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Synode, aux auteurs de l’Instrumentum Laboris : allo, ici la terre

Publié par le blog Benoit et moi, le 24 juin 2023 – Source originale en italien : Silere non possum

Note par le Blog Benoit et moi :

Une analyse argumentée d’un initié (Silere non possum). L’Instrumentum Laboris est un démenti évident de la volonté du pape François de voir l’Église du point de vue des périphéries du monde. Le Synode est fortement eurocentrique – et même germanocentrique! Et il existe une minorité très aguerrie qui veut conditionner tout le monde et réduire au silence de larges pans du peuple de Dieu. .

Le secrétariat du Synode – personne ne l’a encore souligné – n’est pas basé au Vatican mais sur Mars. Il existe une Église où des files de couples homosexuels demandent le mariage sacramentel en se pressant aux portes des paroisses ; où les femmes se glissent sous les mains des évêques pour être ordonnées et où les transsexuels sont les plus assidus au Saint Rosaire du soir. C’est peut-être vrai… mais ici, sur la planète Terre, ces choses ne se voient pas.


Synode : l’idée est supérieure à la réalité

Source en italien : Sinodo: l’idea è superiore alla realtà

Silere non possum

Contrairement à l’axiome contenu dans Evangelii gaudium, selon lequel la réalité est supérieure à l’idée, en lisant l’Instrumentum laboris du Synode d’octobre prochain et en écoutant la conférence de presse de présentation du 20 juin dernier, on a la nette impression qu’au Vatican, on vit dans un monde de contes de fées, que l’on s’obstine à croire vrai, peut-être pour ne pas avoir à nier les rêves de la jeunesse. Quelques considérations factuelles à méditer.

Les points chauds du Synode universel sont les mêmes que ceux du Synode de l’Église allemande. Soit l’Église entière pense comme les Allemands, soit l’ordre du jour est déjà écrit. Il n’y a pas d’autre alternative. C’est un simple constat. Si la première hypothèse est vraie, alors les évêques et les membres dirigeants du synode germanique ont vraiment le doigt sur le pouls de la situation. Ils sont alertes, brillants et prophétiques : laissons-nous gouverner par eux !

Dans l‘Instrumentum Laboris, il est beaucoup question de discernement : on pourrait penser que, le pape étant jésuite, c’est plus que naturel. Dommage que le discernement proposé n’ait pas grand-chose à voir avec le discernement ignatien. Ce dernier en effet n’a jamais pour objet la praxis sacramentelle de l’Église, encore moins sa doctrine. L’objet du discernement ignatien est l’élection, c’est-à-dire la manière de servir le Christ et l’Église en imitant de plus près la pauvreté et l’humilité du Christ. En outre, le véritable discernement – tel qu’Ignace l’entend – ne conduit pas à des conclusions synodales, mais doit uniquement être soumis à l’Église mère hiérarchique, qui filtre le sentiment de l’individu quant à son « sentir avec l’Église »Ceux qui ne le croient pas devraient lire le texte des Exercices.

Il y a un modèle de discernement communautaire chez Ignace, et il est contenu dans le texte de 1539 intitulé « Délibération des premiers Pères ». Lorsque le Basque et ses compagnons arrivèrent à Rome pour se mettre à la disposition du Pape, ils durent décider de se disperser ou de rester unis en tant que corps de la Compagnie. Pour ce faire, ils entamèrent un discernement communautaire fait de jeûne et de direction spirituelle personnelle (chacun avec un directeur différent). Ils sont arrivés à l’unanimité – sans consultation préalable – au choix de rester unis pour s’offrir au service de l’Eglise. Ce discernement communautaire n’a rien à voir avec la méthode proposée par le Synode.

Il est plus qu’évident que l’Instrumentum Laboris n’a pas pris en compte la voix de tous. Nous avons personnellement vu les propositions synodales d’une équipe ecclésiale très qualifiée : il n’y en a pas trace dans l’Instrumentum Laboris. Peut-être parce que ce document parlait de conversion, d’écoute, de silence et des dérives mondaines de l’Église.

