« Lockdown files »: ces messages WhatsApp qui mettent en cause la gestion du Covid de Johnson
Publié par l’Express, le 3 mars 2023
Le journal britannique « The Daily Telegraph” révèle les échanges WhatsApp du gouvernement Johnson durant la crise sanitaire. Des révélations qui interrogent sur l’attitude des dirigeants britanniques durant la pandémie.
L’histoire commence par une série de bulles de texte, vertes ou blanches. Dans ces messages, parfaite mise en abîme de ce qui va suivre, le journal britannique The Daily Telegraph révèle cette semaine les conversations WhatsApp de Boris Johnson avec les membres de son gouvernement, en particulier le ministre de la Santé Matt Hancock, durant le début de la crise du Covid-19 en 2020.
Confinements, tests, masques, fermetures des écoles… Fort de ces 100 000 messages obtenus, et rassemblés sous le nom de « Lockdown files« , le journal promet de rendre compte de l’attitude du gouvernement face à la pandémie, et interroge sévèrement les réactions des divers dirigeants britanniques, parfois très légères, ou à contresens des recommandations scientifiques.
Dans ces messages, on découvre entre-autres les moqueries du ministre de la Santé de l’époque Matt Hancock, sur les comportements de tout un chacun : « Il y a quand même 149 personnes qui ont choisi d’entrer dans le pays et qui sont maintenant en quarantaine de plein gré. » Ou encore ce message, de son équipe, qui interroge s’il est possible de confiner en particulier Nigel Farage, fondateur du Parti du Brexit grimé en « hooligan de pub ».
Une impression de légèreté
Au-delà de ces moqueries, on y découvre les coulisses de certaines décisions politiques, qui, au regard des messages, dont Boris Johnson dément la véracité, donnent l’impression de décisions prises dans un intérêt très politique, éloigné des priorités du corps médical.
Selon ces documents, le ministre de la Santé n’aurait pas tenu compte des recommandations de tester systématiquement les maisons de retraite, celui-ci étant pourtant informé dès avril 2020 de cette nécessité médicale. Quatre mois plus tard, le nombre de décès dans ces lieux grimpait à 17 678.
Matt Hancock aurait également tenté de contourner le secrétaire d’Etat à l’Education Gavin Williamson pour faire fermer les écoles en décembre 2020, décrivant au passage les syndicats enseignants comme des « culs absolus ». Le gouvernement britannique aurait également modifié sa politique des masques faciaux dans les écoles en août 2020, pour notamment… éviter une dispute avec le gouvernement écossais.
Johnson fragilisé
Boris Johnson aurait quant à lui sondé le conseiller médical en chef pour le Royaume-Uni Chris Whitty sur la possibilité de confiner seulement les plus de 65 ans… sur la base d’un article de presse le suggérant. Plus grave, dans un des messages, le Premier ministre, lui-même, craint d’avoir annoncé un deuxième confinement… sur la base de données que les experts considéraient, à l’époque de ces échanges, comme fausses.
Ces messages interrogent sur la capacité du gouvernement britannique à gérer la crise du Covid-19 et relance l’enquête indépendante qui a été lancée, alors que Boris Johnson avait déjà fait l’objet de vives critiques par le passé, entraînant sa démission. Le Premier ministre avait participé et organisé plusieurs soirées pendant le premier confinement britannique.
L’affaire pose également la question du canal de communication privilégié par les dirigeants britanniques, face à une crise majeure de santé publique. « Au Royaume-Uni, peut-on gouverner sur WhatsApp ? », titrait notamment le journal Courrier international, auteur d’une revue de presse sur ces nouvelles révélations.