
Va-t-on vers une pandémie de grippe aviaire à cause… des chats ?
Publié par Le Point le 3 janvier 2025
Les chats, dont les oiseaux sont une proie naturelle, pourraient participer à la propagation du virus H5N1. Des milliers de félins pourraient être concernés.
La France se dirige-t-elle vers une recrudescence des cas de grippe aviaire, dont un foyer a été récemment découvert ? En tout cas, une récente évolution de la transmission du virus H5N1 pourrait augmenter un peu plus les risques. Un chercheur toulousain s’est intéressé à la transmission de la grippe aviaire chez les chats, rapporte La Dépêche du Midi. Et son étude révèle des surprises.
Pierre Bessière, virologue à l’École nationale vétérinaire de Toulouse, se focalise depuis un an sur le chat et son risque de contamination par le virus H5N1. Il a observé que, depuis 2016, une souche aviaire s’étendait de façon fulgurante chez des oiseaux migrateurs, avec des taux de mortalité pouvant aller pour certaines espèces, comme la pintade, jusqu’à 100 %. Et qui mieux qu’un petit félin pour chasser ces oiseaux ?
Sur un échantillon de 578 animaux, le scientifique a découvert qu’environ 1 % était infecté. Le chiffre peut paraître ridicule ou anodin : mais avec environ 15 millions de chats sur le territoire, Pierre Bessière estime qu’il y a « sans doute plusieurs dizaines de milliers de félidés qui ont contracté la maladie en France. La situation est préoccupante », s’inquiète-t-il.
Le virus aviaire en mutation
Ce qui retient l’attention du chercheur, ce sont également les symptômes chez l’animal. Perte d’équilibre, fièvre, convulsions… Si la mortalité reste faible, ces symptômes peuvent être confondus avec d’autres pathologies. Ce qui retarde tout diagnostic et augmente le risque de contamination de l’homme. « Il y a un gros travail à faire auprès des vétérinaires pour identifier le virus et casser sa propagation », ajoute-t-il.
Le chat constituerait ainsi un hôte intermédiaire pour infecter, à terme, l’homme. « Nous savons que lorsqu’un virus aviaire infecte un mammifère, il subit des mutations pour s’adapter à cet hôte. Les chats, comme les rats pour la peste, peuvent servir d’hôtes intermédiaires où le virus évoluerait et éventuellement deviendrait transmissible aux êtres humains. » De quoi provoquer une épidémie ?
Pour autant, le virologue se refuse à tout catastrophisme : des barrières biologiques naturelles limitent le passage du virus d’une espèce à une autre. Mais il l’assure : les autorités publiques doivent se saisir de la question et renforcer toujours plus la surveillance de la circulation du virus qui, depuis 2017, n’a cessé de s’intensifier, la faute notamment aux élevages intensifs de volailles.