Les exigences du catholicisme modéré n’ont pas du tout été prises en compte. Encore moins celles des catholiques plus traditionnels ou traditionalistes. Ces derniers ont toujours dénoncé les dérives possibles du Synode…. A la lumière des événements, il est de plus en plus difficile de leur donner tort. Quand, lors de la conférence de presse, un journaliste courageux a osé demander la raison de ces absences, il lui a été répondu : « Nous écoutons tout le monde ». C’est comme si je répondais à quelqu’un qui me demande « comment va votre santé » que « les médecins sont en fait très bons » ! Impossible de savoir si les gens du secrétariat sont stupides ou intelligents.

Le Saint-Esprit est mentionné à maintes reprises. Mais il n’est jamais dit que cet Esprit est l’Esprit du Christ qui nous rappelle ce que le Maître nous a enseigné.

Au niveau théologique, il y a une manipulation délibérée et coupable de la fonction de la Troisième Personne (comme c’est le cas chez les disciples des frères Philippe dominicains et chez Jean Vanier en France [ndt: impliqués dans de graves scandales d’abus sexuels, ndt]). La fonction de rappel de la radicalité de la suite [du Christ], propre à l’Esprit, est délibérément ignorée. Elle ne serait pas en accord avec le  » nouveau cours « . Vous voulez démentir ce que nous écrivons ? Prouvez-le.

Le secrétariat du Synode – personne ne l’a encore souligné – n’est pas basé au Vatican mais sur Mars. Il existe une Église où des files de couples homosexuels demandent le mariage sacramentel en se pressant aux portes des paroisses ; où les femmes se glissent sous les mains des évêques pour être ordonnées et où les transsexuels sont les plus assidus au Saint Rosaire du soir. C’est peut-être vrai… mais ici, sur la planète Terre, ces choses ne se voient pas. Les personnes LGBTQ+ ne sont pas intéressées par la bénédiction d’un prêtre pour vivre leur vie.

Refrain : « L’Église doit accueillir et non juger ». C’est un canular ! Nos paroisses, dans leur grande majorité, pratiquent depuis des décennies l’accueil des pauvres, des marginaux, des migrants, de la multitude. Seuls ceux qui vivent de carrières ecclésiastiques ne l’ont jamais remarqué. Étudiez la sainteté sociale du Piémont du XIXe siècle, où la charité et la vérité ne se sont jamais opposées. Mais étudiez-la sérieusement. On oublie que la vérité est la plus grande forme de charité.

« Ce n’est que dans la vérité que la charité brille et peut être vécue de manière authentique. La vérité est la lumière qui donne sens et valeur à la charité », a écrit Benoît XVI dans Caritas in Veritate.

L‘Instrumentum Laboris est un démenti évident de la volonté du pape François de voir l’Église du point de vue des périphéries du monde. Car ce sont précisément les jeunes églises locales des périphéries asiatiques et africaines (le seul continent où les catholiques connaissent une croissance remarquable) qui ne sont pas du tout intéressées par les questions du Synode. Le Synode – qu’on ose le nier! – est fortement eurocentrique.

Les gens de nos paroisses, au moins en Italie, ne sont pas du tout intéressés par le Synode : le Cardinal Matteo Maria Zuppi lui-même, dans une interview avec L’Osservatore Romano, a admis que la participation au processus du Synode était plus faible que prévu. Ainsi, à Rome, Milan, Palerme, Naples… toutes les curies diocésaines le savent très bien. Il suffit de leur téléphoner et de leur demander. Certaines ont manifesté un léger intérêt parce qu’on a avancé des arguments valables pour leur réalité locale. Rien de plus.

Mais alors : qui est derrière le Synode ? La franc-maçonnerie ? Les Schtroumpfs ? Des soixante-huitards désabusés ? Nous ne pouvons pas répondre à cette question. Mais il est clair qu’il existe une minorité très aguerrie qui veut conditionner tout le monde et réduire au silence de larges pans du peuple de Dieu.

Source en français : https://www.benoit-et-moi.fr/2020/2023/06/24/synode-aux-auteurs-de-linstrumentum-laboris-allo-ici-la-terre/

Source originale en italien : https://silerenonpossum.com/sinodo-idea-superiore-alla-realta/