Conscription - Mobilisation,  Guerre

Quels Français seraient mobilisés en cas de guerre ?

Publié par MSN le 8 mars 2025

À la suite de l’allocution d’Emmanuel Macron ce mercredi 5 mars [2025], au cours de laquelle le président de la République a notamment affirmé que la Russie constituait « une menace pour la France et l’Europe », l’inquiétude autour d’un possible conflit armé de grande ampleur avec cette dernière est plus vive que jamais.

Si ce sinistre cas de figure se produisait, comment fonctionnerait la mobilisation militaire ? Qui serait susceptible d’être envoyé au front et dans quelles conditions ? Pour répondre à ces questions, il faut d’abord souligner que l’armée française est, depuis la fin du service militaire obligatoire en 1997, une armée de métier.

Fort logiquement, ce sont donc les militaires d’ores et déjà engagés au sein des différentes forces opérationnelles qui serait mobilisés en premier si la France déployait des troupes pour combattre l’armée russe.

En l’occurrence, comme l’indique le ministère de la Défense, pas moins de 1200 militaires français sont déjà présents « sur le flanc oriental de l’Europe », dans le cadre de la participation française à l’OTAN. Au total, selon la même source, près de 30 000 soldats français seraient d’ailleurs actuellement en opération tout autour du globe.

Les militaires français actuellement déployés à travers le monde (Photo : DR/Ministère de la Défense)

Les forces françaises sont évidemment bien plus nombreuses si l’on prend en compte l’ensemble des militaires professionnels immédiatement mobilisables en cas de conflit. D’après Ouest France, l’armée régulière comprend ainsi plus de 151 000 hommes et femmes, répartis en trois corps de métier principaux.

Le quotidien régional précise ainsi que l’armée de terre pèse pour plus de la moitié de ces effectifs, avec 77 000 engagés. La Marine compte pour sa part dans ses rangs 34 000 militaires, tandis que les troupes de l’armée de l’air et de l’espace se composent de 40 000 personnes.

En cas de besoin, ce contingent peut ensuite être renforcé par un appel aux réservistes, dont les dispositions sont prévues par l’article L2171 du Code de la défense. Ce dernier stipule que « le recours au dispositif de réserve de sécurité nationale peut être décidé par décret en conseil des ministres ».

Le texte de loi précise que cette procédure est réservée aux « cas de menace actuelle ou prévisible, pesant sur les activités essentielles à la vie de la Nation, sur la protection de la population, sur l’intégrité du territoire ou sur la permanence des institutions de la République ou de nature à justifier la mise en œuvre des engagements internationaux de l’Etat en matière de défense ».

Si l’on se fie au champ lexical utilisé par Emmanuel Macron dans son allocution, un appel à ce dispositif de réserve ne semble donc pas complètement inenvisageable dans la perspective d’un potentiel conflit armé avec la Russie. Il s’agit cependant d’une mesure d’exception et la durée de mobilisation des réservistes « ne peut excéder trente jours consécutifs » en principe.

Selon Ouest France, ces réservistes volontaires sont en tout cas près de 40 000 actuellement en France. L’armée de l’air représente là encore le plus gros contingent, avec 22 000 hommes et femmes. 6000 autres réservistes relèvent de la Marine et 5700 de l’armée de l’air et de l’espace.

Dans le cas où les forces constituées par ces soldats professionnels et réservistes seraient jugées insuffisantes en nombre, la France pourrait-elle faire appel à de simples citoyens pour rejoindre l’armée ? Le cas de figure ne s’est plus produit dans notre pays depuis 1939 et le début de la Deuxième Guerre Mondiale, mais la possibilité d’une conscription reste prévue dans la loi française.

L’article 2141 du Code de la défense définit ainsi le cadre d’une potentielle « mobilisation générale », qui doit bien sûr être motivée par des motifs de sécurité nationale. Ce texte établit notamment que « lorsque la mobilisation est ordonnée, quiconque est soumis à des obligations militaires obéit (…) sous peine d’insoumission, quels que soient sa situation et le lieu où il se trouve ».

Les conditions des réquisitions au titre de la mobilisation générale sont ensuite définies dans les articles 2211 et suivants, qui donnent tout pouvoir aux Premier ministre pour organiser ces réquisitions. Elles peuvent concerner les biens, les services, mais aussi les personnes.

L’article 2212-15 prévoit ainsi que les personnes physiques peuvent être « réquisitionnées en fonction de leurs aptitudes physiques et psychiques et de leurs compétences professionnelles ou techniques », tandis que l’article 2212-16 précise que peuvent être soumis à une mesure de réquisition « toute personne physique présente sur le territoire national », mais aussi « toute personne physique de nationalité française ne résidant pas sur le territoire national ».

Il s’agit cependant d’un cadre très vague, qui ne définit pas précisément dans quelles conditions se déroulerait une mobilisation générale sur le plan de l’enrôlement militaire. Plusieurs observateurs estiment en tout cas que celui-ci serait particulièrement ardu à mettre en place, notamment en raison de la « démilitarisation » de la population consécutive à la fin du service militaire obligatoire.

Ainsi, si l’historien Michaël Bourlet explique dans les colonnes de Ouest France que la conscription concernerait en priorité « les hommes entre 18 et 45 ans environ », il affirme aussi qu’une telle mobilisation est « improbable » dans l’état actuel des choses. Dans le même ordre d’idées, un récent article de L’Union estime qu’une mobilisation générale n’aurait « quasiment aucune chance d’aboutir en raison de capacités logistiques insuffisantes ».

Source originale : https://fr.news.yahoo.com/quels-francais-seraient-mobilises-en-cas-de-guerre-090838624.html

Autre source : https://www.msn.com/fr-fr/actualite/france/quels-fran%C3%A7ais-seraient-mobilis%C3%A9s-en-cas-de-guerre/ar-AA1ArgIK