards d’euros pour la Russie, etc. « La bonne échelle pour faire face à nos défis, c’est l’Europe. »

Montée en puissance de la Réserve

La France a un rôle de « leadership » à jouer pour entraîner les autres pays européens. C’est pour cela que le Cema a demandé à tous les soldats des armées françaises de se préparer « à un choc d’ici trois à quatre ans ». De 2017 à 2025, le budget des armées est passé de 32 milliards d’euros à un peu plus de 55 milliards. Un effort certes conséquent, mais qui, en réalité, peut seulement stopper l’hémorragie qu’ont subie les forces françaises depuis une trentaine d’années.

Après l’arrivée de nouveaux équipements (blindés, fusils d’assauts), 2026 sera l’année d’une réelle remontée en puissance, avec plus de munitions pour plus d’entraînements, et les premières livraisons de drones en nombre. Cette remontée en puissance passe par davantage de masse. « Je ne vais pas porter à modèle (d’armée) où l’on serait deux fois plus nombreux », a développé Fabien Mandon, qui a plutôt mis l’accent sur la Réserve, également enjeu de résilience pour la Nation. Elle devrait compter 47 000 réservistes d’ici à la fin de l’année, avec l’objectif de 105 000 d’ici à 2035. Un chiffre qui représenterait alors un tiers des effectifs actuels des armées françaises. « Les armées fonctionnent grâce à la réserve », a souligné le Cema, avec « une jeunesse qui a envie de s’engager ».

Il y aura donc une « remontée en puissance du volume, des jours d’activité et des réponses à tous ceux qui veulent s’engager », assure-t-il. « Les armées ne seront pas prêtes à 100 % tout le temps, on comptera sur la mobilisation de la nation pour nous apporter les pourcentages qui nous manquent. » La priorité sera aussi donnée à la santé militaire et à l’amélioration des capacités d’hospitalisation.

Le Cema a également fustigé la culture des normes en France. « Les normes qui s’appliquent sont là pour nous aider, mais un moment elles nous freinent. » Exemple : la construction de chambres aux normes handicapées dans des régiments de forces spéciales… La France n’aime plus prendre de risques, or « si on ne prend pas de risques, on ne sera pas à la hauteur », prévient Fabien Mandon. Un changement de mentalité à opérer donc rapidement.

Source : https://www.lepoint.fr/monde/le-les-soldats-francais-doivent-se-preparer-a-un-choc-d-ici-trois-a-quatre-ans-23-10-2025-2601610_24.php